Gestion du processus électoral : Aubin Minaku et Corneille Nangaa sous sanctions américaines

Samedi 23 Février 2019 - 17:00

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Dans un communiqué diffusé le 22 février, les Etats-Unis d’Amérique disent sanctionner cinq responsables impliqués dans le processus électoral en République démocratique du Congo (RDC),  qu’ils accusent de corruption, d’enrichissement personnel et d’entrave à la démocratie.

Alors que les sanctions de l’Union européenne sur certaines autorités politiques et militaires de la RDC courent toujours sans espoir de leur levée dans un délai court, les Etats-Unis d’Amérique viennent, eux aussi, de corser l’addition en imposant des nouvelles sanctions à cinq personnalités congolaises.

C’est au travers d’un communiqué publié le 22 février que le Département d’Etat américain a annoncé ces sanctions cristallisées essentiellement autour de la restriction des visas. Les personnalités sanctionnées ainsi que leurs familles sont dorénavant interdites d’entrée sur le territoire des Etats-Unis jusqu’à nouvel ordre. Il s’agit de Corneille Nangaa (président de la Commission électorale nationale indépendante-Céni), Aubin Minaku (l’ex-président de l’Assemblée nationale), Benoît Lwamba (président de la Cour constitutionnelle), Marcel Mokolo (Conseiller à la Céni) et de Norbert Basengezi (vice-président de la Céni). Le Département d’Etat américain les accuse de s’être enrichis personnellement « par la corruption ou en supervisant des violences contre des personnes exerçant leur liberté d’expression et leur droit à se rassembler pacifiquement ».

Le communiqué se veut expressif : « Les États-Unis soutiennent le peuple de la République démocratique du Congo à la suite du transfert historique du pouvoir de ce pays. Les élections reflètent le désir du peuple congolais pour le changement et les institutions gouvernementales responsables. Cependant, la conduite et la transparence du processus électoral suscitent des préoccupations légitimes ». Une façon pour Washington de relativiser le processus électoral en RDC ainsi que les résultats l’ayant sanctionné qui,  dans une large mesure, seraient le fait de corruption.

Juste après l’annonce de ces mesures, des réactions ne se sont pas fait attendre. Le président de la Céni, qui s’est exprimé à l'agence britannique Reuters, a simplement regretté être cité parmi les corrompus, tout en plaidant non coupable. « Je rejette de telles mesures (…). Je ne suis impliqué dans aucun type de corruption. Je n’ai aucune idée sur ces mesures, je n’ai pas de commentaire et je rejette les allégations de corruption », a déclaré Corneille Nangaa.

Poussant loin la réflexion, certaines langues établissent un lien étroit entre ces sanctions et le nouveau code minier qui, dans sa configuration actuelle, bénéficie à l’Etat congolais au détriment des opérateurs miniers étrangers qui font tout pour obtenir sa révisitation.

Serge Kadima, un des porte-paroles du Front commun pour le Congo, a estimé que les sanctions américaines imposées à cinq personnalités congolaises constituent une pression morale, juste pour obtenir la requalification du code minier aujourd’hui tourné vers la satisfaction, en primeur, des intérêts congolais. « Ces sanctions sont une pression morale sur les collaborateurs de Joseph Kabila afin que ces Etats puissent obtenir gain de cause pour obtenir la revisitation du code minier qui est dans la configuration actuelle favorable au peuple congolais », a-t-il dit.

Il a décélé, par ailleurs, un manque d’objectivité dans les arguments avancés par le Département d’Etat américain pour justifier ses sanctions. Comment les Etats-Unis, qui n’ont pas envoyé des observateurs lors des scrutins du 30 décembre 2018, ont-ils pu être informés sur les faits de corruption dont se seraient rendus coupables les personnalités incriminées, s'est-il  interrogé. « Je pense qu’à ce stade, il était important que les Etats-Unis puissent collaborer avec les témoins et les observateurs qui étaient sur place pour faire une mise en cohérence de tous les éléments pouvant leur permettre de prendre une position objective », a-t-il ajouté.

Qu’à cela ne tienne. Cependant, une certaine opinion pense que ces sanctions  témoignent de l’engagement du Département d’État à travailler avec les nouvelles autorités de la RDC. Elles constituent également, pour elle, un appel au nouveau gouvernement de concrétiser son engagement à mettre fin à la corruption et à renforcer la démocratie, la responsabilité et le respect des droits de l'homme.

Alain Diasso

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