Génocide rwandais : Kigali demande l'entraide judiciaire pour interroger vingt officiers français

Lundi 5 Décembre 2016 - 9:43

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Le procureur général du Rwanda a saisi la justice française d’une demande d’entraide judiciaire dans le cadre d’une enquête criminelle pour complicité visant 20 officiers de l’armée française.

Le procureur général du Rwanda Richard Muhumuza a adressé à son homologue de la cour de Cassation à Paris, JeanClaude Marin une demande d’entraide judicaire qui ne va arranger les relations diplomatiques entre les deux pays, le Rwanda et la France. Richard Muhumuza sollicite le concours de la justice française Afrique que « les officiels de l’organe national de poursuite judiciaire du Rwanda puisent procéder eux-mêmes, à l’ambassade du Rwanda à Paris, aux interrogatoires » de vingt officiers français ayant servi au Rwanda entre 1990 et 1994.

Richard Muhumuza écrit : ces personnes sont « poursuivies pour complicités de crime de génocide et de crimes contre l’humanité ». Ajoutant : « En l’absence de convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre la France et le Rwanda, la présente demande est formulée sur la base de la courtoisie internationale et de l’offre de réciprocité des magistrats requérants ».  Cette démarche serait la réponse aux commissions rogatoires internationales effectuées par des magistrats français au Rwanda.

La commission d’enquête rwandaise avait mise en cause 13 personnalités politiques et 20 militaires français.  Les hautes autorités rwandaises ont déjà fait part à la France de leur mécontentement face à une démarche qu’elles avaient qualifiée de « dilatoire ». Kigali accusait l’instruction du juge Jean-Louis Bruguière de s’être focalisée exclusivement sur une responsabilité du Front patriotique rwandais de Paul Kagame dans l’attentat de l’ancien président Juvénal Habyarimana, guidée plutôt par « des considérations politiques » héritées d’un ancien contentieux entre les deux pays. Plusieurs ruptures diplomatiques s’en suivirent.

Interrogé à l’Assemblée nationale à propos de la liste d’officiers, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian  a précisé que « cette récente publication s’inscrit dans la droite ligne des thèses précédentes » et « ne présente rien de neuf ». Avant de conclure : « affirmer que l’armée française a pris part au génocide est un mensonge indigne, que je ne tolérerai jamais ».

Noël Ndong

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