Gestion foncière : Oakland Institute estime que des terres africaines de la taille de la France ont été louées ou vendues à des gouvernements étrangers

Jeudi 16 Janvier 2014 - 14:57

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Malgré les avancées dans la production alimentaire, le nombre de personnes souffrant de la famine dans les pays pauvres d’Afrique a augmenté, selon les chercheurs de l’ONG Oxfam, qui exhortent les donateurs européens et les gouvernements africains à investir davantage dans de petites exploitations agricoles et à inclure la population rurale dans le processus de prise de décision

Selon le nouveau rapport de l’Association mondiale de lutte contre la pauvreté, plus de 230 millions de personnes, soit un Africain du Sud- Sahara sur quatre, sont sous-alimentées. Ce qui correspondrait à une augmentation de plus de 38% par rapport à il y a 20 ans, ce malgré des améliorations dans les ressources alimentaires et la santé nutritionnelle dans plusieurs pays africains.

Oxfam relève que l’accès aux terres et le sous-investissement dans le secteur agricole maintiennent trop de personnes dans des conditions de pauvreté extrême. Les Organisations internationales qui restent préoccupées par la sécurité alimentaire en Afrique, un continent en croissance rapide, soutiennent les conclusions du rapport. Un organe de recherche de la Commission européenne (CE), va publier un atlas révélant que la dégradation de la terre et du sol menace la production alimentaire en Afrique.

Le directeur de l’équipe de recherche d’Oxfam, Ricardo Fuentes-Nieva, a déclaré : « Une place de premier plan devrait être davantage accordée au secteur agricole parce que la majorité des personnes vivent […] et obtiennent un salaire. » Et d'ajouter : « L’Afrique peut produire la nourriture dont elle a besoin pour réduire la faim et améliorer la nutrition, si le secteur agricole reçoit l’aide appropriée grâce à des politiques nationales et internationales. »

En revanche, le sous-investissement dans la recherche, la formation, l’irrigation et le stockage, entrave la productivité agricole sur le sous-continent, selon certaines études. Fort de ce constat, il faut ajouter le mauvais état des routes qui freine la vente des produits agricoles sur les marchés, ce qui nuit à la lutte contre la faim et aux moyens d’existence des producteurs. Selon l’OCDE, 4,9% des 100 milliards d’euros de l’aide mondiale au développement ont été alloués au soutien de la production agricole en 2011.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a demandé un accroissement des investissements agricoles dans les pays en développement pour créer des emplois et nourrir la population subsaharienne, qui pourrait passer de 860 millions aujourd’hui à près de 2 milliards d’ici 2050. Elle note que la production agricole moyenne mondiale a chuté depuis les années 1960, et que les menaces contre la qualité des terres et de l’eau douce pourraient annuler davantage les progrès réalisés dans la production agricole. L’Afrique subsaharienne compte 31% de personnes sous-alimentées, contre 29% au début du siècle. Des chercheurs de la CE craignent que de plus en plus de terres africaines soient utilisées pour la production de cultures destinées à l’exportation et non à la consommation locale.

L’Oakland Institute, un groupe de réflexion basé en Californie, estime que des terres africaines de la taille de la France ont été louées ou vendues à des gouvernements étranges ou à des investisseurs depuis 2008 pour exporter des matières premières et du biocarburant. L’Institut souligne que le déplacement et les moyens de subsistance affectés deviennent des sources sérieuses d’inquiétude internationale.

En effet, certains gouvernements africains qui comptaient sur des investisseurs pour créer des emplois et des revenus, ont reconnu que les transactions foncières nuisent aux petits agriculteurs en les éloignant des terres fertiles ou en minant leurs réserves d’eau. Plusieurs gouvernements africains sont en train de revoir leurs politiques de locations de terres agricoles.

Pour Oxfam, qui prépare un rapport sur l’appropriation des terres par des étrangers, indique que la faible gouvernance en Afrique était partiellement responsable des locations des terres et des investissements inadaptés dans l’agriculture, malgré le rôle important de l’agriculture dans l’emploi rural et la croissance économique. En effet le secteur rural n’est pas représenté dans le processus de décision. 

Noël Ndong