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Europe : assistons-nous au réveil des vieux démons ?

Samedi 22 Septembre 2018 - 18:48

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Mieux vaut toujours regarder la vérité en face si l'on veut prévenir tant qu’il en est temps les effets destructeurs présents ou à venir. Et, pour cela, vérifier si les événements auxquels nous assistons sur le Vieux continent ne traduisent pas tout simplement le réveil des vieux démons qui ont plongé par deux fois l’Europe dans un abîme au cours du siècle précédent.

Quatre grands mouvements se conjuguent, en effet, sous nos yeux qui peuvent aboutir à la destruction de la communauté que les Pères de l’Europe avaient su construire non sans mal au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

° Le premier de ces mouvements, sans doute le plus dangereux, est la résurgence du populisme dans la plupart des pays de l’Union. Très visible dans les pays de l’Est comme la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Pologne, il apparaît maintenant de façon sournoise dans les pays qui en ont le plus souffert dans le passé  comme l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne mais également dans les pays qui avaient su s’en protéger comme la France, la Belgique ou les Pays-Bas. Un phénomène politique provoqué par l’afflux incontrôlable et incontrôlé des migrants venus du Tiers-monde que l’on verra très probablement se concrétiser  lors des élections européennes de 2019.

° Le deuxième mouvement est la dérive de l’Union européenne elle-même qui, au lendemain de l’implosion de l’URSS, a commis l’erreur historique d’intégrer les pays de l’ancien empire soviétique en son sein alors même que ceux-ci n’y étaient nullement préparés. Devenues de ce fait ingérables, les différentes institutions de Bruxelles ne sont plus aujourd’hui que de lourdes machines technocratiques sur lesquelles, quoi qu’ils en disent, les gouvernements des Etats membres n’ont aucun pouvoir. Fait plus grave encore elles deviennent au fil du temps le principal obstacle au processus d’intégration qui seul pourrait sauver l’Union du désastre qui la guette.

° Le troisième mouvement, sans doute le plus grave, le plus dangereux, est l’incapacité des grandes puissances de l’Europe à s’entendre pour constituer une véritable communauté politique. L’Allemagne s’étant réunifiée et gérant son économie comme ses finances publiques avec une rigueur exemplaire est devenue la première puissance du continent, ce qui a conduit l’Angleterre, quoi qu’elle en dise, à prendre ses distances avec l’Union grâce au Brexit et qui génère désormais des tensions avec la France qui s’aggraveront si, comme tout le laisse penser aujourd'hui, la droite populiste allemande parvient à imposer sa loi lors des prochaines élections européennes.

° Le quatrième mouvement est la cassure du camp occidental que provoque la politique de l’ « America First » conduite par le président américain, Donald Trump. Sapant les fondements mêmes de l’Alliance Atlantique qui avait fait du camp occidental la première puissance stratégique du monde, cette politique génère en Europe une grande incertitude qui conduit de façon très logique le jeune président français, Emmanuel Macron, à proposer la création  d’un système de défense européen distinct et complémentaire de l’Otan. Mais cette initiative est rejetée, semble-t-il, par la chancelière Angela Merkel car elle donnerait à la France, puissance nucléaire, un pouvoir que Berlin juge excessif.

Dans un tel contexte, il ne serait pas surprenant que l’unité affichée de l’Europe depuis quatre décennies vole peu ou prou en éclats dans les mois à venir avec toutes les conséquences négatives que cela aurait inévitablement. Soit dit en passant, c’est très précisément cette analyse qui conduit aujourd’hui le président Vladimir Poutine à renforcer le système de défense de la Russie, notamment face à l’Ouest. L’Histoire est là, en effet, pour démontrer que le pire ne doit jamais être oublié dans cette partie de la planète qui l’a par deux fois plongée dans le chaos des guerres mondiales. 

Soit dit également en passant, c’est très probablement ce qui conduira la France, dans les mois et les années à venir, à renforcer les liens avec l’Afrique qui lui permettront de préserver son influence dans les institutions de la gouvernance internationale. Nous en aurons la démonstration lors de la célébration, en novembre prochain, de la fin de la Première Guerre mondiale et de l'hommage qui sera rendu publiquement aux Tirailleurs africains sans lesquels la victoire sur l'Allemagne n'aurait peut-être pas été possible.

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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