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Et Donald Trump dériva ...

Samedi 25 Août 2018 - 18:04

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Plus les jours passent et plus les nuages s'accumulent au-dessus de la tête du très turbulent président des Etats-Unis, Donald Trump. Apparemment incapable de maîtriser les "tweets" qu'il balance sur le Web et qui sèment le trouble jusque chez ses plus proches collaborateurs à la Maison-Blanche, maniant la menace contre d'autres puissances sans se soucier des conséquences diplomatiques que ces agressions verbales ou écrites auront inévitablement, le successeur du très calme et très pondéré Barack Obama projette de son pays une image pour le moins détestable.

Faut-il en conclure pour autant que les Etats-Unis s'enferment dans une crise intérieure dont rien de bon ne peut sortir ? Certainement pas pour les quelques raisons que voici, recueillies ici et là auprès de fins connaisseurs de la scène politique américaine.

Première raison : Donald Trump est loin, bien loin d'incarner la société américaine dans son ensemble. S'il a été élu il y a deux ans, ce fut de justesse et grâce aux subtilités de la procédure qui commande ce scrutin puisque son adversaire, Hillary Clinton, avait recueilli plus de voix que lui lors du second tour de la présidentielle. Soutenu par la fraction la plus conservatrice de la société américaine et par des lobbies dont les attaches étrangères sont fortes, il ne représente pas la majorité des citoyens de son pays. Ce qui pourrait lui valoir de sérieuses déconvenues lors des élections de la mi-mandat qui se tiendront dans le courant du quatrième trimestre de la présente année et provoquer, du même coup, un affaiblissement radical de son autorité au sein des institutions fédérales.

Deuxième raison : les défaillances et les départs s'accumulent autour de lui à un rythme jamais constaté jusqu'à présent. Soupçonné d'avoir été élu grâce à l'appui souterrain de la Russie, accusé par d'anciennes compagnes d'avoir tenté d'acheter leur silence en puisant dans les fonds de sa campagne électorale, soumis sans que cela se voit réellement à de multiples enquêtes sur l'origine de sa fortune et les fraudes fiscales qui en auraient découlé, Donald Trump peut à tout instant se trouver confronté à une procédure dite d' "impeachment" qui le contraindrait à démissionner comme le fit Richard Nixon dans les années soixante-dix du siècle précédent. S'il n'est pas encore mis en cause officiellement, les indices s'accumulent au point que sa crédibilité sur la scène internationale s'affaiblit.  

Troisième raison : les excès de langage, les menaces proférées, les soupçons de fraude, les départs précipités autour de lui déstabilisent la très puissante machine fédérale dont les actions conjuguées ont positionné les Etats-Unis en tête des puissances mondiales. Alors que la Chine affirme de jour en jour sa volonté de prendre leur place, que la Russie s'emploie à reconstituer l'empire détruit par la chute de l'URSS, que l'Inde s'organise de son côté pour tirer profit du déclin réel ou supposé de l'Oncle Sam, l'appareil étatique sur lequel repose, à Washington, la position dominante acquise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale s'émeut sérieusement des dérives de la Maison-Blanche. Si, d'une manière ou d'une autre, Donald Trump ne rentre pas très vite dans le rang, la haute administration fera en sorte de le neutraliser, voire même de l'écarter du pouvoir.

Quatrième raison et non la moindre : les milieux industriels et financiers qui ont favorisé l'arrivée au pouvoir de Donald Trump dans l'espoir, d'ailleurs justifié, de tirer un grand profit de cette opération, commencent à s'émouvoir sérieusement des effets négatifs de la politique dite de l'"America First" que conduit le locataire de la Maison-Blanche. La montée des tensions économiques et financières avec la Chine - qui devient lentement mais sûrement le premier marché mondial -, la rupture non avouée des liens privilégiés avec l'Europe, la menace d'une crise au Proche et au Moyen-Orient qui déraperait sur une guerre ouverte dans le golfe Persique font craindre aux lobbies de Wall Street un retournement brutal de la situation qui leur coûterait cher, très cher. De là à conclure que Donald Trump pourrait perdre soudain ses appuis, il n'y a qu'un pas auquel certains, et non des moindres, se préparent en douce.

L'Histoire dira si ce qui précède est juste ou relève simplement de l'imaginaire. Mieux vaut cependant y réfléchir tant qu'il en est temps !

 

   

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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