Fête internationale de la musique 2017 : la musique moderne quasiment absente

Samedi 24 Juin 2017 - 12:21

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La célébration de la trente-cinquième édition de la fête internationale de la musique au Congo-Brazzaville a été moche en ce qui concerne la musique moderne. Pas de spectacles organisés pour cette musique tant par le gouvernement, les opérateurs culturels que les groupes modernes eux-mêmes. À la place, le gouvernement a choisi la musique traditionnelle. Est-ce une exclusion ?

Créée en 1981 en France par Jack Lang, alors ministre français de la Culture, la fête de la musique qui se célèbre chaque 21 juin depuis 1982 a grandi et a pris de l’ampleur avec un retentissement dans plus de 120 pays et 700 villes. En France, elle marque l’entrée dans la saison « estivale ». Le Congo-Brazzaville ne reste jamais en marge de cette célébration. D’ailleurs, tout bon observateur se rendra compte que la célébration de la trente-quatrième  édition de la fête de la musique en République du Congo, le 21 juin, a été toute particulière par son organisation et sa mobilisation. Environ 10.000 spectateurs ont célébré cette fête à Brazzaville dans différents sites implantés pour la circonstance. Pourquoi cela n’a pas été le cas pour cette année ?

Tous les mélomanes se sont rendu compte que la célébration de la 35e édition de la fête internationale de la musique  au Congo-Brazzaville a été moins éclatante que celles des précédentes années, mieux celle de l’an dernier, qui est restée ancrée dans les esprits de la quasi-totalité des Brazzavillois qui n’oublieront de sitôt cette belle fête du 21 juin 2016. Comment oublier une fête qui, pour la circonstance, a créé pour la première fois un grand « Boulevard artistique » reliant les deux extrémités de l’avenue de la paix, tout au moins le rond-point Poto-Poto dans le troisième arrondissement de Brazzaville au rond-point de Moungali. Quatre scènes avaient été érigées pour la circonstance aux principales intersections de cette avenue qui ont permis à plusieurs centaines d’artistes, parmi lesquels les jeunes talents, de laisser jaillir le génie qui est en eux. Les comédiens congolais ainsi que les sapeurs étaient de la partie. Bref, toutes les musiques étaient représentées et la fête était belle.

Cette ambiance festive n’était pas observée qu’au « Boulevard artistique » reliant les deux grands ronds-points de l’avenue de la Paix. En dehors du « Boulevard artistique », bien d’autres sites ont abrité cet évènement. C’est le cas de Radisson Blu Mbamou Palace hôtel Brazzaville qui a organisé une production musicale avec le Trio Zadig, qui se produisait pour la première fois sur le continent africain. Le groupe Pella Yombo (GPY), managé par Beethoven Henri Germain Yombo, avait organisé aussi un méga concert sur l’esplanade de l’hôtel de la Préfecture de Brazzaville où plusieurs artistes et groupes de la place s’étaient produits. L’institut français du Congo (IFC) avait pour la circonstance prévue quatre scènes pour soixante  groupes et deux cent cinquante  artistes invités pour un public estimé à 4 000 spectateurs.

Au sortir de ce rendez-vous musical annuel, nombreux étaient ceux qui prévoyaient des lendemains meilleurs dans le domaine musical avec, bien entendu, la relance définitive de la musique congolaise. Mais hélas !

Que s’est-il passé cette année et pourquoi ce refroidissement ?

Les mélomanes qui attendaient la réédition de l’exploit de l’an dernier ont été plus que surpris de constater un refroidissement terrible de la célébration de la fête de la musique au Congo-Brazzaville. Jusqu’à une certaine heure, rien ne présageait la célébration de cette fête dans les quartiers populaires comme cela a été  le cas le 21 juin 2016. C’est finalement autour de 17heures que le ministre de la Culture et des Arts, Léonidas Carel Mottom Mamoni, est sorti de son bureau pour faire la ronde des différents sites, notamment les ronds-points Makélékélé, Bifouiti, Poto-Poto, les communes de Moungali et de Ouenzé, et le rond-point de Mikalou dans le sixième arrondissement.  Dans ces différents sites se produisaient des groupes traditionnels suivants : Ntsiah-Ku-Mpuh écho du pays ETK¨P 3e génération ; le Musée d’art ; Kingoli Akoua ; Biloko ; N’Temo Kongo ; Ballet traditionnel « Moyi O Ntso » Eyelelé Enkoti ; Ngoulayo Obéitan original et Elelo-E-Ndzoto.

Contrairement à l’an dernier, cette année, l’accent a été mis à la musique traditionnelle au détriment des autres musiques dont la musique moderne prisée par les mélomanes. Léonidas Carel Mottom Mamoni a expliqué ce choix en ces termes : « Nous avons voulu cette année de façon particulière donner un sens spécial à la musique traditionnelle. En vérité, même la musique moderne africaine tire son essence de la musique traditionnelle de nos pays. Vous voyez les gens danser. En réalité, il y a tout un message et un rituel qui se fait. C’est aussi le rôle de la culture de transmettre aux générations actuelles comme aux générations futures la vraie vie de nos peuples, du peuple bantou ».

Outre le gouvernement, les opérateurs culturels qui s’investissent le plus souvent à cette occasion n’ont pu oser organiser des spectacles. Les orchestres mêmes les plus réputés n’ont pas voulu fêter avec leurs mélomanes. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Est-ce par manque de moyens financiers au regard de la conjoncture actuelle où attendaient-ils que le tout provienne du gouvernement ? Si tel est le cas, ils ont mal réfléchi, puisque le gouvernement a porté son choix sur la musique « Mère ». Pour en savoir plus, nous nous sommes rapprochés de l’un des responsables de l’Union des musiciens congolais (UMC), mais qui malheureusement a refusé de donner son point de vue. Et nous constatons avec les mélomanes que la musique moderne était absente au grand rendez-vous musical international du 21 juin 2017.

L’IFC a sauvé les meubles

Reprenant l’esprit initiale de cette fête musicale en France, cet événement phare de l’activité culturelle de l’IFC à Brazzaville est devenu un rendez-vous incontournable de la scène musicale congolaise. Véritable tremplin, la célébration de la fête de la musique à l’IFC offre aux jeunes artistes l’occasion de se faire entendre. C’est ainsi que pour une unième fois, l’IFC a organisé un impressionnant autour de trois scènes consécutives : la scène du parvis qui a été envahi du monde dès 17h, la scène de la Cafet’ et enfin la scène Savorgnan. Au cours de ce rendez-vous pourtant gratuit, l’IFC comme d’accoutumée a réuni autour de 5.000 spectateurs qui ont suivi allègrement les sonorités diverses. Il y a eu des musiques urbaines (hip-hop, rap, Rnb, afrobeat, coupé décalé...) à la scène Parvis ; des musiques de recherche (jazz, blues, soul…) à la Cafet’ et de la salsa, du reggae, de la tradi-moderne …).

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le ministre de la Culture et des Arts, prestant avec le groupe traditionnel « Moyi O Ntso » Eyelelé Enkoti Photo 2 : L’artiste Galdys Samba sur la scène Cafet' Photo 3 : Gianny Olando de Kingoli authentique V sur la scène Savorgnan

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