Exploitation illicite du bois : une soixantaine de containers des grumes de wenge relance le débat

Samedi 30 Août 2014 - 12:49

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La cargaison se trouvant au port de Matadi, dont le dossier est actuellement devant les instances judiciaires, serait au point d’être illégalement exportée vers l’étranger.

Une controverse est créée autour de soixante et un containers du bois wenge au port de Matadi. Alors que la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois a, le 26 août, à Kinshasa, accusé la société Terco installée dans le territoire de Kwamouth, dans le Bandundu, d’exporter illégalement ce bois vers l’étranger, cette dernière affirme plutôt exploiter et commercialiser légalement le bois en RDC, qualifiant cette accusation de « non fondée ».

Radiookapi.net précise que cette cargaison qui fait l’objet de l’alerte se trouve au port de Matadi prête à partir pour la  Chine. « Elle contient plus de cinq cent quatre-vingts grumes du bois wenge exploité frauduleusement dans la forêt de la province de Bandundu », a souligné la radio onusienne, citant ces ONG environnementales.

Sur les ondes de ce média onusien, Me Alphonse Longbango, de la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois, confirme ces accusations contre l’entreprise Terco. « Nous avons effectivement relevé le cas de Terco, qui exploite illégalement dans la concession de Talatina. Aujourd’hui, les containers  sont évacués à grande vitesse », a-t-il insisté.

À l’en croire, l’exploitation légale de ce bois pouvait faire bénéficier aux communautés autochtones de plus de sept cents dollars américains. « Cette cargaison constitue un manque à gagner important pour le gouvernement congolais », a-t-il déploré.

Dans sa défense, l’entreprise Terco continue à soutenir que l’exploitation de ce bois s’est faite dans la légalité. Pour son avocat conseil, Me Serge Zime, ce bois a été régulièrement coupé selon les permis d’exploitation délivrés par le ministre de l’Environnement au gérant de la société Terco, André Kayembe. Selon lui, tous les droits dus au Trésor public ont été payés et que sa société possède des pièces justificatives de ces différentes taxes payées.

Pour ce juriste, en effet, la présence de ces containers à Matadi signifie que leurs contenus ont eu à passer par les filières normales. « Je suis sidéré par la déclaration opportuniste et mensongère de cette coalition », a-t-il déclaré, jugeant alors « non fondée » l’accusation de cette coalition d’ONG environnementales.

Tandis que l’affaire reste pendante devant divers services judiciaires, de son côté, Jean-Marie Bolika, du Fonds mondial pour la nature (WWF) cité par radiookapi.net, a appelé l’Etat congolais à s’assumer face à cette pratique. Cet activiste a noté que son organisation a eu, à plusieurs reprises, à dénoncer l’exploitation illégale du bois dans le pays. « Je voudrais encore rappeler aux autorités que la problématique de l’exploitation illégale du bois dans la région de Kwamouth devient très préoccupante, car ce n’est pas la première fois pour nous de dénoncer cela. Il faudrait que l’État prenne encore ses mesures et qu’il y ait des sanctions appropriées à l’endroit des gens qui font l’exploitation illégale », a-t-il souligné. La Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois, note-t-on, regroupe des ONG opérant dans le secteur de l’environnement.

On rappelle, par ailleurs, que plusieurs ONG nationales et internationales dénoncent l’exploitation illégale du bois des forêts congolaises. Ces organisations notent que certaines coupes se font sans papiers alors que d’autres utilisent des permis artisanaux pour l’exploitation industrielle. Pour les deux cas, en effet, il est donc difficile de respecter les normes en la matière.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des troncs d'arbres de Sodefor dans le Beach à Kinshasa/ Photo Radio Okapi