Fils échoué ? « Mais comment tu as fait ? »

Jeudi 22 Juin 2017 - 14:04

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Le mérite de l’élève ne compte plus, seule étant valable la capacité des parents à savoir se « débrouiller » pour lui faire sauter les obstacles aux examens.

En cette période d’examens, il n’est pas rare d’entendre des parents parler librement de ce qu’il faut faire pour que le fils/la fille « passe ». BEPC ou Bac sont à la même enseigne : ce n’est pas la copie de l’impétrant qui va compter, mais la capacité du papa à savoir toucher les bonnes personnes. Il faut sortir les billets de banque les plus convaincants et le tour est joué. Une fois cela fait, le papa rentrera tranquillement à la maison pour attendre, serein, les « affichages » des résultats.

Avec ce système, ce que l’enfant va écrire dans sa copie ; ce que le correcteur pourra bien gribouiller pour la notation, large ou sévère, ne comptent pas. Il faut seulement connaître la bonne personne. C’est-à-dire « la personne qui connait la personne ». Repérer les professeurs les plus déterminants, les surveillants capables de donner un coup de main, le censeur bien placé. Il faut savoir « encourager le bon Bic », pour que l’enfant n’échoue pas. N’échoue jamais.

Le résultat est étonnant, inquiétant. On rencontre aujourd’hui des étudiants d’université absolument incapables de s’exprimer correctement et encore moins de savoir écrire en français ce qu’ils peuvent dire. Autre conséquence curieuse : une telle culture se répand et ne rencontre plus d’opposition chez les parents qui auraient dû prendre la tête du combat contre son expansion. « Quoi ! Ton enfant a échoué ! Mais comment tu as fait ? ». Traduire: quand on a le portefeuille au bon endroit, il est impossible de compter ses enfants parmi les échoués aux examens!

Et naturellement tout le monde jurera ses grands dieux que la triche n’existe pas ou seulement - un tout petit peu - pour les autres. Et les parents qui ont couru hier frénétiquement après un correcteur corruptible, seront les premiers à venir féliciter leur enfant pour la réussite au bac. C’est l’enfant qui était dans la salle d’examen, mais c’est le papa qui a passé l’examen à coups de billets de banque ou de harcèlement. Félicitations fiston !

 

 

Lucien Mpama

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