Enseignement supérieur et universitaire : le mouvement de grève se radicalise

Mardi 16 Juillet 2013 - 19:00

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Des étudiants en furie boudent la démarche de leurs assistants qui refusent de les encadrer pendant la tenue de la première session de juillet. Leur manifestation va quelquesfois au-delà du site universitaire au point de perturber l’ordre public.   

La situation n’a pas beaucoup évolué dans les universités et établissements d’enseignement supérieur, tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays, depuis que le corps scientifique est entré en grève. Assistants et chefs des travaux, qui n’ont plus le cœur à l’ouvrage, réclament des augmentations salariales auprès du gouvernement qui semble minimiser la portée de leur démarche. Après plusieurs jours d’arrêt de travail et face à l’immobilisme du ministre en charge du secteur, les membres du collectif des syndicats d’où sont affiliés les grévistes ont tenu dernièrement à rencontrer le Premier ministre afin de lui exposer de vive voix leurs revendications. En lieu et place du concerné, c’est son directeur de cabinet qui s’est improvisé pour les recevoir. Ce qui n’a pas été du goût des syndicalistes qui ont promis d’y revenir. Entre-temps, la situation sur le terrain s’est nettement détériorée.

À l’Université de Kinshasa, des étudiants en furie protestent toujours contre l’interruption des activités académiques au sein du campus en cette période des examens de la première session. Ils s’en prennent aux assistants et chefs des travaux qu’ils considèrent comme responsables de cette situation de fait tendant à hypothéquer leur avenir. Face à une résistance de la communauté estudiantine qui n’obtempère pas à leur injonction de sécher les auditoires, les assistants tentent de leur obstruer  l’entrée dans certaines facultés. En l’absence des assistants grévistes, les professeurs eux-mêmes assurent la surveillance des examens parfois au-delà des heures requises.  Nonobstant les récriminations des étudiants qui espèrent que les grévistes pourront revenir à la raison, ces derniers restent de marbre, toujours peu disposés à reprendre le chemin des auditoires.

Même situation ou même pire à l’Université pédagogique nationale où la première session a été carrément suspendue suite à une escalade de violence perpétrée par les étudiants dans la matinée du 15 juillet. Se retrouvant seuls dans les auditoires sans la présence des assistants et chefs des travaux censés superviser les épreuves, les étudiants sont sortis furieux des auditoires s’en prenant à tout ce qui était à leur portée. Les membres du corps scientifique présents sur le site regardaient la scène sans broncher irritant davantage les étudiants qui n’avaient pas encore digéré le décès d’un de leur renversé sur la route de Matadi alors qu’il traversait la chaussée. La mort de cet étudiant de première licence en relations internationales avait rajouté à la confusion dans cet établissement supérieur jusqu’à l’incursion sur les lieux des forces de police. Coups de feu et gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser les manifestants.

Au même moment à l’Institut supérieur de commerce  et à l’Institut supérieur des techniques appliquées, des étudiants en furie ont manifesté contre la grève du personnel académique non sans perturber l’ordre public. À l’IBTP et à l’ISP/Gombe, les examens se déroulent dans un climat de tension sur fond d’un dysfonctionnement qui en relativise la crédibilité. Des dégâts matériels importants ont été signalés sur ces différents sites. Certains étudiants ont perdu leurs effets pendant que d’autres ont été violentés avant d’être arrêtés. Certaines indiscrétions laissent entendre que quelques étudiantes ont été violées dans la foulée des échauffourées. Entre-temps, le gouvernement via son ministre en charge du secteur reste silencieux. Les assistants et chefs des travaux auxquels se sont joints les membres du personnel administratif n’entendent pas baisser les bras en si bon chemin. Ils déclarent poursuivre leur mouvement de grève jusqu’à amener le gouvernement à répondre favorablement à leur requête.   

Pour rappel, cette grève a débuté depuis le 1er juillet à l’appel du Collectif des syndicats et associations des enseignants du corps scientifique de l’enseignement supérieur et universitaire. Le personnel scientifique réclame la réduction des écarts de salaire avec les professeurs et l’inscription de nouvelles unités sur les listings de paye.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une vue de la faculté de polytechnique de l'université de Kinshasa