Opinion

  • Réflexion

Et l'Europe implosa ...

Samedi 25 Juin 2016 - 13:38

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Les Anglais ayant décidé, comme tout le laissait prévoir, de quitter l'Union européenne que va-t-il se passer maintenant sur un continent d'où le meilleur comme le pire n'ont cessé de surgir tout au long de l'Histoire ? A cette question il est évidemment impossible de répondre avec certitude tant le problème est complexe. Mais cela n'empêche nullement d'imaginer les scénarios que le "Brexit" pourrait générer dans le très proche avenir.

Nous en voyons quant à nous deux:

° Le premier scénario est l'enfermement de l'Union européenne dans le processus suicidaire qu'elle a elle-même provoqué en intégrant dans sa communauté des pays et des peuples qui n'avaient ni les mêmes objectifs, ni les mêmes traditions, ni la même culture. Pour dire les choses de façon crue, l'ouverture vers les pays de l'Est au lendemain de l'effondrement du bloc soviétique a transformé une Union fondée à l'origine pour rapprocher des peuples qui n'avaient cessé de s'affronter dans les siècles précédents en une communauté sans véritable dessein commun et donc sans vue prospective réelle. En passant de sept à quinze, puis à vingt-huit membres l'Europe a perdu son âme et confié son destin à une technocratie aussi omnipotente qu'inefficace.

Il est possible, hélas !,  que la sortie de l'Angleterre accentue ce mouvement au lieu de le corriger. Les Etats et les gouvernements - tout particulièrement l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne - s'étant montrés incapables d'inverser le mouvement qui s'amorçait, le "machin" bruxellois a toutes les chances d'accroitre maintenant son influence sur la communauté européenne. Et l'on peut être certain qu'il mettra tout en oeuvre pour y parvenir dans les prochains mois avec de fortes chances d'atteindre cet objectif étant donné les divergences qui opposent les pays membres et surtout les crises internes qui secouent des pays comme la France.

Si tel est le cas, l'Europe perdra l'influence que lui avaient procurées dans les dernières décennies sa puissance économique et sa richesse financière. C'est probablement, d'ailleurs, cette perspective qui conduit actuellement les Etats-Unis à mettre le vieux continent sous tutelle face à la Russie qui s'impose de jour en jour comme la première puissance de ce même continent.

° Le deuxième scénario est la remise à plat brutale des institutions de la Communauté européenne et la reprise en main de son destin par les pays qui la fondèrent au sortir de la deuxième guerre mondiale, c'est-à-dire dans les années cinquante du siècle précédent. Contrairement aux apparences il n'y a rien d'illusoire dans la mesure où, d'une part, les dirigeants allemands, français, italiens, espagnols et autres viennent de découvrir à la faveur du "Brexit" l'extrême vulnérabilité de l'Union européenne et où, d'autre part, les peuples de ces mêmes nations ont enfin ouvert les yeux sur les failles d'une gouvernance qui leur était présentée jusqu’à présent comme un modèle.

Il n'est donc pas impossible, contrairement aux apparences, que la sortie du Royaume-Uni de l'Europe ait pour conséquence la recréation au sein de celle- ci d'un noyau dur analogue à celui qui permit la création du Marché commun, puis de la Communauté économique et enfin de l'Union européenne. Même si, aujourd'hui, une telle hypothèse semble utopique elle peut s'imposer très vite comme la seule réponse possible et raisonnable au départ des Anglais. Toute la question, en vérité, est de savoir si des hommes d'Etat comme François Hollande, ou Angela Merkel ont encore la capacité de mener à bien une telle révolution.

Il ne fait aucun doute, à nos yeux en tout cas, que seul ce deuxième scénario sauvera l'Europe du désastre stratégique que porte en lui la sortie de l'Angleterre de l'Union. Mais le temps est compté chichement à ceux et celles qui peuvent  conduire un tel processus.

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Réflexion : les derniers articles