France-Afrique : décès de Charles Pasqua

Mardi 30 Juin 2015 - 12:37

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Charles Pasqua, l’ancien ministre de l’Intérieur du premier gouvernement de la cohabitation de François Mitterrand et Jacques Chirac est décédé le 29 juin, à l’hôpital Foch à Suresnes, dans le département des Hautes-de-seine (92).  Il était âgé de 88 ans.

Né le 18 avril 1927 à Grasse dans les Alpes Maritimes, ancien ministre de l’Intérieur, député puis sénateur des Hautes-de seine, l’homme à la voix éraillée, à l’accent du midi, aux formules chocs, faisait partie des hommes politiques les plus controversés en Afrique, et France.

Gaulliste convaincu, Charles Pasqua se serait engagé dans la résistance à l’âge de 16 ans, et au Rassemblement du peuple français (RPF) à 20 ans. Il effectuera la première partie de sa carrière dans le privé, chez Pernod-Ricard. Il est considéré comme le parrain politique de l’ancien président, Jacques Chirac. il sera l’initiateur de la rupture avec l’ancien président Valery Giscard d’Estaing, pour créer le Rassemblement pour la République républicain (RPR), une machine de guerre politique qui va contribuer à l’ascension de Jacques Chirac.

Charles Pasqua atteint son « graal politique (1986-1988) ». Il sera nommé au poste de ministre de l’Intérieur, à deux reprises.  Par Jacques Chirac, Premier ministre de la cohabitation de la première cohabitation,  et par Edouard Balladur, Premier ministre de la deuxième cohabitation (1993-1995) avec rang de ministre d’Etat. Il soutiendra Edouard Balladur au détriment de Jacques Chirac, à la présidentielle de 1995.

Auparavant, Charles Pasqua s’est  fait « chiper » en 1983, la mairie de Neuilly-Sur-Seine par un jeune garçon, Nicolas Sarkozy, qu’il deviendra proche par la suite.  Il sera cité dans une bonne dizaine d’affaires, dans le département du 92, allant des HLM, des financements illégaux des partis politiques, aux fameuses affaires Schuller,  vente d’armes, mais condamné qu’avec sursis dans deux d’entre elles.   

Très sulfureux, Charles Pasqua quitte le RPR en 1999 pour fonder avec un certain Philippe de Villiers, le Rassemblement pour la France (RPF). La carrière politique de Charles Pasqua, très proche de Jacques Foccart, aura eu une part d’ombre liée au sein de services d’ordre parallèles de la France, qui lui permettront de mettre en place des réseaux en Afrique.

Charles Pasqua était l’homme des formules chocs. On se souviendra  au moins deux  de ses formules liées au terrorisme : « la démocratie s'arrête là où commence l'intérêt de l'Etat », et le fameux il faut "terroriser les terroristes ». 

Les Africains retiendront de Charles Pasqua « la loi Pasqua » conditionnant l’obtention de la nationale française pour les enfants nés en France de parents étrangers à une demande expresse à partir de 18 ans, alors qu’elle était jusque là  automatique. C’est aussi une loi restreignant le droit d'asile en France. Ce sont les « charters maliens », c’est-à-dire des expulsions en masse d’Africains dans une capitale du continent  peu importe leur pays d’origine. Ce sont aussi les salles de jeux en Afrique, les PMU, des ventes d’armes.

Charles Pasqua mettra fin à sa carrière politique en 2011. Il était encore présenté le 30 mai au congrès fondateurs des Républicains. Mais on le savait très affecté par la perte de son fils Pierre-Philippe Pasqua en févier dernier. Pierre-Philippe Pasqua également « soupçonné dans des affaires de sous dans des casinos en Afrique », condamné à 3 ans de prison pour avoir bénéficié de commissions frauduleuses sur les marchés d’armement entre 1993 et 1995 avant de se réfugier en Tunisie, pour après revenir en France lorsque « le climat des affaires s’était apaisé » .

Noël Ndong

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