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Gestion des terminaux portuaires à conteneurs : les enjeux en AfriqueJeudi 31 Mai 2018 - 16:45 Plus de 80 % du commerce extérieur de l’Afrique transite par les ports, alors que, ce continent ne représente que 5 % du commerce maritime mondial et 2 % du trafic conteneurisé du monde. Sur ses 5,5 millions de conteneurs Équivalents vingt pieds en 2016, 50,06% concernent l’Europe, 40,99% l’Extrême Orient, 5,90% le Moyen-Orient, 2,62% l’Amérique du sud et 0,43% l’Amérique du nord (OMC, 2017). La flotte est exploitée par les armateurs mondiaux comme Maersk (39,54%), CEMA-CGM (24,09%), MSC (18,28%), PIL (6,47%), Zim et Grimaldi 4,44% chacun, et Mol (3,06%). Mais le modèle de gestion portuaire africain est dominé par : Au Sénégal, le Port autonome de Dakar est actionnaire de 10 % du capital de DP World pour la concession du terminal à conteneurs, 5 % dans celui de Dakar-Terminal pour le terminal roulier et 10 % dans celui de Necotrans pour le terminal vraquier et les opérateurs locaux 25 %. Au Ghana, le concessionnaire du terminal à conteneurs, Ghana meridian port services, regroupe la société Bolloré pour 35 %, APMT 35 % et Ghana port harbours autority 30 %. Au Congo, le concessionnaire Congo Terminal regroupe la société Bolloré pour 51 %, SDV Congo, Socotrans, Samariti, Translo, Maersk pour 25 %, et les opérateurs locaux pour 24 %. Mais, les conflits d’intérêt entre les parties affaiblissent les performances ; 2) les coûts logistiques élevés : La concession portuaire africaine comprend à la fois l'autorisation d'occuper le domaine public et l'obligation d'aménager et d'exploiter le périmètre et les ouvrages pendant au moins vingt-cinq ans en moyenne, contre une redevance et un droit d’accès qui renchérissent le fret. Les terminaux africains dégagent des coûts de passage de 1 500€ (manutention, stockage, livraison locale), contre 250 à 300 € en Europe. Les coûts portuaires (remorquage, pilotage, lamanage, droit de port,…) vont de 6552€ à Lomé jusqu’à 26 371€ à Dakar. Les conteneurs sont immobilisés durant vingt jours. La productivité horaire des portiques à conteneurs est comprise entre sept et vingt-deux conteneurs, contre vingt et trente dans les grands ports mondiaux de référence. Les porte-conteneurs dépassent rarement les 2000 TEUs. 60% des capacités des ports sont exploités en Afrique de l’ouest contre 75% en Afrique australe. Les ports de Lagos-Apapa, Luanda et Dar es-Salaam atteignent leur pleine capacité. Sur les quinze ports africains notés par l’Observatoire Europe-Afrique des ports (2017) de 2014 à 2016, la qualité des services s’améliore dans 40% des ports, notamment en Afrique du Sud (scores 4,2 à 4,2), Côte d’Ivoire (5,1 à 5,2), Namibie (5,2 à 5,2) et aux Seychelles (5 à 5). La qualité est moyenne dans 20% des ports du Sénégal (4,4 à 4,1), Tunisie (3,9 et 3,6) et d’autres. Elle se dégrade dans 40% des ports : en Algérie (2,8 à 3), Éthiopie (2,6 à 3,2) et ailleurs. Les gains versés aux États sont dérisoires. Bolloré, qui réalise 80% de son bénéfice en Afrique (Exane BNP-Paris Bas), verse au Togo des impôts sur les sociétés de six cents millions FCFA en 2016, et 1,261 milliard FCFA en 2017 ; et à la Côte d’Ivoire 10,122 milliards et 13,143 milliards FCFA. La performance logistique qui consiste à assurer la fiabilité des chaînes d’approvisionnement reliant les économies aux marchés, évaluée par le Logistic performance index de la Banque mondiale (2016), distingue trois ports : l’Afrique du Sud (20e mondial, avec un score de 3,78), le Kenya (42e, 3,33) et l’Égypte (49e, 3,18) ; alors qu’entre 2007 et 2017, plus de cinquante milliards $ ont été investis dans le secteur portuaire du continent. Selon PwC (2017), une amélioration de 25% des performances de ces ports réduirait les importations de l’Afrique de 3,2 milliards $ par an, et augmenterait ses exportations de 2,6 milliards $ et un gain de deux points de croissance du produit intérieur brut par an. Emmanuel Okamba,maître de conférences HDR en sciences de gestion Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |