Environnement : le gouvernement compte lever le moratoire forestier

Mercredi 15 Novembre 2017 - 19:38

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Le ministre chargé du secteur aurait ouvertement affirmé l'ambition lors d’une activité tenue le week-end dernier à Kinshasa.

L'intention du ministre de l'Environnement et du développement durable, Amy Ambatobe, a été dévoilée au cours d'un atelier du lancement du processus de la levée du moratoire forestier, le 10 novembre dernier. Pour le ministre cité dans la presse, la levée de cette mesure viserait « à garantir la gestion durable des ressources forestières et spécifiques, à collecter et analyser les données pertinentes sur les conditions de la levée du moratoire, à amorcer les consultations entre parties prenantes concernées et à évaluer les acquis déjà enregistrés ».

Mais, note-t-on, la levée de ce moratoire reste jusque là suspendue à trois conditions que sont la publication des résultats définitifs du processus de conversion des titres, la résiliation effective des titres non convertis ainsi que l’adoption d’une programmation géographique des futures allocations. Citant les experts du ministère, la source note que les deux premières conditions ayant déjà été réalisées, il ne reste plus que la troisième qui est l’adoption d’une programmation géographique des futures allocations.

Déjà, des voix se sont levées pour condamner cette position du gouvernement. Dans une déclaration signée à Bonn, en Allemagne, en marge des travaux de la Cop 23, des ONG internationales œuvrant dans le domaine de l’environnement dont Global Witness, Rainforest Foundation Norvège, Rainforest Foundation UK, Greenpeace et le Réseau des ressources naturelles se sont attaquées à cette perspective envisagée par l'exécutif national. Ces organisations ont relevé qu’une expansion de l’exploitation industrielle après la levée du moratoire provoquerait un raz-de-marée de destruction environnementale, d’abus sociaux et de corruption, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer dont une augmentation significative des émissions de gaz à effet de serre.

Dans le cadre du respect de ce moratoire, les autorités congolaises ont annulé, au mois de juillet dernier, cinq contrats d'exploitation forestière pour avoir été attribués en violation du moratoire de 2002 sur l'octroi de nouvelles concession forestière. "Les contrats concernés ont été attribués en violation de la loi fixant les modalités de conversion des anciens titres forestiers en contrats de concession forestière, du moratoire en matière d'octroi des titres d'exploitation forestière et de la procédure d'attribution des concessions forestières", avait écrit en son temps le ministre Ami Ambatobe. 

Ces cinq contrats illégaux annulés avaient été passés entre septembre et novembre 2016 par un ancien ministre de l'Environnement, Robert Bopolo, avec des sociétés de droit congolais. Ce dernier avait, à son tour, annulé en octobre 2016, trois contrats attribuant des concessions forestières à deux sociétés chinoises. Le ministre avait également relevé "l'illégalité" qui entourait ces contrats. Pour les ONG, la peur est que la fin de ce moratoire signe le debut d'un regime de non-droit où il est signalé à charge de chaque autorité qui passe à la tête de ce secteur, des actes contraires aux textes qui le regissent.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Exploitation forestière en RDC

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