Enjeux politiques : désamour total entre Joseph Olenghankoy et Bruno Tshibala

Mardi 22 Mai 2018 - 19:15

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Les faits et gestes qui rythment désormais les rapports interhumains entre les deux personnalités renseignent sur l’état de leur relation qui, actuellement, est au plus bas niveau.  

En un clin d’œil, les deux grands alliés d’hier ont laissé s’étioler comme peau de chagrin le capital-confiance qui cimentait autrefois leur rapprochement, au nom du repositionnement politique. Depuis Genval qui a vu naître le Rassemblement des forces politiques et sociales acquis au changement, tout baignait dans l’huile. Malheureusement, les intérêts politiques sur fond de compromissions ont vite eu raison de leur proximité du reste circonstancielle. Les balbutiements de l’UDPS après le décès de son mentor, Etienne Tshisekedi, ont fait éclore des ambitions difficilement maîtrisables de part et d’autre. Les deux acteurs politiques y ont vu une belle opportunité pour réaliser leurs desseins politiques longtemps étouffés. L’éclatement de ce grand parti historique en deux ailes dont l’une basée à Limete et l’autre à Kasa-Vubu répondait à un besoin ressenti d’affranchissement du carcan de la précarité, question de s’assurer des lendemains meilleurs.

Cette politique d’autruche a fini par payer car, dans la redistribution des cartes qui s’en est suivie après les concertations du Centre interdiocésain ayant accouché de l’accord de la Saint-Sylvestre, l’opposition incarnée par le Rassemblement et l’UDPS/Kasa-Vubu a eu gain de cause. Président du Comité des sages du Rassemblement, Joseph Olenghankoy fut nommé à la tête du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre (CNSA) et Bruno Tshibala prenait les rennes du gouvernement. Visiblement, personne d’entre eux ne devrait se plaindre, puisque bien servi par un pouvoir qui, pour sa crédibilité, tenait à impliquer l’opposition dans la gestion de la res publica, au nom d’une gestion consensuelle de la transition après le raté des élections de 2016.

Une anguille sous roche ?

Mais d’où est venue alors la froideur qui, aujourd’hui, caractérise les relations entre les deux hommes ? La question vaut son pesant d’or. L’inimitié qui s’est installée entre les deux personnalités est telle qu’il y a bien anguille sous roche. Non seulement qu’elles s’évitent dans les cérémonies publiques mais en plus, prennent plaisir à se lancer des pics par médias interposés. Poussant l’outrecuidance à l’extrême, les proches de l’une et l’autre prestant soit à la primature ou encore au CNSA, sont sujets au mépris, au rejet et même à l’indifférence. Est-ce à dire que le deal passé entre eux avant d’être promus dans ces deux institutions n’a pas été respecté ? Et si cela est vrai, qui a trahi qui ?  

Usant de ses prérogatives en tant que président du CNSA, Joseph Olenghankoy a récemment tranché le litige opposant les deux fractions de l’UDPS en prenant faits et cause pour l’aile Limete de Félix Tshisekedi. Sans ambages, il a prié l’UDPS/Kasa-Vubu de se délester du sigle UDPS pour se trouver une autre appellation. Ressentie comme une provocation, cette décision est contestée par Bruno Tshibala et ses affidés qui dénient à Joseph Olenghankoy le droit de s’ériger en censeur sur le fonctionnement des partis politiques. Qu’à cela ne tienne. Le CNSA a tout de même établi sa liste de partis et regroupements politiques opérant en RDC, ignorant superbement l’UDPS/Kasa-vubu. Bien que garant du processus électoral, qualité qui lui est conférée au terme de l’accord de la Saint-Sylvestre, le CNSA a vu son autonomie être battue en brèche à la suite de l'entrée en selle du ministère de l’Intérieur qui a, lui aussi, sa propre lecture des faits. Aussi, pour ne léser personne dans ce qui paraît comme une guerre de tranchées, l’option a été prise de prendre en compte toutes les sensibilités que compte l’UDPS.

Jusqu’où ira Olenghankoy dans son obstination à vouloir écarter l’UDPS/Kasa-Vubu du jeu électoral lorsqu’on sait que Bruno Tshibala passe pour un pion majeur dans le processus de déstabilisation de ce parti historique ? Politiquement, l’animosité qu’entretiennent actuellement les deux leaders politiques ne s’explique pas puisque tous deux se réclament d’Étienne Tshisekedi et doivent leur ascension politique à leur appartenance au Rassemblement. Ce qui fait dire à certains que le retour de l’ascenseur ne s’est pas bien négocié, l’un soupçonnant l’autre de se servir seul à la mangeoire, sans effet retour. Qui dit mieux ?         

Alain Diasso

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