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Et la dénucléarisation du monde s'invita dans le débat ...

Lundi 9 Juillet 2018 - 13:00

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Nul, à part eux bien sûr, ne peut affirmer ce que se sont dit le pape François et Emmanuel Macron, lors de leur long tête-à-tête le 26 juin au Vatican. Mais ce que l'on peut affirmer sans le moindre risque de se tromper, c’est que le souverain pontife n'a pas mâché ses mots concernant la menace vitale que fait peser l'arme atomique sur l'espèce humaine. Parlant avec le président d'une des puissances qui se sont dotées de cet instrument de destruction massive mais qui, pour l’instant, refuse de ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires signé en revanche par le Saint Siège, il l'a certainement mis en garde contre le triple danger que constitue la prolifération pour les peuples de la Terre.

- Danger humain, d'abord, en raison de la puissance destructrice croissante des armes de ce type, puissance dont on a pourtant eu la démonstration accablante il y a très exactement soixante-treize ans lorsque les Américains lancèrent follement leurs bombes sur Hiroshima et Nagasaki, causant la mort dans des conditions atroces de centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants.

- Danger stratégique, ensuite, car l'arme nucléaire nourrit ici et là les fantasmes de dirigeants prêts à tout pour se protéger, ou tenter de se protéger, contre les agressions éventuelles de leurs voisins comme on le voit avec la Corée du Sud, avec Israël, avec l'Iran et demain, si rien n'est fait pour endiguer cette vague destructrice, avec d'autres pays sur les cinq continents.

- Danger environnemental, enfin, du fait de l'incapacité de l'homme à détruire les matières qui permettent la fission et la fusion nucléaires, ce qui a pour résultat d'entasser dans des lieux impossibles à protéger réellement des déchets qui mettront ensuite des milliers, des dizaines de milliers d'années, à se dissoudre, ce qui fait planer sur l'humanité une menace grandissante.

Si ce sujet vital à tous égards a été, comme tout le laisse penser, au centre de l'entretien de Rome il y a deux semaines, c'est d'abord et avant tout parce que le pape François, issu d'un monde, l'Amérique latine, qui, tout comme l'Afrique, n'a aucune responsabilité dans la dérive mortelle que l'arme nucléaire porte en elle, est résolu à dire la vérité aux grands de ce monde. Mais c'est aussi parce que le Saint Père sait de source sûre que l'homme assis en face de lui n'est pas un incroyant, qu'il a été fortement influencé dans sa formation par les Jésuites, que son épouse Brigitte est elle-même convaincue que l'homme ne peut se laisser dominer par ses mauvais instincts au risque de travailler à sa propre perte.

Si, dans le moment même où Donald Trump, Xi-Jinping, Benyamin Nétanyahou, Kim Jong-un, Vladimir Poutine, Hassan Rohani s'agitent sur le devant de la scène pour affirmer leur volonté d'accroître leur arsenal nucléaire, les pays comme le Vatican et la France unissaient leur effort dans le but de faire entendre la voix de la raison, il est probable que leur discours serait entendu. Même si cela ne se voit pas, en effet, l'un des plus grands dangers qui menace aujourd'hui l'humanité est celui de de la prolifération des armes nucléaires et les Français dans leur grande majorité en sont conscients (1).

Dans un pareil contexte, il semble évident que si, également, le Tiers-Monde se mobilisait pour faire entendre la voix de la raison et expliquer de façon claire aux hommes de ce temps le risque mortel que porte en lui ce type d'armements, il apporterait un appui décisif aux voix qui commencent à s'élever sur les cinq continents pour combattre ce fléau.

  1. Selon un sondage IFOP rendu public le 5 juillet par le quotidien français "La Croix", 67 % des Français sont favorables à ce que la France ratifie le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires proposé par l’ONU le 7 juillet 2017 et ratifié par l’Etat du Vatican le 20 septembre de cette même année.   
Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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