Forum franco-africain : François Hollande annonce d'importantes mesures

Lundi 9 Février 2015 - 11:45

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Le 6 février à Paris, les présidents François Hollande, Ali Bongo du Gabon, Alassane Ouattara de Côte d'Ivoire, Macky Sall du Sénégal et la ministre des Finances Ngozi Okojo- Iweala, représentant le président du Nigeria Goodluck Jonathan, ont présenté leur vision du partenariat en général et du partenariat économique entre l'Afrique et la France en particulier ainsi que le rôle que va jouer la Fondation franco-africaine pour la croissance.

Ngozi Okonjo-Iweala a indiqué que lorsque le terrorisme frappe à un endroit, il touche le monde entier. Nous n'aurons pas de répit contre Boko Haram avec nos voisins, a-t-elle déclaré, avant de féliciter l'engagement de la France dans la lutte contre Boko Haram et dans la lutte contre la prolifération des armes légères. L'Afrique connaît une renaissance économique, grâce aux politiques économiques audacieuses, l'Afrique s'en sort mieux, a-t-elle poursuivi, faisant remarquer l'existence d'un nouveau dynamisme, et la disparition des divisions entre l'Afrique et ses partenaires étrangers. Le Nigeria voit la France autrement, il y a une marge de croissance en dehors des ressources naturelles, a-t-elle expliqué.

Macky Sall, considère la Fondation franco-africaine pour la croissance comme une excellente initiative pour moderniser et dynamiser les échanges économiques entre la France et l'Afrique. Il a rappelé la force, la proximité de la relation entre la France et l'Afrique et que plus de 62 000 entreprises françaises sont installées sur le continent africain. L'Internet serait, selon lui, un progrès sur l'environnement des affaires, et notre défi commun est une économie ouverte à la libre concurrence, a-t-il relevé. Il note que le déclin de l'aide publique au développement facilite le marché des capitaux. Mais qu'il faut prendre des initiatives novatrices, car les besoins ont changé. Pour cela, il faut de nouveaux paradigmes, une bonne gouvernance et des procédures adaptées qui répondent aux exigences des mandats des gouvernants, a-t-il insisté. Et puis le président sénégalais a énuméré 16 projets d'infrastructures régionaux bancables. Dans tous ces projets, les entreprises françaises ont largement leur place, a-t-il dit, souhaitant que l'exercice se répète dans les 54 pays d'Afrique pour favoriser une croissance partagée, ainsi créer une nouvelle dynamique économique entre la France et l'Afrique. Il a souhaité la mise en place d'un fonds d'appui.

Ali Bongo a félicité la création de la Fondation franco-africaine pour la croissance qui, selon lui, dynamise les relations entre la France et l'Afrique. Il a proposé de concevoir des modèles de développement plus intégrés et plus durables. L'heure est à l'engagement et aux actes concrets, a-t-il déclaré. Mais, il pense que les économies africaines ont besoin de transformation surplace, citant l'exemple du secteur bois au Gabon, au lieu de l'exportation brute. Car une transformation locale d'une partie de la production crée des emplois, a-t-il souligné. Il appelle donc la France à soutenir la transformation locale, et les initiatives privées. La Fondation franco-africaine est un catalyseur de relations nouvelles entre la France et l'Afrique , a-t-il conclu.

Alassane Ouattara a plaidé pour le partenariat public-privé, rappelant sa genèse en France et son exportation en 1959 en Côte d'Ivoire par le président Félix Houphouet Boigny. Le partenariat public-privé offre une bonne perspective avec l'appui de la Banque mondiale, a-t-il souligné. Grâce à une forte croissance, les besoins en investissements du continent s'élèveraient à 100 milliards de dollars par an, or seulement 50 milliards sont trouvés, les 50 autres milliards peuvent provenir des entreprises, a-t-il proposé. Il a rappelé qu'on peut investir en Afrique « sans trop de souci », que le climat des affaires connaît des améliorations, comme d'ailleurs les textes en matière de sécurité. Pour lui, l'emploi des jeunes est essentiel, les entreprises françaises peuvent nous y aider, a-t-il dit.

Pour François Hollande, l'idée de la fondation franco-africaine pour la croissance, lancée il y a un an pour favoriser l'entreprise en Afrique et en France, est un succès, une preuve de l'intérêt que porte la France pour l'Afrique, réciproquement. Mais il n'y a pas de croissance sans sécurité et les pays d'Afrique qui connaissent la croissance peuvent ou sont touchés par le terrorisme, a-t-il regretté, avant de justifier les raisons de l'engagement de la France notamment au Mali qui risquait de perdre son territoire. Il a salué l'engagement du président tchadien, Idriss Deby Itno dans la lutte contre Boko Haram au Cameroun et au Nigeria.

François Hollande engage un investissement massif en Afrique dès 2015

« L'Afrique est exposée à la dégradation du climat, d'où le sommet de Paris de décembre. Mais l'Afrique, c'est notre avenir parce que c'est le continent qui connaît la plus forte croissance, les potentiels les plus élevés, les capacités pour assurer son développement qui est encore plein de richesses inexploitées, sa jeunesse, la France est prête à amener beaucoup de pays à investir en Afrique », a déclaré François Hollande qui est revenu sur les liens entre le continent et la France, liens humains, l'amitié, liens linguistiques. « Nous devons mieux accompagner l'Afrique dans le financement des entreprises françaises qui iront », a-t-il poursuivi, notant que 70% des projets des pays émergents seront consommés en Afrique.

« Le principal risque n'est pas en Afrique, donc nous devons regarder l'Afrique comme nous regardons les autres », a martelé François Hollande qui a proposé la création d'une banque d'exportation d'ici à la fin du mois de mars, et ses engagements pris en 2013, notamment l'investissement de 200 millions d'euros à l'AFD, et 1 milliard d'euros dédié au Fond vert. La Banque publique d'investissement (BPI) et Proparco vont lancer le fonds mixte averroès franco-africain, puis la création d'un financement participatif, pour servir de garantie pour lever les ressources à investir en Afrique, sans oublier la Coface.

Le président français est revenu sur la circulation des personnes, la  facilitation des mécanismes de délivrance des visas, rappelant que la France accueille 110 mille étudiants africains par an et qu'il fallait faciliter l'expérience des jeunes français en Afrique grâce au service civique dans le cadre du volontariat international.

François Hollande explique ce qu'est la Fondation franco-africaine pour la croissance

La fondation Franco-africaine pour la croissance est une institution qui part d'une initiative privée avec le soutien de la France. Elle a déjà mis en place des programmes, des groupes, des grappes qui rassembleront des entrepreneurs français et africains dans un réseau. L'Afrique, c'est un continent capable de sauter les étapes. La France doit être partie prenante. Grâce à cette fondation, il va y avoir des organisations nouvelles qui vont permettre d'agir », a expliqué François Hollande qui a salué l'initiative de l'ancien ministre Jean-Louis Borlo en matière énergétique, indispensable en Afrique. Cette structure sera associée à la fondation. Plusieurs villes et collectivités vont s'y associer également.  « L'Afrique est pleine d'avenir, la France est pleine de projets, c'est pourquoi nous sommes ensemble », a conclu François Hollande.

 

 

Noël Ndong