Gestion des déchets plastiques : un problème d’ampleur mondial

Vendredi 20 Novembre 2020 - 13:04

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Une récente étude sur la production des déchets plastiques au niveau mondial révèle que contrairement aux anciens rapports d’experts, ce ne sont plus les pays d’Asie qui sont les principaux responsables de la pollution plastique mondiale, mais plutôt les Etats-Unis.

Alors qu’une poignée de pays asiatiques était pointée du doigt comme responsables de la pollution plastique mondiale, cette nouvelle étude révèle que les États-Unis seraient en fait les premiers producteurs de déchets plastiques au monde. Si le rapport souligne que la Chine est le plus grand fabricant de plastique de la planète, les États-Unis sont, de loin, la nation qui génère le plus de déchets plastiques au monde : en 2016, le pays en a produit 42 millions de tonnes. Les États-Unis occupent également la troisième place du podium des pays côtiers contribuant à l’afflux de déchets sur le littoral, soit parce que ces derniers ont été jetés illégalement, soit en raison de leur mauvaise gestion.

Moins de 10 % des déchets plastiques américains sont recyclés et les États-Unis envoient depuis 30 ans la moitié des déchets plastiques recyclables à l’étranger, principalement en Chine et dans d’autres pays en voie de développement qui ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour les traiter. Cette pratique a été fortement réduite lorsque la Chine a annoncé en 2018 qu’elle cessait d’acheter des déchets plastiques dans le cadre de sa campagne écologique visant à nettoyer son propre environnement. C’est en partie à cause de cette pratique de « recherche des coupables » que les auteurs de l’étude ont décidé de mener l’enquête, car cela ne permet pas de regrouper les pays pour trouver une solution mondiale au problème.

Cette nouvelle étude ne porte pas seulement sur l’analyse de la gestion des déchets plastiques par les États-Unis. Cette année, l’Académie nationale des sciences des États-Unis a tenu sa première réunion publique pour une évaluation de 18 mois sur la contribution du pays aux déchets plastiques. Cette évaluation a été demandée par le Congrès américain et doit être rendue fin 2021. Elle est inscrite dans la législation finançant le programme relatif aux déchets maritimes de la « National Oceanic and Atmospheric Administration » (NOAA), qui supervise le projet.

S’appuyant sur les données de la Banque mondiale provenant de 192 pays côtiers, les auteurs de l’étude ont conclu que 8 millions de tonnes métriques de déchets plastiques, rejoignaient en moyenne la mer depuis les côtes chaque année. Ce chiffre a été largement accepté comme valeur de référence. Dans l’étude datant de 2015, les scientifiques avaient également publié un classement des vingt pays qui contribuaient le plus aux déchets plastiques et qui a été largement diffusé depuis. Les cinq plus importants pollueurs plastiques étaient la Chine, l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam et la Thaïlande. Les États-Unis occupaient la 20e place du classement et étaient le seul pays riche à y figurer.

Une meilleure gestion dans les pays en voie de développement

Bien sûr, les pays densément peuplés et en voie de développement d’Asie et d’Afrique, qui connaissent l’expansion de leur classe moyenne et un appétit grandissant pour les produits de consommation, mais manquent d’infrastructures pour gérer correctement les déchets, contribuent fortement à ce problème mondial. Si l’étude novatrice de 2015 sur la pollution plastique marine n’incluait pas le déversement illégal et l’exportation de déchets plastiques, la nouvelle étude les prend en compte, mais uniquement pour les États-Unis. Selon les chercheurs, les données pour les autres nations n’existent pas ou sont incohérentes.

Les scientifiques ont toutefois découvert que la plupart des pays en voie de développement présentant une mauvaise gestion des déchets dans l’étude de 2015, qui utilisait les données de 2010, ont depuis progressé dans la gestion des déchets et la construction des infrastructures. Les pays asiatiques qui occupaient les cinq premières places du classement se sont aussi améliorés. À titre d’exemple, la Chine a connu une diminution de 60 % des déchets générés et un recul de 51 % pour ce qui est des déchets mal gérés, ce qui s’explique principalement par la construction rapide d’incinérateurs.

En analysant les données de 2016, l’équipe a constaté que 3 % de tous les déchets plastiques générés aux États-Unis étaient jetés ou illégalement déversés dans la nature. Si ce pourcentage semble faible, cela représente toutefois 1,25 million de tonnes métriques de déchets. Selon les auteurs de la nouvelle étude, malgré les bouleversements qu’a connus le commerce des déchets plastiques, la raison principale pour laquelle les États-Unis en exportent un aussi grand volume reste la même : le secteur du recyclage continue de poser des problèmes dans le pays et nécessite une restructuration urgente.

En 2016, les États-Unis ont contribué à jeter dans la nature 2,24 millions de tonnes métriques de déchets plastiques, dont plus de la moitié (1,5 million) le long du littoral, ce qui signifie que la probabilité qu’ils finissent dans les océans est très élevée.

Boris Kharl Ebaka

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