Gécamines : audits et chantiers de développement en 2018

Lundi 8 Janvier 2018 - 17:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’année 2017 s’est achevée quelque peu en beauté avec l’inauguration, le 22 décembre, du siège modernisé de la Générale des carrières et des mines (Gécamines) à Lubumbashi, la capitale du Haut-Katanga. Toutefois, l’attention reste focalisée sur les résultats négatifs des audits réalisés sur les partenariats de la société entre 2015 et 2017. Pour le nouvel exercice, le ton est donné par le Conseil d’administration avec l’annonce des grands chantiers et défis en vue de moderniser le fonctionnement général du géant des mines. Par ailleurs, l’on évoque également la possibilité d’une clarification des accords en place.

Le Conseil d’administration a relevé avec inquiétude que l’écrasante majorité des partenariats dont la gestion a été confiée par Gécamines à des partenaires extérieurs présente actuellement des résultats négatifs. En clair, ces partenariats ne génèrent aucun dividende et ne participent pas au développement national dans la mesure escomptée. Face à ce constat désastreux, il avait été initié entre 2015 et 2017 une série d’audits avec l’aide des cabinets internationaux spécialisés. Aujourd’hui, les résultats disponibles viennent confirmer les soupçons de départ. « Les premiers résultats des audits laissent apparaître qu’ils auraient été gérés au détriment de Gécamines, souvent au moyen des pratiques comptables et de gestion inacceptables », explique le président du Conseil d’administration, Albert Yuma. D’où la société commerciale annonce des mesures fortes pour cette année. D’abord, elle compte engager des « discussions franche » avec ses partenaires et clarifier les accords en place en cas de nécessité. La réforme minière actuelle apportera également une touche déterminante à cette démarche de Gécamines dans la mesure où l’objectif des autorités congolaises est d’arriver justement à rééquilibrer le système de partage de la richesse minière de la RDC. Il n’est pas faux de rappeler que le boom minier a profité davantage aux investisseurs étrangers plutôt qu’à l’État congolais et aux producteurs locaux. « Il est désormais clair que les dispositions généreuses du Code minier de 2002 ne permettent pas à la RDC de tirer pleinement profit de ses abondantes ressources naturelles ».

La société commerciale veut prendre toutes ses responsabilités en décidant de rompre avec les schémas du passé. Aussi fait-il le choix de la subsidiarité. « Elle nouera des partenariats que pour les opérations qui nécessitent l’apport de tiers et qui lui permettront de maximiser le retour industriel ou financier ». C’est la deuxième mesure forte de Gécamines pour juguler sa situation peu confortable. Actuellement, deux schémas de partenariat innovants vont constituer des projets pilotes avec des partenaires. Le premier vise à mettre en place un partenariat limité dans le temps avec des conditions rigoureuses, dont la récupération de l’outil de production opérationnel à l’issue d’une période convenue, la répartition actionnariale égalitaire, l’implication réelle des cadres congolais dans le comité de pilotage du projet et la répartition effective de la sous-traitance. Les deux derniers points font souvent l’objet d’intenses critiques pour l’absence de leur prise en compte malgré une législation déjà claire sur cette matière. Quant au deuxième schéma, il concerne le partage de production minière. On le dit inspiré de l’industrie pétrolière. Concrètement, elle permet à Gécamines de bénéficier directement d’une part de la production minière, en dépit des résultats financiers du partenariat.

Enfin, nous parlions tout à l’heure de la modernisation de la société commerciale. Le Conseil d’administration admet que ce processus de modernisation ne peut porter ses fruits que si la Gécamines elle-même y prend une part active. Il y a déjà des audits réalisés sur l’outil industriel et l’organisation par des cabinets spécialisés. Les résultats viennent confirmer l’obsolescence de l’outil de production et une organisation industrielle et institutionnelle peu adaptée aux enjeux de l’heure. Quelques décisions fortes seront prises, partant de la fermeture pure et simple des sites dangereux à la réalisation d’une étude bancable pour la création d’une usine nouvelle en passant par la concentration des activités sur les filières les plus rentables et l’investissement dans la certification des réserves. Depuis 25 ans, aucune certification n’a été réalisée. Il faudrait aussi revoir les conditions et méthodes de travail au sein de la Gécamines, moderniser progressivement les installations, intégrer les meilleurs standards internationaux dans l’organisation de la société et élaborer un plan global de formation des effectifs aux dernières évolutions techniques, juridiques et financières. Le Conseil d’administration fixe la barre très haut et l’année promet d’être riche en rebondissements. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non