Gouvernance publique : l’IRDH dénonce la monopolisation de l’appareil de l’État par la majorité au pouvoir

Lundi 20 Août 2018 - 16:45

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L'association se dit inquiète de la régence des activités politiques du pays par l’entremise des seuls cadres du Front commun pour le Congo (FCC).

Dans son bulletin électronique n° 124 du 18 août, l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) a exprimé les inquiétudes des chercheurs de son Projet d’application des droits civils et politiques (PAD-CIPO) par rapport à ce qu’ils ont qualifié de « monopolisation de l’appareil de l’Etat » par le FCC et des « abus qui en découlent ». Ces nouvelles pratiques, font remarquer l’IRDH et ses chercheurs,  violeraient l’article 21 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui garantit à toute personne le droit de prendre part à la direction et d’accéder aux fonctions publiques de son pays, dans des conditions d’égalité. Ce principe du droit international, soutient cette organisation, est aussi domestiqué par l’article 7 de la Constitution de la RDC qui dit que « nul ne peut instituer, sous quelque forme que ce soit, de parti unique sur tout ou partie du territoire national. L’institution d’un parti unique constitue une infraction imprescriptible de haute trahison punie par la loi ».

L’institutionnalisation du FCC

De l’avis de l’IRDH, toutes les activités politiques de la République sont désormais régentées par l’entremise des seuls cadres du FCC. Ce fait, fait observer cet institut, inquiète d’autant plus que la création de ce regroupement privé a été annoncée par le porte-parole du gouvernement, le 7 juin dernier, à l’issue du Conseil des ministres présidé par le président de la République.

Cet institut affirme que l'institutionnalisation du FCC s’est poursuivie avec la signature de la Charte portant sa création par tous les membres du gouvernement national et les gouverneurs de province, au cours d’une cérémonie présidée par le directeur de cabinet du chef de l’État, en présence d’autres personnalités politiques et le personnel de la Fonction publique émargeant du budget de l’État. ll trouve encore plus inquiétante l’annonce, par le comité stratégique de ce regroupement politique, d’une décision qui relève du pouvoir judiciaire. Il s’agit ici de l’émission d’un mandat d’arrêt international contre le candidat d’un autre regroupement politique (Ensemble pour le changement), Moïse Katumbi Chapwe. « En somme, le FCC concentre le pouvoir de l’État entre les mains de ses cadres et en abuse en répandant son idéologie, par la Radiotélévision nationale congolaise et Télé 50, comme vérité officielle de l’État et fait la propagande précoce en faveur de M. Emmanuel Ramazani Shadary, son candidat à la présidence, le 23 décembre 2018 », a indiqué l’IRDH. Il a souligné également que de même, la Police nationale congolaise, les Forces armées de la RDC ainsi que l’Agence nationale de renseignement étaient utilisées pour dissuader toute voix discordante. À cet état de choses, renchérit l’institut, s’ajoutent l’incarcération des leaders politiques et d’opinion, le mépris grandissant des journalistes, des ONG des droits humains et de l’Église.

Face à ces éléments relevés, l’IRDH et ses chercheurs ont mis les animateurs du FCC face à leur responsabilité historique, en les appelant à se ressaisir et à mettre un terme à la stratégie en cours d’exécution tendant à instaurer un parti-État dans le pays. Cette association dit, par ailleurs, attendre des partis politiques d’opposition de mobiliser la conscience citoyenne par l’éducation civique que leur recommande l’article 6 de la Constitution, afin de préserver la démocratie multipartiste et l’État de droit. Les organisations de la société civile, en particulier les confessions religieuses et les intellectuels universitaires sont, elles, appelées à focaliser leurs plaidoyers et prêches sur les droits civils des citoyens congolais et à réfuter l’instauration d’un parti-État en RDC. La communauté internationale est, quant à elle, exhortée à encourager le régime de Kinshasa à se conformer à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

La cérémonie de signature de la Charte du FCC

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