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Et Brazzaville fut la capitale de la France Libre…

Vendredi 12 Août 2016 - 15:46

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De la même façon que la résurrection de la France, au cœur  de la deuxième guerre mondiale, débuta  sur la rive droite du fleuve Congo lorsque le Général de Gaulle fit de Brazzaville la capitale de la France Libre, de la même façon l'hôte temporaire du Palais de l'Elysée, François Hollande, et celui ou celle qui lui succèdera selon toute vraisemblance en 2017 devraient prendre aujourd'hui la mesure de l'importance que revêtent pour la France du temps présent l'Afrique en général, le Bassin du Congo en particulier.

Au lieu de donner sans cesse des leçons de bonne gouvernance aux dirigeants africains, leçons qui sont perçues, à juste titre, comme les relents d’un colonialisme qui freina de façon dramatique et pendant plus d'un siècle l'émergence du continent le successeur lointain de l'homme qui rendit sa dignité à France ferait bien de regarder la vérité en face dans le miroir du réalisme. Il ferait alors les deux constats suivants qui expliquent le désamour croissant dont la France, mais aussi l'Europe sont l'objet dans cette partie du monde.

1) Bien avant la croissance économique et la hausse du niveau de vie la clé du développement durable pour les Africains est plus que jamais la sécurité intérieure. Si celle-ci n'est pas assurée par des institutions modernes, par un pouvoir stable, par des forces de l'ordre sérieuses et bien équipées aucune avancée n'est et ne sera possible. Il suffit, pour s'en convaincre, de regarder ce qui se passe dans nombre de pays qui entourent le Congo. Plutôt donc que de se répandre en critiques plus ou moins voilées contre les réformes en cours et de fermer simultanément les yeux sur les forces obscures qui tentent de semer à nouveau le désordre, donc la mort, sur le territoire congolais, la France ferait bien de renouer des relations de confiance avec un pays qui s'est toujours comporté comme un allié fidèle, un partenaire sûr et qui n'a plus de leçons à recevoir de quiconque.

2) Ce qui précède est d'autant plus vrai que, dans le même temps ou les relations entre la France, l'Europe et l'Afrique centrale se dégradent dangereusement, des puissances extérieures au continent s'organisent pour combler le vide ainsi créé. Se gardant d'intervenir dans les querelles internes et s'abstenant de toute ingérence dans la conduite des affaires publiques de leurs partenaires elles jouent avec talent le jeu du développement durable, de la croissance économique, de la création d'emplois, de la hausse du niveau de vie. Et, ce faisant, elles prennent lentement mais sûrement la place occupée jusqu'à présent par les entreprises du Vieux continent. Conséquence logique, les populations concernées par les avancées de toute nature qu’engendre cet engagement ont une vision de plus en plus négative des nations qui les mirent jadis en coupe réglée pour accroître leur propre richesse.

Etant donné l'attrait que les pays comme le Congo exercent sur les puissances extérieures au continent il reste en vérité fort peu de temps à la France et à l'Europe pour se ressaisir. Ou bien elles s'organisent rapidement pour accompagner cette partie du monde dans sa marche vers le progrès et elles profiteront du formidable bond en avant qui se dessine en Afrique ; ou bien elles continuent de se poser en modèle  alors qu'elles plongent elles-mêmes dans des crises analogues à celles qui leur coûtèrent si cher dans la première moitié du siècle précédent et leur puissance comme leur influence déclineront de façon irrémédiable.

A l'instant où le Congo célèbre, pour la cinquante sixième fois, son accession  à l'indépendance il n'est pas inutile de rappeler ces vérités de bon sens, même si elles  n'ont rien de diplomatique et choquent certains de nos lecteurs.

 

 

 

           

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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