Environnement : un groupe d’experts préconise de faire évoluer l’approche de l’Afrique lors des réunions climatiques

Vendredi 26 Octobre 2018 - 21:29

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A près d’un mois de la COP24 qui se tiendra du 2 au 14 décembre dans la ville de Katowice, en Pologne, les réunions « pré-COP24 » se multiplient un peu partout sur la planète. Le continent africain n’est pas en reste puisque c’est celui qui est le plus vulnérable aux changements climatiques et celui qui subit les effets adverses des sécheresses, des inondations, des glissements de terrain, du stress hydrique, de l’insécurité alimentaire et d’autres effets secondaires de ce changement climatique.

Au cours d’une réunion organisée par le centre pour les sciences et l’environnement de l’Union africaine, qui s’est tenue récemment à Zanzibar, il a été débattu du rôle et de la place de l’Afrique lors des négociations climatiques internationales à l’instar de la COP24.

De cette rencontre, il en est ressorti plusieurs points, notamment que la position du continent se voit par moment mise à mal par toute une série de défis dont des contraintes budgétaires, un déficit de compétences, l’absence de volonté politique, tant à l’échelle nationale que continentale et le fait que la position de négociation de l’Afrique est dans certains cas reléguée à un second plan par les préoccupations plus larges du groupe G77+Chine, entre autres défis. Il a été, par exemple, souligné que le Groupe de négociateurs africain (GNA), qui réunit des délégués de tous les pays du continent, représente les intérêts de l’Afrique aux négociations climatiques mondiales, sous la direction de l’Assemblée de l’Union africaine, du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur le changement climatique et de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement, avec le soutien financier et technique d’agences comme le Centre africain pour la politique en matière de climat, l’initiative Climat pour le développement de l’Afrique (ClimDev-Afrique) et la Banque africaine de développement. Ce groupe comme l’a pointé un participant, est composé des mêmes  négociateurs au cours des vingt dernières années, laissant peu d’espace aux personnes dotées de façons de penser et d’idées novatrices, capables de porter les négociations au stade suivant. « Pour renforcer sa position, l’Afrique se doit de préparer un nouveau réservoir d’étudiants brillants, capables d’injecter de nouvelles approches et façons de penser, et de stimuler la position de négociation du continent », a indiqué cet expert au cours de la réunion.

Un autre expert a reproché aux pays africains, à l’instar d’autres pays moins avancés, de traiter les « COP » comme une occasion de demander des subventions pour l’atténuation du changement climatique, au lieu de mesures de prévention d’une nouvelle augmentation des températures mondiales ou de réduction de la pollution en provenance des pays riches.

Harsen Nyambe, directeur de la division Environnement et changement climatique de l’Union africaine, ne partage pas les avis émis par les experts environnementaux. Selon lui, les négociateurs qui représentent le continent possèdent à la fois la capacité et les compétences requises à cette fin et sont souvent un exemple pour d’autres pays en développement. Ce dernier est aussi fortement en désaccord avec le point de vue exprimé par un expert selon lequel il conviendrait pour les pays africains de négocier sous forme de blocs plus réduits, voire en tant que pays individuels, dès lors qu’il y aurait, selon lui, des prises de positions divergentes et que personne ne parviendrait pas à faire pression collectivement et à parler d’une seule voix.

Actuellement, l’Afrique envoie dix négociateurs, en moyenne, dont un négociateur en chef, pour chacune des trente thématiques abordées aux COP. Autrement dit, quelque trois cents experts prennent la parole aux différents forums, d’après le porte-parole et ancien négociateur en chef du GNA, Seyni Nafo.

Mais tous les participants ont convenu que le principal défi est d’ordre financier, a fortiori lorsqu’il s'agit d’aider les pays africains à investir dans des programmes d’atténuation et d’adaptation robustes, et qui aient en même temps une assise scientifique. Ce n’est donc pas tant que les équipes qui représentent l’Afrique lors des réunions climatiques ne sont pas à la hauteur. Les compétences existent bien mais il faut admettre qu’il y a un fossé qui existe entre ce qui est obtenu des négociations et ce qui survient sur le terrain, et c’est à ce niveau que se situe le principal problème. Face au défi du changement climatique,  l’Afrique a besoin d’équipes de négociation plus grandes et plus fortes, pour éviter qu’elle ne ressorte  souvent bredouille des négociations sur le climat, ont conclu les participants.

 

Boris Karl Ebaka

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