Forum Build Africa : une plateforme d’affaires

Samedi 8 Février 2014 - 16:15

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Le forum sur les infrastructures en Afrique a récolté une moisson de partenariats économiques de façon spontanée. Des accords ont été conclus et des intentions d’investissements se sont dégagées

La République du Congo a signé un certain nombre de documents avec des partenaires économiques. L’un d’entre eux, à caractère agricole, a porté sur la création d’un fonds d’investissement dédié à la promotion de la chaîne des valeurs dans les projets agroindustriels pour une capacité d’investissement de 100 millions de dollars.

L’intérêt dominant, ce sont les partenariats public-privé (PPP), dont l’objectif n’est pas d’en faire une mode, mais plutôt quelque chose de réussi. Et là aussi un contrat d’assistance technique a été signé avec le groupe Edifis Capital. Le partenaire devra accompagner la délégation générale des Grands Travaux (DGGT) dans la mise en place d’une unité aux PPP au sein de ladite structure. Dans cet élan, le groupe devrait accompagner plus largement le Congo dans la mise en place d’une longue stratégie nationale à laquelle ils ont déjà travaillé et ainsi pouvoir développer d’une manière très concrète les PPP au Congo dans le domaine des infrastructures économiques, sociales et des filières agricoles

Dans le cadre du développement des potentialités énergétiques du Congo, un protocole d’accord a été signé entre la Société financière internationale et le Congo pour mettre en œuvre un concept clair pour la construction du barrage hydroélectrique de Sounda de 1000 MW.

Le ministre à la présidence Jean-Jacques Bouya a managé tous ces accords à l’actif du forum Build Africa qui a pris fin le 8 février à Brazzaville, en présence du président congolais Denis Sassou-N’Guesso et de l’ex-chef d’État sénégalais Abdoulaye Wade. « Le forum basé sur le thème des infrastructures a été une véritable plateforme d’affaires. De manière spontanée, les partenaires économiques ont cru et au continent et au pays. Les gens l’ont fait avec la foi et beaucoup de volontarisme », a clamé Jean-Jacques Bouya.

Une participation largement au-dessus des attentes

L’organisation du forum est prévue tous les deux ans, ainsi cette première édition a mobilisé plus de mille participants alors que les estimations avaient été évaluées à 400. « Nous avions ciblé 200 participants puis 400. Mais pour une première édition, le forum a connu une véritable mobilisation », s’est réjoui le ministre à la présidence chargé de l’Aménagement du territoire et de la DGGT.

Des délégués de 49 pays se sont retrouvés autour de l’événement, dont beaucoup d’entre eux ont foulé le territoire congolais pour la première fois. Les échanges interactifs ont concerné 87 intervenants venus de tous les continents dans un jeu de questions-rapports sur différents thèmes. Avec dix ministres africains, de nombreuses personnalités internationales et 107 représentants de la presse, le message devrait porter loin. Tous ont convenu que l’Afrique était aussi à la recherche de solutions. Ils ont discuté de la problématique de son avenir, et les idées n’ont pas manqué de fuser lors de chaque négociation.

Après ce forum, les participants sont tous convaincus que les infrastructures sont indispensables au développement du continent. Certes réside encore l’insuffisance des infrastructures. Aussi, les capacités financières de l’Afrique ne permettent pas de répondre à ces besoins. D’où la nécessité d’une forte mobilisation de la communauté internationale pour examiner avec les Africains le problème dans ses différents aspects.

L’implication du secteur privé n’est pas restée en marge des discussions. Il est ressorti la complémentarité entre les secteurs privé et public. Malgré la frilosité des banques, les partenariats public-privé gagnant-gagnant fonctionnent bien, à condition de créer un cadre législatif adéquat. « Nous devons au niveau des pouvoirs publics créer une véritable volonté politique. Cela requiert évidemment une certaine dose de flexibilité pour un modèle qui marche », telle est la réaction du gouvernement du Congo.

Les infrastructures impriment une intégration régionale

Des mots tels que l’intégration régionale, pourtant un avantage, se présentent comme un obstacle au développement de l’Afrique. Bon nombre d’Africains se mettent dans la tête l’idée que les frontières ne sont pas physiques. Pourtant, il ne s’agit pas de se présenter en concurrent en tant qu’Africain, mais plutôt de se compléter, car ce peuple a beaucoup à gagner de la libre circulation des personnes et des biens. En définitive, les infrastructures impriment une véritable intégration, car c’est un moyen de communication entre les personnes.

Selon le ministre à la présidence durant son point de presse pour résumer le forum, chaque continent a sa réalité dont l’Afrique, d’où l’idée qu’un modèle de gestion propre au continent devrait être étudié. L’Afrique est devant un dilemme (abondance de biens, mais pas de développement), c’est pour cela qu’un modèle africain devrait être trouvé en développant le capital humain, par l’appropriation des hommes eux-mêmes. Les difficultés ne sont pas insurmontables, car l’Afrique peut s’inspirer de plusieurs expériences pour trouver son chemin et aller de l’avant. « C’était un événement qui valait la peine, et ça a été un forum véritablement réussi. Il faut que les partenaires économiques suivent pour que les projets aboutissent », a conclu Jean-Jacques Bouya.

Notons que le forum Build Africa a été organisé les 6 et 7 février en une série de débats, de séances plénières, d’ateliers interactifs et de discussions d’experts. Toute cette organisation avait pour but de favoriser les échanges constructifs et les avancées sur des problèmes concrets. Aussi il a été question de dépasser les obstacles à la croissance afin d’ouvrir la voie à un développement durable pour l’Afrique.

De nombreuses personnalités, dont le président du Congo, Denis Sassou-N’Guesso, et les ex-chefs d’État du Sénégal, Abdoulaye Wade, et du Mexique, Vicente Fox, se sont exprimés au terme du forum Build Africa. Voici leurs déclarations.
Denis Sassou N’Guesso : « Les infrastructures conditionnent  le développement de l’Afrique. Ces échanges vont nous permettre d’aller de l’avant puisque il y a eu beaucoup de compréhension, de décisions, d’initiatives, de promesses. Rendez-vous donc dans deux ans pour la prochaine édition du forum Build Africa. »
Abdoulaye Wade : « Il faut se décomplexer et vous dire que vous pouvez faire autant que les autres. Moi, je suis comblé et je pense que je peux tranquillement dans quelques années laisser les jeunes poursuivre ce que nous avons essayé de faire. Je pense que tout problème a une solution… L'avenir appartient à ceux qui savent et sont rapides. Si vous passez tout votre temps à inaugurer, à quel moment allez-vous travailler ? »
Vicente Fox : « Nous devons faire beaucoup d’efforts. Ce continent a beaucoup de potentialités. Nous sommes tous des êtres humains, et nous devons être libres. La gouvernance doit produire et être efficace. Le gouvernement doit travailler ensemble avec les secteur privé et public et le monde universitaire. »

Nancy-France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Jean-Jacques Bouya et des partenaires. (© Adiac) ; Photo 2 : Les participants durant la pause café. (© Adiac)