Environnement : quand le réchauffement climatique s’accélère au Pôle Sud

Jeudi 2 Juillet 2020 - 20:57

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Le Pôle Sud n’est plus à l’abri du réchauffement climatique. La température y a augmenté trois fois plus vite que la moyenne mondiale ces trente dernières années, en raison de phénomènes naturels probablement intensifiés par le changement climatique. C’est ce que révèle une récente étude publiée dans la revue internationale «Nature Climate Change ».

 

L’Antarctique est marqué par une variabilité climatique extrême, avec de fortes différences entre les côtes et l'intérieur du continent, notamment le plateau glacé où se trouve le Pôle Sud. Ainsi, la majeure partie de l'Antarctique occidental et de la péninsule antarctique ont subi un réchauffement et une fonte des glaces dans la deuxième moitié du 20e siècle. Dans le même temps, au contraire, le Pôle Sud s’est refroidi. Au moins jusque dans les années 1980, avant que la tendance ne s’inverse, comme le montre l’étude parue dans la revue « Nature Climate Change ».

Avec +0,61°C par décennie, entre 1989 et 2018, la température enregistrée sur la base Amundsen–Scott, au Pôle Sud géographique, a augmenté plus de trois fois plus que la moyenne mondiale, indiquent les chercheurs. Un résultat qui les a surpris. « On croyait que cette partie de l’Antarctique, le haut plateau isolé serait à l’abri du réchauffement. Nous avons découvert que ce n'était plus le cas », a expliqué l’un des auteurs de l’étude. Mais le réchauffement de la planète lié aux émissions de gaz à effet de serre produites par les activités humaines n’est pas nécessairement responsable, en tout cas pas tout seul. Le mécanisme premier ayant conduit à ce réchauffement rapide du Pôle Sud, où la température est en permanence largement sous 0°C (moyenne annuelle autour de -49°C), est lié à un réchauffement dans la zone tropicale de l’océan pacifique occidental. Ce qui a entrainé une baisse de la pression atmosphérique dans la mer de Weddell et poussé de l’air chaud vers le Pôle Sud, selon l’étude.

Les côtes de l’Antarctique et la calotte glaciaire en danger

Même si les modèles climatiques montrent qu’il n’est pas impossible que le rythme de réchauffement de 0,61°C par décennie se soit produit naturellement, c’est très improbable, insiste Kyle Clem, un des auteurs de l’étude, qui précise que sur +1,8°C en 30 ans au Pôle Sud, ces modèles attribuent +1°C au changement climatique provoqué par l’Homme.

Pour les auteurs de l’étude, le vrai message est qu’aucun lieu n’est à l’abri du changement climatique. Ces derniers s’inquiètent surtout pour les côtes de l’Antarctique et la calotte glaciaire. « Les effets du changement climatique s’y font sentir depuis longtemps et la contribution du continent au réchauffement et à l'augmentation du niveau de la mer pourrait devenir catastrophique », poursuivent-ils. La fonte des calottes du Groenland et de l’Antarctique sont déjà la principale source de la hausse du niveau des océans. Mais l’avenir des régions côtières et de leurs millions d’habitants dépend surtout de l’énorme masse de glace recouvrant l’Antarctique occidental. Et cela concerne la planète entière.

Boris Kharl Ebaka

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