Enquête internationale sur le Kasaï : la résolution du Conseil des droits de l‘Homme attendue ce jeudi

Jeudi 22 Juin 2017 - 16:00

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Une fois adoptée, cette résolution pourrait constituer une piste de solution efficace susceptible de mettre un terme à l’insécurité qui prévaut dans la région dans une perspective de restauration intégrale de la paix longtemps hypothéquée. 

La 35e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies se poursuit à Genève en Suisse sur fond d’une grande controverse autour de l’envoi en RDC d’une commission d’enquête internationale chargée de faire la lumière sur les exactions commises au Kasaï, lesquelles exactions ont coûté la vie, au mois de mars, à deux experts de l’ONU. Cette problématique a été au centre des discussions avec, d’un côté, un camp soutenant le plaidoyer congolais privilégiant une enquête initiée par la justice locale appuyée par l‘ONU, et de l’autre, un groupe favorable à la mise en place d’une enquête internationale. Autant dire que la question du Kasaï divise les Etats participant à la 35e session du Conseil où le gouvernement congolais est placé, comme qui dirait, au banc des accusés.

Sans ambages, la ministre des Droits humains, Marie Ange Mushobekwa a, dans son intervention, réitéré la position officielle de la RDC qui veut garder le leadership de cette enquête pour n’accepter qu’un appui technique de l’ONU. Le gouvernement congolais, a-t-elle déclaré, « accepte d’accueillir sur son sol une équipe d’enquêteurs des Nations unies venant en appui à la justice congolaise», tout en précisant que « cet appui sera technique et/ou logistique », et que la justice congolaise gardera le leadership de ces enquêtes. Une position qui est loin d’être partagée par d’autres Etats membres qui soutiennent le plaidoyer du haut-commissaire pour le déploiement d’une enquête internationale indépendante en RDC. Tel est notamment le cas de la France qui milite pour une résolution robuste contre la RDC autorisant l'envoi d'une enquête internationale pour faire toute la lumière sur les violations graves, notamment sur l'existence de plus de quarante fosses communes. Le Royaume-Uni aussi s’est prononcé en faveur d'une enquête internationale indépendante en RDC.

Solidaires, les Etats africains ont fait chorus quant à la nécessité de privilégier les juridictions nationales dans la conduite de cette enquête à l‘instar de l’Egypte qui a encouragé la RDC à poursuivre ses enquêtes. Il faut épuiser les recours à travers des mécanismes nationaux avant de prendre d'autres mesures, a indiqué le délégué égyptien à ces assises pendant que d’autres représentants africains ont préféré mettre plus d’emphase sur les efforts du gouvernement à mettre fin à la crise dans le Kasaï. Malheureusement, ces efforts ont été volontairement passés sous silence par la communauté internationale qui aurait un agenda caché dans le dossier kasaien, se convainquent un certain nombre d’Africains.

Le Botswana s’est dit encouragé par l’engagement du gouvernement à mener des enquêtes et à travailler avec le Conseil des droits de l’Homme. Le Togo s’est félicité des mesures diligentes prises par le gouvernement pour faciliter les enquêtes sur les abus commis au Kasaï, avec l’assistance de la Monusco. Le Soudan a salué les efforts du gouvernement congolais visant à diligenter des enquêtes sur les violations des droits de l’Homme, ainsi que la mise en place d’une commission nationale. D’une manière générale, les Etats africains se sont montrés solidaires vis-à-vis de la RDC tout en dénonçant l’ingérence de l’ONU dans les affaires intérieures du pays ainsi que la politisation des droits de l’Homme par le Conseil.

Sauf changement, c’est ce 22 juin que la résolution du Conseil des droits de l’Homme sur les violences au Kasaï est attendue. Une fois adoptée, cette résolution pourrait constituer une piste de solution efficace afin de mettre un terme à l’insécurité dans la perspective de la restauration intégrale de la paix au Kasaï.

 

     

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Marie Ange Mushobekwa

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