Forum économique mondial de Davos : les grands patrons et les principaux dirigeants de la planète se penchent sur l’avenir du monde

Jeudi 23 Janvier 2014 - 13:11

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Sur le thème « Remodeler le monde : les conséquences pour la société, la politique et le commerce », ces assises réunissent pendant quatre jours en Suisse – jusqu’à samedi – plus de 2 500 participants, dont des chefs d’État et de gouvernement, des patrons de grandes organisations internationales et plus de 1 500 dirigeants d’entreprise. Une occasion de débattre de la consolidation d’une reprise économique mondiale encore timide

La rencontre de Davos vise notamment à développer des idées, initiatives et autres actions nécessaires pour relever les défis nouveaux et existants. Elle est l’occasion de discuter de plusieurs sujets : avenir médical de la planète, santé et environnement, contexte énergétique. À cela s’ajoutent diverses autres préoccupations comme la sécurité globale ; les problèmes régionaux, dont l’avenir économique de l’Afrique et l’impact de l’entrepreneuriat et de l’éducation sur le monde ;  l’accroissement des inégalités de richesses, perçu à l’heure actuelle comme un facteur de risque majeur.

Par le choix du thème de cette année, les organisateurs du forum n’ont pas voulu se limiter aux problèmes économiques, mais cherchent à prévoir ce qui attend le monde au-delà de 2015. En ce qui concerne les pays émergents, par exemple, il s’agit d’étudier de quelle manière surmonter les effets du ralentissement de la croissance et de trouver les voies et moyens pour assurer le développement.

Lors d’une table ronde sur les défis que doit relever le continent africain, le président nigérian, Goodluck Jonathan, qui participe à cette 44e édition du Forum économique mondial avec d’autres chefs d’État du continent comme Paul Kagame du Rwanda ou Alpha Condé de Guinée, a appelé les entrepreneurs à s’engager davantage dans le secteur public. « L’Afrique ne peut pas réussir sans un vrai partenariat public-privé », a-t-il insisté. Son compatriote milliardaire Aliko Dangote, qui partage son point de vue, a quant à lui appelé les dirigeants africains à ouvrir leur marché aux investisseurs étrangers et à les soutenir. « Les populations en tireront naturellement un bénéfice », a-t-il souligné. Appelant à donner un coup d’accélérateur à la création d’emplois pour lutter contre les inégalités de richesse considérées à Davos comme un risque majeur pour la stabilité mondiale, Aliko Dangote a rappelé qu’avec une croissance moyenne de 5%, l’Afrique était enviée par plusieurs régions du monde et que les opportunités d’investissements y sont nombreuses.

Selon le Fonds Monétaire international (FMI), les 85 personnes les plus riches de la planète détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, soit trois milliards et demi de personnes.

Si l’économie mondiale commence enfin à se relever des crises qui se sont succédé depuis la faillite, en 2008, de la banque américaine Lehmann Brothers, le continent africain observe un optimisme prudent : en effet, la croissance enregistrée ne permet pas encore d’endiguer le chômage dans les États africains. C’est pour cette raison que le président de la Banque de développement d’Afrique du Sud, Jabulani Moleketi, qui participe aux travaux du forum, a déclaré : « Nous faisons partie de ces économies émergentes, avec de nombreux défis à relever. Parmi ces défis, il y a le problème de la stabilité des marchés financiers. Quand un grand pays comme les États-Unis décide de changer sa politique monétaire, cela a des implications, particulièrement en Afrique du Sud, qui a longtemps bénéficié d’importants flux de capitaux et d’argent pas cher. »

Et d’ajouter : « Les économies développées doivent elles aussi s’interroger sur l’environnement financier et faire des projections à moyen terme. C’est ce que j’attends de ce forum. Je suis ici pour l’Afrique, bien sûr. C’est une économie en croissance, sans doute la plus prometteuse de ce XXIe siècle. Et nous sommes ici pour comprendre ce que les gens disent de l’Afrique, et nous sommes aussi ici pour leur raconter des succès, et leur montrer qu’il y a des opportunités d’investissement sur le continent. »

À la veille du forum, la présidente du FMI a alerté sur le risque de déclencher un processus déflationniste en retirant les soutiens monétaires. Pour Christine Lagarde, la baisse des prix n’est pas toujours bénéfique en ce sens qu’elle décourage souvent la croissance.

La présidente du FMI a évoqué aussi la question des inégalités entre les revenus et a noté que si elles n’étaient pas maîtrisées, l’instabilité sociale s’aggraverait davantage. La réduction de la classe moyenne aurait pour effet de diminuer la consommation globale, ce qui serait un autre coup porté à l’économie mondiale. « À l’heure actuelle, ce problème est l’un des plus importants pour la science économique et les milieux économiques. Comment expliquer le renforcement de la différenciation observée depuis les années 1970 ? Soit il y a ceux qui réussissent à augmenter leur capital, soit les monopoles latents se renforcent contre lesquels les autorités anti-monopole ne peuvent rien faire. Par conséquent, les bénéfices sont captés par le secteur financier et d’autres secteurs où les primes et les salaires sont élevés, ce qui a pour effet de saper la concurrence, de discréditer le secteur financier et plus globalement l’économie des pays développés en renforçant les tendances extrémistes dans la société », a expliqué un expert.

Nestor N'Gampoula