Environnement : les forêts africaines en danger

Vendredi 4 Octobre 2019 - 15:45

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Avec plus de 240 millions d’hectares de couvert forestier, l’Afrique abrite dans sa partie centrale la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, après l’Amazonie et avant la Papouasie-Nouvelle Guinée. Mais selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la forêt humide ne couvrirait en Afrique que 37% de son hypothétique superficie "initiale". 

Deux cent vingt millions d'hectares de forêt se trouvent dans le bassin du Congo.  Et ici aussi, les arbres sont en danger. Une photo laisse penser que la situation est aussi grave en Afrique qu'en Amérique latine. Elle montre qu'en Afrique aussi les risques pour la forêt sont importants même si le phénomène n'est pas tout à fait comparable. Les incendies en Afrique centrale sont "très peu comparables à l'Amazonie" , car ils ne frappent pas les mêmes écosystèmes : les incendies en Amazonie ont lieu dans les zones déforestées ou "des forêts humides", alors que ceux en Afrique centrale touchent essentiellement des écosystèmes agricoles, explique Guillaume Lescuyer, spécialiste de l’Afrique centrale au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) .

"Les zones de forêts humides en Afrique centrale se trouvent dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC), du Gabon au sud du Cameroun", renseigne-t-il. Or, les zones de feu que l’on observe sur la carte ne sont pas dans cette zone, plutôt en Angola, en Zambie. Cependant, la forêt africaine est menacée à la fois par le développement de l'agriculture, la démographie, que l'amélioration des voies de circulation qui permettent de pénétrer les forêts, ainsi que par les investissements industriels. Tous ces facteurs, se conjuguent pour menacer les quelque quatre millions de km² du bassin du Congo et ses deux cent vingt millions d’hectares de forêt.

La forêt du bassin du Congo victime de la prédation des grandes entreprises

"La forêt du Bassin du Congo, qui s’étend sur six Etats (Cameroun, Centrafrique,  Congo, Gabon, Guinée équatoriale et RDC), est victime de la prédation de grandes entreprises qui sont sans véritables contrôles. Contrairement à l’Amazonie, en Afrique centrale la déforestation est surtout réalisée par des entreprises étrangères et accessoirement par les agriculteurs locaux. La Chine, la Russie et des Etats asiatiques sont accusés de vastes plans de déforestation pour des cultures d’exportation, comme le palmier à huile et pour des exploitations minières", écrit Le Monde Afrique. 

Inquiet de la situation, le président de RDC, Félix Tshisekedi, affirmait fin août : "Au rythme actuel d’accroissement de la population et de nos besoins en énergie, nos forêts sont menacées de disparition à l’horizon 2100". Mgr Fulgence Muteba, pour sa part, s'indigne de "l'exploitation anarchique, (sans) appliquer les exigences du code forestier… On laisse partir, comme ça, tout un patrimoine à cause de la corruption, à cause de la léthargie des responsables politiques. Il y a une exploitation vraiment irresponsable !".

Afrique occidentale : la forêt a perdu 85% de sa superficie initiale

Dans cette sous-région, on note une forte pression sur la forêt. "Au début du mois de février, le gouvernement de la République démocratique du Congo a autorisé deux entreprises forestières chinoises à exploiter 650 000 hectares de forêts en violation des lois du pays. Ces forêts sont censées être protégées de l'exploitation industrielle par un moratoire adopté en 2002", a dénoncé Greenpeace.

En ce qui concerne les forêts tropicales africaines, les situations varient assez fortement d'une région à l'autre. "Le taux annuel de déboisement serait de 0,4 à 0,6% en Afrique centrale et la forêt recouvrirait encore plus de la moitié de sa surface initiale. En revanche, la déforestation dépasse 2% par an en Afrique occidentale, la forêt ayant perdu 85% de sa superficie initiale", indique Pierre Jacquemot, chercheur associé à l'IRIS, ancien ambassadeur de France. 

Comme pour le soja au Brésil, le cacao africain est essentiellement destiné aux pays développés et fait vivre une nombreuse population. "Le secteur du cacao fait vivre des centaines de milliers d’Africains", note National Geographic, reconnaissant la difficulté de concilier forêt et exploitation agricole. 

Initiatives internationales pour les forêts d'Afrique

Le président français, Emmanuel Macron, entend agir en Afrique en s'appuyant sur l'Initiative pour les forêts d'Afrique centrale (Cafi) lancée en 2015. Le Congo devrait bénéficier, dans ce cadre, d'une aide de soixante-cinq millions de dollars. "L'accord prévoit notamment la mise en œuvre de plans d’utilisation des sols favorisant la protection et la gestion durable des tourbières de la République du Congo, en interdisant tout drainage et assèchement", précise la Cafi. Pour tenter de résoudre les conflits d'intérêts dans les pays disposant d'importantes forêts, la communauté internationale (les pays riches en particulier) essayent de construire des solutions qui permettent aux pays pauvres de vivre de leurs forêts en les défendant. Des initiatives ont été prises lors des sommets sur le climat pour tenter de valoriser les pays qui défendent leurs forêts. La Banque mondiale présente des initiatives (complexes) destinées à financer les pays qui font cet effort. 

Noël Ndong

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