Enfance : les associations italiennes d'adoption regrettent les flottements

Jeudi 24 Avril 2014 - 14:35

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les familles adoptantes de petits Congolais appellent Rome et Kinshasa à tout mettre en oeuvre pour sortir de la paralysie actuelle

Depuis fin décembre 2013, le dossier de l’adoption de jeunes enfants de République démocratique du Congo par des familles en Italie, évolue à pas de tango : aaprès deux pas en avant, on enregistre trois en arrière, au point que les choses donnent l’impression de ne pas avoir vraiment avancé. Depuis près de cinq mois en effet, le seul élément véritablement nouveau dans l’affaire est le coup de fil donné – s’il l’a donné – par le Premier ministre italien au président de la RDC, ce mercredi après-midi.

Twittant comme il en a l’habitude quotidiennement, Matteo Renzi avait répondu mercredi matin à une question sur l’état d’avancement du dossier : « J’ai rendez-vous au téléphone aujourd’hui avec le président Kabila, à 15h. » Associations, familles d’adoption italiennes et opinion attendent de savoir ce qui s’est ensuite dit et ce qui sera fait après ce premier contact entre les deux hommes d’État. En mars dernier, Matteo Renzi avait laissé entendre qu’il avait espéré un face-à-face avec le président congolais à Bruxelles, lors du sommet UE-UA.

Finalement, l’absence de M. Kabila à ces assises avait été vécue à Rome comme une occasion manquée de faire évoluer les choses. La promesse d’une conversation téléphonique ce mercredi relance donc tous les espoirs. Lorsque, à la fin décembre, Kinshasa avait annoncé l’arrêt de toutes les procédures d’adoption d’enfants congolais, cela avait été vécu comme un véritable drame par les quelque 24 familles italiennes déjà présentes à Kinshasa pour y prendre leurs enfants, croyant la procédure arrivée à son point de conclusion.

La décision des autorités congolaises avait suscité une vive émotion dans l’opinion. D’aucuns y avaient vu un acte d’humiliation pour Rome ; un geste de désinvolture et de non-respect de la parole donnée par Kinshasa mais aussi, soutenait une minorité, comme l’expression d’une souveraineté tatillonne peut-être mais indiscutable. La RDC qui affirmait avoir décelé de nombreuses irrégularités dans des dossiers présentés par des Occidentaux, avait annoncé qu’elle voulait vérifier l’ensemble des situations au cas par cas. Jusqu’à mercredi, donc, les choses en étaient là.

« Nous, nous soutenons Renzi et espérons que l’entretien téléphonique avec le président congolais donnera des résultats et aboutira au déblocage de la paralysie qui dure depuis des mois. » C’est ainsi que s’est exprimé Marco Griffini dans la presse italienne de mercredi. Président de l’association AI.BI, association italienne des amis des enfants, Griffini estime qu’il faut tout faire pour que les familles italiennes puissent enfin embrasser les enfants restés trop longtemps au Congo.

AI.BI espère que la situation va rapidement se débloquer. « D’autant qu’il n’existe vraiment aucun obstacle, tous les dossiers étant aux normes », affirme Marco Griffini. Avec deux autres associations italiennes bien impliquées dans cette affaire, les ONG notent que les choses évoluent trop en reculant. Griffini note par exemple comme « très positif » le fait que Kinshasa ait lancé une opération de vérification auprès de tous les orphelinats et centres d’enfants du pays. « C’est une marque de volonté qui va dans la bonne direction, dans un souci évident de transparence pour tout le système des adoptions de RDC. »

La RDC voudrait également aller vers la création d’une autorité centrale des adoptions. Ce que les humanitaires italiens saluent comme une volonté manifeste d’assainir un système où le bon se mêle au moins bon. Mais ce climat général contraste, par exemple, avec le fait qu’ait été annulée, « au dernier moment » soulignent les ONG, la visite qu’une délégation de Kinshasa devait effectuer auprès d’enfants congolais adoptés à l’étranger « dans divers pays comme les États-Unis, la France, la Belgique ou l’Italie ». En somme, ce dossier vit de petits espoirs et de grandes incertitudes.

Lucien Mpama