Finances : les constats d’un cabinet spécialisé sur le secteur bancaire en RDC

Jeudi 28 Décembre 2017 - 13:45

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La dernière étude de Deloitte publiée ce mois-ci analyse en profondeur la performance des banques entre 2015 et 2016. Le document d’une cinquantaine de pages dresse sept constats majeurs sur l’écosystème bancaire congolais.

Expert comptable et associé gérant Deloitte RDC, Bob-David Nzoimbengene estime que le secteur bancaire est bien à la croisée des chemins. Il a noté une réelle montée en puissance des banques panafricaines, même si les banques locales (BCDC, RAW Bank, Sofibank et TMB) conservent leur emprise sur la totalité des indicateurs de performance (total crédit, crédits à la clientèle, mobilisation des dépôts, total des fonds propres, produit net bancaire et résultat net). Dans l’actuelle architecture bancaire congolaise, il y a les banques locales (28 %), les banques panafricaines (50 %) et les banques internationales (22 %).

D’une manière générale, le cabinet Deloitte a constaté le faible taux de bancarisation, soit 6 % contre une moyenne de 25 % en Afrique subsaharienne. Le deuxième constat est la croissance de 23 % des dépôts, contre 14 % entre 2014 et 2015. Deloitte apporte un éclaircissement sur les causes de cette performance. Les dépôts, tout comme d’autres postes bilantaires, ont connu une croissance imputable à la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar américain (31 % entre 2015 et 2016). Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que 82 % des dépôts se font en devises étrangères. Les dépôts à terme se sont accrus de 15 % et les dépôts à vue qui forment environ 72 % de l’ensemble des dépôts, de 11 %. Quant à leur catégorisation, les dépôts du secteur sont constitués essentiellement des dépôts de ménages (42 %), des pouvoirs publics (28 %) et d’entreprises publiques (19 %). Au cours de la période sous examen, c’est le dépôt des pouvoirs publics qui a connu la plus forte progression. Le troisième constat est l’augmentation du coefficient d’exploitation du secteur de 77 à 79 %. Les autres constats (4, 5, 6 et 7) tournent autour de la bonne croissance du produit net bancaire (22 % en 2016 contre 5 % en 2015), du résultat net du secteur en plein repli (87 % de baisse en 2016 contre 20 % de hausse en 2015), de la pression fiscale toujours élevée (52 % en 2016 contre 40 % en 2015), du boom du volume de crédits octroyés en 2016 (croissance de 38 % en 2016 contre 13 % en 2015) et d’une très faible rentabilité financière du secteur (à peine 1 % contre 86 % pour les banques de l’UMOA).

Un rythme plus rapide de croissance des crédits que des dépôts

L’ensemble des agrégats du secteur bancaire a évolué positivement au cours de la période sous examen, mais les performances sont globalement moins importantes que celles des années antérieures (avant 2015). On le voit, par exemple, dans la croissance des fonds propres : 17 % entre 2015 et 2016 contre 41 % entre 2014 et 2015. Le résultat net du secteur est en pleine régression depuis 2015, même si quelques acteurs se démarquent avec des résultats nettement positifs. L’étude démontre un rythme plus rapide de croissance des crédits que des dépôts.

Après la faillite de la Biac et de la Fibank, l’environnement bancaire a enregistré plusieurs changements notables dans les normes prudentielles et de gouvernance. Dès janvier 2018, le législateur a décidé de l’augmentation du capital minimum des banques pour atteindre l’équivalent de trente millions de dollars américains et cinquante millions en 2020. Même si la mesure vise a priori la consolidation du secteur, le difficile contexte socioéconomique ne permet pas d’envisager des réformes d’une telle envergure. Nous y reviendrons.

Top 5: total actifs

Raw Bank : 1 315 milliards FC
BCDC : 773 milliards FC
TMB : 687 milliards FC
BGFI : 450 milliards FC
Ecobank : 439 milliards FC
 
Top 5 : dépôts

Raw Bank : 838 milliards FC
BCDC: 571 milliards FC
TMB: 535 milliards FC
Ecobank : 348 milliards FC
FBN : 342 milliards FC

Top 5 credits

Raw Bank: 543 milliards FC
BCDC: 382 milliards FC
TMB: 268 milliards FC
Pro-credit: 205 milliards FC
Ecobank: 187 milliards FC

Top 5: fonds propres

Raw Bank: 182 milliards FC
BCDC: 100 milliards FC
TMB: 73 milliards FC
Pro-crédit : 55 milliards FC
Ecobank : 53 milliards FC

Laurent Essolomwa

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