Entrepreneuriat: un groupe de jeunes congolais transforme les moments de détente en opportunité d’affaires

Dimanche 29 Avril 2018 - 19:47

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L'afterwork, vous connaissez ? C'est un concept anglo-saxon qui consiste à partager un verre entre collègues après le travail. Au Congo, grâce à un groupe de jeunes épaulé par Tanguy Zoungani, passionné du numérique, ces simples moments de détente sont devenus des opportunités d’affaires. Nous sommes allés à la rencontre de Tanguy Zoungani pour en savoir plus. Entretien.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Pouvons-nous savoir qui est Tanguy Zoungani ?

Tanguy Zoungani (T.Z.) : Je suis un Congolais passionné du numérique, du management du changement et de la communication, diplômé (MBA) de Anglia Ruskin Université de Londres, ingénieur commercial et communication, chef de famille. J’ai travaillé pendant neuf ans dans le secteur des technologies mobiles avant de rejoindre, il y a deux ans, l’entreprise Suzy Consulting, un cabinet conseil en management et formation. Je pilote le Club de rencontres d’affaires Congo et je promeus l’intelligence collective et collaborative.

L.D.B. : Vous êtes à la tête d’une plate-forme sous le label « Crac », de quoi s'agit-il ?

T.Z. : Le Club de rencontres et d’affaires du Congo (Crac) est une plate-forme cognitive d’affaires offrant aux entrepreneurs, entreprenants, porteurs de projets, dirigeants d’entreprises et étudiants la possibilité d’étoffer leur réseau, élargir leur carnet d’adresse, créer des opportunités d’affaires, échanger, partager, promouvoir l’entrepreneuriat. Il est aussi inscrit dans l’optique de rendre visible et promouvoir le climat des affaires, d’accompagner les entrepreneurs dans la création de leurs réseaux professionnels. Nous voulons créer et maximiser les bénéfices de la mise en relation des potentiels partenaires d’affaires (B to B) et (B to C) dans un climat de détente Afterwork.

L.D.B. : D’où est partie l’initiative ?

T.Z. : L’initiative est partie d’un simple constat d’entrepreneur. Dans notre pays le Congo, toutes les conditions sont réunies pour que les entrepreneurs, demandeurs d’emploi, porteurs de projets, etc., émergent. Mais le nœud et les difficultés rencontrées sont l’accès à l’information, l’absence de réseau sinon un réseau pas assez large, l’absence de plate-forme de Networking, la montée en puissance des divertissements et loisirs de la jeunesse (les débits de boissons, boîtes de nuit) après le boulot. Nous nous sommes dit que ce temps que nous perdons à ces différents endroits pouvait être capitalisé.

Dans un autre angle, certains dirigeants et chefs d’entreprises chez nous, par leurs fonctions, sont très inaccessibles ou ne peuvent pas, à leurs lieux de travail, nous accorder énormément de temps. A ce moment, nous avions réalisé qu’il fallait donc une plate-forme où nous nous réunirions tous les mois autour d’une même table et d’un même buffet. Nous avons ainsi pensé aux afterwork, des moments de détente après le boulot, dans une ambiance conviviale et sans protocole. Nous y avons rajouté du contenu (thème, débat, tour de table, partage d’expérience pour détecter des modèles, faire émerger des champions, mettre en relation pour enfin susciter des opportunités à tous les niveaux).

L.D.B. : Quand a été créé le Crac et pour quel but ?

T.Z. : Au Congo, le Crac a été officiellement lancé le 24 août 2016. Son but principal est la synergie en prônant l’intelligence collectrive pour stimuler les acteurs à changer le monde autour d’eux. Il s'agit de soutenir l’écosystème entrepreneurial et d’accompagner le développement des entreprises de croissance dans le pays; encourager l’échange, le partage d’expérience et l’activité de mentorat entre entrepreneurs; développer l’esprit d’entreprise auprès des étudiants et porteurs de projets congolais via les différentes thématiques abordées; promouvoir le réseautage d'affaires, l’éthique et la conformité dans le management et la gouvernance des entreprises.

L.D.B. : Quels sont les avantages pour les participants ?

T.Z. : Les avantages sont multiples et sur plusieurs angles, la plupart de nos participants parviennent à générer un business; profiter d’un point de vue différent; apprendre de l’expérience des autres; partager leurs difficultés avec leurs pairs; apprendre à bien communiquer sur leur business; rester connectés avec les nouveautés et la passion; créer un réseau et développer des contacts. Pour un chef d’entreprise ou directeur des ressources humaines, cela peut être l’occasion de détecter une perle rare et recruter. Pour les étudiants finalistes, lever certaines objections et appréhensions sur le monde professionnel. Pour les porteurs de projets, captiver l’attention ou faire adhérer à un investissement participatif. Pour les apporteurs d’affaires et commerciaux, participer à nos rencontres est pour eux une occasion de faire de la prospection intelligente avec une cible donnée, faire partie d’un réseau de plus sept cent cinquante profils professionnels entre Pointe-Noire et Brazzaville.

L.D.B. : Vous existez depuis trois ans maintenant, quel bilan faites-vous de ces échanges ?

T.Z : Le bilan est positif, dans la mesure où, hier, personne n’accordait de l’importance à cette activité. Toutefois, nous n’avons pas baissé les bras, bien au contraire, nous avons tenu tout ce temps en travaillant le contenu. Aujourd’hui avec la conjoncture de crise, l’importance du réseautage et la nécessité d’avoir un carnet d’adresse étoffé ne sont plus à démontrer.  De plus en plus, le club s’élargit, de nouveaux adhérents chaque jour, deux mille à présent avec des demandes de rencontres simultanées. La toute dernière rencontre a eu lieu en février, à Pointe-Noire.

L.D.B .: A quelles réalisations vous vous attendez dans dix ans, par exemple ?

T.Z. : Notre vision est que notre pays ne soit plus celui  des individualismes, que l’intelligence collective et collaborative soit notre leitmotiv pour permettre de construire un écosystème de donneurs d'ordres, d'entrepreneurs, d'investisseurs et de partenaires valorisant une économie créatrice de croissance durable. Permettre aux membres de dépasser l’essentiel des freins à l’entrepreneuriat (trésorerie, isolement administratif, formation, couverture sociale, accès au financement…). Dans dix ans, nous rêvons d’être le plus grand réseau indispensable d’entrepreneurs et d’affaires de la sous-région, afin d’ouvrir nos membres à l’internationalisation.

Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Photo1:Tanguy Zoungani, à l'extrême droite, en compagnie de deux membres de son staff Photo2: Une vue des participants lors d'un after-work organisé par le Crac, à Pointe-Noire

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