Est de la RDC : les barrages routiers font nourrir les groupes armés

Jeudi 7 Décembre 2017 - 17:30

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Selon un rapport de l’Institut belge de recherche, l'International Peace information service (IPIS), les barrages routiers jouent « un rôle-clé dans les mécanismes de financement » d'une panoplie d'acteurs armés en RDC et en Centrafrique.

Les groupes armés ne se comptent plus à l’est de la RDC tant ils sont nombreux. Une récente étude menée par Human Rights Watch en a dénombré près de cent vingt actifs, uniquement dans les deux Kivu où des exactions sont commises en toute impunité, impliquant également des forces étatiques. Pour assurer leur existence et leur opérationnalité dans cette région riche où l’autorité de l’État demeure encore sujette à caution dans certains recoins, ces groupes armés multiplient des stratagèmes pour produire des revenus susceptibles d’assurer leur survie. Leur déploiement aux alentours des sites miniers n’est pas innocent et procèderait de leur volonté de tirer un maximum de profit de leur présence via la taxation des minerais extraits dans des zones de conflit.

Aujourd’hui, à en croire les experts en financement des conflits, les mines ne représentent plus la seule source de financement desdits groupes armés qui ont trouvé mieux. Désormais, la taxe routière, ou mieux le péage instauré à différentes barrières, procure des dividendes certains en termes de financement de ces groupes. Une réalité corroborée dans un rapport publié le 6 décembre par l'IPIS, institut belge de recherche, en synergie avec l'Institut danois d’études internationales. Dans ce document fouillé, les deux structures de recherche ont cartographié « plus de mille barrières routières en République démocratique du Congo et en République centrafricaine ». Autre fait relevé, la présence militaire observée dans la plupart de ces barrières qui jouent « un rôle-clé dans les mécanismes de financement » d'une panoplie d'acteurs armés en RDC et en Centrafrique, deux pays d'Afrique centrale en proie aux conflits.

Dans leur stratégie de prédation éhontée, ces groupes armés ont diversifié les produits soumis à la taxation. Outre les minerais qui ne représentent que la moitié des ressources naturelles taxées aux barrières routières, ils ont désormais un œil regardant sur les produits agricoles, le charbon de bois et le bois. La stratégie marche à merveille et les sommes engrangées journellement sont énormes, à en croire des sources. Des groupes armés comme le FDLR et Nyatura, ainsi que des éléments indisciplinés des Fardc se tirent à bon compte de ces impositions pourtant illégales. « En RDC, les routes sans barrières sont rares. Tout ce qui bouge est taxé », a ironisé Peer Schouten, coordinateur de la recherche, comme pour décrire la vitalité de cette stratégie sans laquelle les groupes armés ne pourront survivre.   Au-delà des juteuses barrières, d’autres mécanismes de financement existent et les deux organismes de recherche précités ont déclaré ne pas disposer à ce jour des données fiables pouvant leur permettre de jauger de leur ampleur.                          

 

Alain Diasso

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