Enjeux de l’heure : la commission électorale coréenne récuse à son tour la machine à voter

Mercredi 11 Avril 2018 - 13:00

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Dans un communiqué publié le 10 avril, l’institution électorale coréenne déclare n'apporter ni "soutien officiel" ni aucune "garantie" à son homologue congolais qui tient mordicus à utiliser des engins de fabrication coréenne pour les élections cruciales du 23 décembre.

Alors que les choses semblent baigner dans l’huile au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui, à tout prix, tient à respecter son calendrier électoral devant déboucher sur la tenue, le 23 décembre, des élections présidentielle et législatives, la controverse que suscite de plus en plus la fiabilité des machines à voter risquerait de compromettre la suite du processus.

Après les mises en garde du gouvernement coréen et de sa représentation diplomatique à Kinshasa qui ont émis des doutes quant à la performance de ces outils qui n’avaient pas vocation à être exportés, c’est au tour de la Commission électorale de la République de Corée du sud (NEC) de faire entendre sa voix. Cette institution a tenté, via un communiqué publié le 10 avril, de dissuader la Céni à ne pas incorporer ces machines à voter dans son cycle électoral, en égrenant une série d’arguments techniques pour justifier sa prise de position. « La NEC a exprimé de sérieuses inquiétudes à propos de l'introduction obligatoire [de ces machines] en RDC malgré la situation politique instable et un environnement vulnérable, dont de faibles infrastructures électriques et l'état des routes, le fort taux d'illettrisme et le climat tropical qui peut conduire à un mauvais fonctionnement des machines », peut-on lire dans ce communiqué de la centrale électorale sud coréenne.

Face à l'obstination de la Céni à utiliser coûte que coûte ces engins malgré les mises en garde répétées, la NEC s’est décidée de jouer au Ponce Pilate, prenant ses distances vis-à-vis d’un processus électoral congolais qui ne rassure guère. D’où sa décision de n'apporter « aucun soutien officiel ni aucune garantie au projet d'introduire un système de vote par écran tactile [TVS] pour l'élection présidentielle en RDC prévue pour décembre 2018 ».

Prévenir les risques de fraudes massives

À la suite des diplomates dont des officiels des États-Unis, tout comme de nombreuses personnes en RDC, la NEC redoute que l'introduction de ces machines puisse augmenter les risques d'élections frauduleuses. L’autre appréhension tient au fait que les électeurs en zone rurale, peu familiers de nouvelles technologies, auront du mal à se servir de ces outils. Ce qui donnerait le champ libre à toute forme de manipulation pouvant facilement entraîner le tripatouillage des résultats.  Du côté de la Céni, la sérénité reste toujours de mise.

Nonobstant les différentes oppositions qui s’expriment contre ces machines commandées auprès du fournisseur sud-coréen Miru System et dont l’utilisation devrait réduire le coût et la logistique des élections, la Céni poursuit son déploiement en provinces au fur et à mesure qu’elles sont réceptionnées par ses services. Et pour en finir avec la polémique qui ne cesse d’enfler autour de l'efficacité de ces machines, la Céni a finalement lancé un appel d’offres pour leur certification. En attendant qu’un expert en la matière puisse se prononcer, la dynamique électorale mise en place se poursuit. Rappelons qu’il s'agit, en fait, de « machines à choisir la photo des candidats sur un écran tactile et à imprimer les bulletins » qui doivent être glissés dans l'urne. Un procédé qu’une certaine opinion juge plutôt laborieux, tout en insistant pour un retour aux bulletins papiers plus transparents et plus crédibles. Dossier à suivre.

Alain Diasso

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