France/Algérie : grand test de la nouvelle diplomatie de Paris dans le Maghreb avec Jean-Yves Le Drian

Jeudi 15 Juin 2017 - 15:21

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Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a effectué une visite de 24 heures à Alger, où il a rencontré son homologue Abdelkader Messhael et le nouveau Premier ministre Abdelmadjid Tebboune.

La tournée régionale de Jean-Yves Le Drian (JYLD) et Emmanuel Macron

La visite de JYLD était centrée sur des questions sécuritaires régionales, dans le Sahel et en Libye. Elle intervient après la rupture diplomatique entre certains pays du Golfe et leur voisin qatari, et 48 heures avant la visite du président Emmanuel Macron au Maroc, et dans quelques semaines en Algérie. 

Avant Alger, le Ministre français des Affaires étrangères a précédé le chef de l'Etat au Maroc, en Tunisie et en Egyte - pays avec lequel la France a signé un juteux contrat d'armement de six milliards d'euros, sous son magistère de ministre de la Défense. Il est attendu le 15 juin  au Sénégal et  le 16 juin en Mauritanie. Les discussions achoppent sur la situation au Mali et en Libye, avec en autre toile de fond la crise dans les pays du Golfe.

La crise du Golfe s'invite dans la tournée de JYLD
La crise dans les pays du Golfe a poussé certains pays africains et du Maghreb à proposer des missions de bons offices, des marques de fraternité au peuple qatari en cette période de ramadan, ou à rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, et donc à prendre position pour l'Arabie Saoudite, chef de fil d'une coalition qui a dénoncé un prétendu soutien financier de Doha au terrorisme.

Une visite en amont du sommet de Bamako des pays du G5 Sahel

Les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Niger, Mali et Burkina Faso)  vont se réunir le 2 juillet à Bamako (Mali) pour s'accorder sur une force euro-africaine de lutte contre le terrorisme. Alger tente, de son côté, de faire aboutir la médiation en Libye. Ici, JYLD a le souci de partager la nouvelle politique extérieure de la France au Maghreb, et au-delà.

Le nouveau président français a promis une politique extérieure, notamment dans la lutte contre le terrorisme en rupture avec celle de son prédécesseur François Hollande. "Se battre contre le terrorisme, oui, mais avec une stratégie de construction de la paix, et de construction d'accords politiques sur place", avait-il expliqué à Alger février.

L'Algérie et l'Egypte, des  pays pivots dans la recherche de la paix en Libye
Au Quai d'Orsay on souligne que la visite du chef de la diplomatie française "illustre le partenariat d’exception entre la France et l’Algérie". Paris considère le Caire (Egypte) comme l'intercoluteur central dans le dossier libyen. Ce dernier est préoccupé par les retombées négatives de la crise libyenne et des groupes islamistes terroristes et ne cache pas son aversion, comme d'ailleurs d'autres pays du Golfe (Koweit, Barhein, Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis), au Qatar, qu'ils viennent de livrer à la communauté internationale en l'accusant de financer le terrorisme.

A Doha, on salue le rôle actif de la France. D'ailleurs, son ministre des Affaires étrangères Mohammad ben Abdel Rahman al-Thani était le 12 juin dernier à Paris pour rencontrer son homoloque du Quai d'Orsay, rejetant toutes les accusations de Ryad.

Doha salue l'implication de la France dans la résolution de la crise dans le Golfe
Le ministre qatari des Affaires étangères, a déclaré au cours de sa conférence de presse à Paris : "nous n'avons aucune idée des raisons qui ont poussé l'Arabie Saoudite et ses alliés à imposer le blocus à Doha". Il a salué les efforts visant à "lever les sanctions illégales et iniques" imposées à son pays. Poursuivant : "le président Macron a été très actif dans la communication entre les différentes parties de cette crise [...] La France a été très active et parle aux gouvernements en faveur d'une désescalade ".

Ajoutant : " le Qatar est prêt à asseoir et négocier [avec les pays du Golfe] au sujet de la sécurité du Golfe. Mais personne n'a le droit de discuter de notre politique étrangère. Nous avons une politique étrangère indépendante, personne ne peut en discuter". Il a qualifié de "fausses" les accusations de soutien du Hamas palestien et des frères musulmans.
L'Arabie saoudite, le Bahrein, les Emirats arabes unis, l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar le 5 juin dernier, imposant à ce dernier la fermeture de leurs frontières terrrestres et maritimes, ainsi que de sévères restrictions aériennes.

La France et l'Algérie évaluent leurs relations bilatérales
Peu d'informations ont filtré sur la teneur des discussions entre JYLD et ses interlocuteurs algériens. Par contre,  des deux parties, on a appris qu'il a été procédé à l'évaluation de l'état de leurs relations bilatérales, qualifiées de "denses et  multiples", "la recherche d'une solution politique pour permettre la stabilité en Libye", "participer à une situation régionale meilleure avec pour axe commun le combat contre le terrorisme" a déclaré le chef de la diplomatie française.

On sait que Paris et Alger ont  toujours eu des approches divergentes  sur  le dossier libyen. Paris est prêt à envoyer ses soldats en Libye, alors que Alger est opposé à tout intervention militaire.
 

Noël Ndong

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