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En attendant les discours de campagne

Samedi 13 Février 2016 - 13:06

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Le 4 mars prochain, jour de l'ouverture de la campagne électorale en vue du scrutin présidentiel du mois en cours, le décor sera définitivement planté : les candidats qui verront leurs dossiers validés par la Cour constitutionnelle entreront en compétition, leurs équipes de campagne rivaliseront d'ardeur pour défendre les projets de société qu’ils présenteront aux Congolais pour l'occasion. Il sera donc question de discours, car une campagne électorale n'est rien sans une communication bien pensée. 

Il faut dire que l'élection présidentielle du 20 mars prochain suscite, à quelque chose près, le même engouement que celui qui se fit jour en 1992 au sortir de la Conférence nationale souveraine. Il suffit, en effet, de se rendre dans les bureaux de révision des listes électorales pour constater le défilé incessant des potentiels électeurs. Dans le même temps, certains commissariats de police à Brazzaville, peut-être est-ce la même ambiance à l'intérieur du pays, sont pris d'assaut par des hommes et des femmes à la recherche de la carte nationale d'identité, l'un des outils indispensables à la validation du vote des électeurs. Le rendez-vous est important et les enjeux considérables dans cette phase inaugurale de la nouvelle République.

1992, rappelons-le, fut l'année des premières joutes électorales de l'ère démocratique. Au regard des résultats engrangés par leurs partis respectifs, l'histoire révéla une demi-dizaine de poids lourds de la classe politique congolaise. Citons, sur cette base, Pascal Lissouba, Bernard Kolelas, Denis Sassou N'Guesso, André Milongo et Jean Pierre Thystere Tchicaya. Ajoutons à cette liste deux autres personnalités qui ne passèrent pas inaperçues, en l'occurrence Jacques Joachim Yhombi Opango et Charles David Ganao. En termes de partis politiques transformés en de véritables machines électorales, nous avions l'UPADS, le MCDDI, le PCT, le RDPS, l'UFD et le RDD.

Pourrait-on dire la même chose du rendez-vous électoral du 20 mars? Des sept leaders cités plus haut, Denis Sassou N'Guesso qui fut à l'époque le plus jeune de tous est dépositaire d'une expérience indéniable de la gestion des rapports politiques que nul autre de ses futurs probables concurrents au scrutin prochain ne possède. Dans une élection majeure dont on sait qu'il sera candidat, le président sortant aura face à lui essentiellement des adversaires qui pour certains étaient il n'y a peu encore ses proches collaborateurs. Lui et ces derniers peuvent revendiquer de se connaitre mutuellement.

À la différence de 1992, la seule machine politique en puissance reste le PCT. En plus, en effet, de ce que ce parti a le préjugé favorable d’être au pouvoir, il est théoriquement mieux organisé. On peut y ajouter le fait qu'il a sauvé ses alliances avec ses partenaires, alors qu’en même temps le futur candidat de cette famille politique croule sous les demandes pressantes de se prononcer sans attendre : MCDDI, MAR, RC, RDPS, UR, RDD, UFD, DRD, autant de formations politiques qui promettent de soutenir la candidature de Denis Sassou N’Guesso. À quoi il faut ajouter de nombreuses associations qui tiennent le même discours.

En face, l’on assiste à une multiplication des candidatures et, conséquence logique certaine, à un émiettement des suffrages chez ceux ou celles qui pourraient tout au plus se contenter de se partager bien moins de pourcentages de votes qu'ils ne l'espèrent. Et s'ils s'attachent à attaquer leur principal concurrent sur son bilan qu’ils jugeront naturellement négatif il leur faudra faire la part des choses. Certains d'entre eux pourraient avoir de la peine à ne pas répondre des échecs qu’ils voudront attribuer au gouvernement vu leur propre séjour dans les équipes qui se sont succédé à la tête de l’exécutif ces dernières années.

Et si ceux qui ne sont pas comptables du bilan ainsi livré du fait de n’avoir été de ce pouvoir mettent en avant ce seul argument, leur propre passé de gestionnaires de la chose publique à différents niveaux pourrait les rattraper. Voilà pourquoi, les candidats au scrutin présidentiel du 20 mars seraient mieux inspirés de faire appel à une bonne expertise en communication pour réussir leur discours et leur campagne électorale s'ils veulent être audibles et espérer l'emporter haut-la-main. À ce titre, projeter le Congo dans le futur pourrait valoir mieux que de l’enfermer dans des règlements de compte. Les cabinets-conseils des candidats sont avertis.

 

 

 

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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