Faux médicaments : la montée du phénomène incite aux mesures plus rigoureuses

Jeudi 15 Mars 2018 - 17:30

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Avec l’évolution technologique facilitée par l’internet et autres moyens de communication, la falsification a gagné presque tous les domaines de la vie en société parfois sans contrepartie mortelle. Par contre, la contrefaçon des produits médicaux a des conséquences lourdes, voire mortelles.

Devant l’ampleur de la montée du phénomène de faux médicaments, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a instauré un système de surveillance.  Une enquête réalisée en 2017 révèle que ces dernières décennies, la contrefaçon en matière de médicaments aurait fait entre 700 000 et 800 000 morts par an, principalement dans les pays en développement. « Ces chiffres ne cessent d’augmenter au fur et à mesure que de nouveaux liens sont faits entre les décès inexpliqués et la distribution de contrefaçons. », a relevé cette enquête.

Au sein de la population, une confusion règne entre les produits pharmaceutiques contrefaits et les médicaments de la rue. Selon les spécialistes, les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés sont par nature difficiles à déceler. Leurs concepteurs cherchent à ce qu’ils soient identiques au produit d’origine, et ils n’entraînent pas toujours une réaction indésirable évidente.

Cependant, affirment-ils, ces produits ne permettent pas de traiter correctement la maladie ou l’affection qu’ils ciblent, et peuvent entraîner de graves conséquences sur la santé, voire la mort.

Il y a à peine une semaine, le gouvernement béninois a décidé de suspendre le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et d'interdire l’un des principaux fournisseurs, afin d’assainir le secteur pharmaceutique gangréné par le commerce de faux médicaments. Ces mesures sont intervenues au lendemain d’un procès qui a débouché sur la condamnation de plusieurs dirigeants de société de distribution à des peines de prison ferme, dans le cadre de la lutte contre les faux médicaments.

Les Etats semblent mener des actions concertées dans ce sens. Au Congo, la Fondation Chirac vient de lancer un appel à candidature pour reproduire sur scène la campagne « Méfiez-vous des faux artistes comme des faux médicaments ». L’Institut français du Congo, où va se dérouler cette activité, a prévu le casting pour ce vendredi 16 mars, en présence d’une journaliste de "Radio France internationale". Elle s’inscrit dans le cadre de la Journée de lutte contre les faux médicaments.

                                             Qui est exposé au risque des faux médicaments ?

Les produits médicaux falsifiés sont fabriqués dans de nombreux pays du monde. Cependant, ce sont les pays à revenu faible ou intermédiaire, ceux situés dans les zones de conflits ou de troubles civils et ceux dont le système de santé est faible ou inexistant, qui supportent la plus lourde part du problème des produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure.

« C’est quand l’accès aux produits médicaux sûrs et de qualité est limité, lorsque la gouvernance est insuffisante et quand les moyens techniques sont fragiles, que les patients sont plus exposés à ces produits. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, un produit médical sur dix serait falsifié. », a révélé l’OMS dans un rapport.

                                                 Comment lutter contre le phénomène ?

Selon l’OMS, le dispositif des Etats membres est le Forum mondial dans le cadre duquel les pays se réunissent, coordonnent, décident et organisent les activités pour lutter contre les produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure.

Il a été mis en place pour protéger la santé publique et promouvoir l’accès à des produits médicaux abordables, sûrs, efficaces et de qualité, au moyen d’une collaboration efficace entre les Etats membres et l’OMS, afin d’éviter et d’endiguer les produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure, ainsi que les activités qui y sont liées.

En effet, l’OMS a lancé, en 2013, le système mondial de surveillance et de suivi des produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure, afin d’encourager les pays à signaler les incidents liés aux faux médicaments, en employant un format structuré et systématique rendant possible d’évaluer le problème de façon plus précise et selon les modalités validées.

Ce système permet d’apporter une assistance technique dans les situations d’urgence, d’établir des liens entre les incidents survenus dans différents pays et régions, d’émettre des alertes OMS sur les produits médicaux, de recueillir un ensemble de données validées pour mettre plus précisément en évidence la portée, l’ampleur et les méfaits de ces produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure et déterminer les vulnérabilités, les faiblesses et les tendances.

C’est grâce à ce système d’alerte et de suivi que l’OMS vient de déceler, tout récemment, les faux produits de marque Augmentin, en circulation au Cameroun. Le gouvernement de chaque pays est invité à accompagner l’OMS dans ce combat.  

   

 

 

 

 

  

  

 

   

Roger Ngombé

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