Gabon : ouverture du dialogue de sortie de crise, sans le camp de Jean Ping

Mercredi 29 Mars 2017 - 11:35

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Quelque 1.200 organisations de la société civile et une cinquantaine de partis politiques participent à ce forum débuté mardi au Palais présidentiel à Libreville. Les travaux doivent durer 21 jours, mais ils pourront être prolongés, si nécessaire, selon une source proche de la présidence gabonaise.

Ouvert par le président gabonais Ali Bongo Ondimba, ce dialogue connaît certes la participation de la société civile et de la classe politique, mais il est boycotté par le camp de son rival Jean Ping, qui se proclame toujours président élu du Gabon. La réunion tentera de sortir le pays de la crise née de la contestation de la réélection en août dernier, de l’actuel président.

La cérémonie solennelle d’ouverture du dialogue s’est tenue en présence de délégués, des membres du gouvernement, de membres du corps diplomatique et du chef de l’Etat qui a appelé ses compatriotes à régler « la querelle de famille » post-électorale.

Le président a notamment, dans son allocution, brossé un tableau de l’histoire politique du Gabon dès avant l’indépendance. « La vérité des faits, a-t-il souligné, est que les palabres post-électorales » sont une constante dans le pays. « Crise politique au Gabon ? Non, querelle de famille », a cité Ali Bongo, en guise d’exemple, en se référant au titre d’un article de presse datant de 1958 et évoquant un litige électoral entre deux personnalités gabonaises de l’époque.

Pour le chef de l’Etat, « il n’y a rien de nouveau sous le soleil gabonais », allusion faite à la crise post-électorale de 2016.  « Ce que certains appellent crise est et doit rester une querelle de famille », a-t-il estimé. Et se livrant à un éloge de la palabre et du dialogue, Ali Bongo Ondimba a dit que ces vertus sont des « éléments essentiels » de « l’ADN politique » des Gabonais. « Vous débattrez de tout », a-t-il lancé aux participants au dialogue : « nos institutions doivent refléter notre identité ».

Durant ces assises, les participants vont notamment plancher sur la réforme des institutions, la réforme du code électoral, le rôle de la Cour constitutionnelle, ou encore la consolidation de la paix et de la cohésion sociale.

Le président Ali Bongo Ondimba avait annoncé ce « dialogue politique inclusif et sans tabou » immédiatement après la validation de sa réélection le 24 septembre par la Cour constitutionnelle. La première annonce de sa victoire avait suscité des violences rares dans le pays.

La Coalition pour la nouvelle République (CNR) de Jean Ping a assuré que malgré le lancement du dialogue, rien ne résoudra la crise dans le pays. « À la fin de cette mascarade (le dialogue), la réalité de la situation de crise profonde dans laquelle se trouve le Gabon se confirmera et Ali Bongo devra se résoudre à comprendre qu’il ne peut diriger le Gabon contre la volonté des Gabonais qui n’attendent de lui qu’une chose : qu’il quitte le pouvoir », a jugé le porte-parole de Jean Ping, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi.

« Que tel ou tel ne participe pas, peu importe, cela ne gêne pas », avait assuré la semaine dernière le Premier ministre gabonais Emmanuel Issoze Ngondet, en mettant en avant la participation « massive » au forum.

Ce dialogue devrait être le préalable à des élections législatives, déjà reportées au plus tard à fin juillet 2017, mais qui pourraient être de nouveau ajournées en cas d’adoption de réformes constitutionnelles, a-t-on indiqué de source proche de la présidence.

Jean Ping, pilier du régime du défunt Omar Bongo Ondimba père de l’actuel chef de l’Etat, avait été crédité par la Cour constitutionnelle de 47,24% des voix contre 50,66% pour Ali Bongo Ondimba. Ses partisans qui dénoncent la partialité de la Cour avancent notamment le rapport de la mission électorale d’observation de l’Union européenne qui parle d’« anomalies » mettant en cause le « résultat final de l’élection ».

 

 

Nestor N'Gampoula

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