Grand écran : Aya de Yopougon, un brin de nostalgie partagée à Kinshasa

Samedi 14 Décembre 2013 - 13:36

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Avec quelques airs anciens en lingala rythmant certaines séquences et les deux publicités mythiques des années 80 Monganga et Blue Band, l’avant-première du dessin animé de Marguerite Abouet était loin de laisser indifférents les cinéphiles réunis dans l’auditorium du Fleuve Congo Hotel la nuit du jeudi 12 décembre.

Marguerite Abouet peut se réjouir d’avoir fait mouche au regard des réactions suscitées par la soirée VIP de jeudi, en avant-première de sa réalisation. Si, comme elle l’a confié à la presse : « Avec Aya de Yopougon j’ai trouvé le moyen de garder quelque part mes souvenirs d’enfance, souvenirs d’un pays quitté trop tôt », il s’en trouvait aussi plusieurs dans la salle prêts à témoigner d’y avoir trouvé leur compte. Vécu plus comme un moment de partage qu’autre chose, le film d’animation a ravi le public qui, à l’occasion ne manquait pas de le manifester. La bonne humeur était donc au rendez-vous de la projection qui a duré 1h24’.

Adaptation des deux premiers tomes de la série de bande dessinée Aya de Yopougon, sorti à peine en juillet dernier, le dessin animé bien accueilli à Kinshasa est déjà prisé. Quand Marguerite dit qu’il est un « film africain avant tout », elle n’a pas tort. Elle en a écrit le scénario, certes en souvenir de ce quartier où elle a vécu douze ans de sa vie, mais l’histoire des demoiselles de Yopougon, quartier à ce jour populaire d’Abidjan, pourrait bien se transposer à un quartier populaire de Kinshasa sans rien perdre de sa substance. Les Kinois ont du reste eu un motif de fierté à voir la part que ce film accorde à leur culture. Ce que la scénariste n’a, par ailleurs pas nié, au contraire. « À Yopougon, j’avais pour voisins des Camerounais, des Zaïrois, etc. et j’ai grandi avec ces sons-là. Je ne pouvais pas faire un film sans mettre tous ces sons », a-t-elle dit pour justifier Bel Abidjan de Tabu Ley et Amina de Tshala Mwana, ses airs familiers congolais entendus, non sans plaisir, à un moment ou un autre du film.

Quatre projections populaires

Le long métrage d’animation, dont les quatre autres projections du week-end étaient populaires cette fois, est au goût des Kinois. Toutes gratuites, elles étaient programmées deux fois le vendredi 13 décembre (19h00 et 21h00) et les deux autres, l’avant-dernière et la dernière, les samedi 14 et le dimanche 15 décembre à 19h00. Celle-ci devait être précédée par un défilé de mode des créations de la société Uniwax. Les cinq projections d’Aya, la soirée VIP et les soirées populaires au Shark Club ont été offertes par Vodacom, le partenaire officiel de l’événement avec le soutien de Total, Uniwax et de l’agence Onyx auxquels se sont joints des médias locaux.

Le choix de Marguerite de « montrer le quotidien de l’Afrique » à travers l’histoire d’Aya et de ses deux amies, Adjoua et Bintou, est aussi une invitation à découvrir la vie des jeunes gens à la fin des années 1970. Mieux, elle fait exprès d'orienter les projecteurs sur une période où « il n’y a pas de guerre en Afrique ». Ce qui permet juste, affirme-t-elle, de « partager des moments de vie des Africains ». Une démarche qui tient à s’écarter des habituels stéréotypes, « ce que les médias nous renvoient de l’Afrique qui me gênait. J’ai voulu montrer une Afrique urbaine. Montrer non pas comment les jeunes meurent mais plutôt comment ils vivent », nous a confié la scénariste devenue réalisatrice. Aussi, le grand souhait de Marguerite est-il avant tout de « présenter partout en Afrique ». À ses yeux, ce film qui s’adresse à tout public « à partir de 10 à 110 ans est fédérateur ».

Fin des années soixante-dix, à Yopougon, quartier populaire d'Abidjan rebaptisé Yop City « pour faire comme film américain », vivent Aya et ses deux amies, Adjoua et Bintou. Elles ont dix-neuf ans, l'âge où tout est possible, mais si Aya souhaite devenir médecin, les deux autres sont plus versées dans les soirées au maquis et la chasse au mari. Autour de ce trio choc on croise des personnages aux destins divers, comme Ignace, le père volage d'Aya qui jongle entre plusieurs « bureaux », Moussa, le fils du puissant Bonaventure Sissoko, qui compte sur sa Toyota pour emballer les filles, Fanta et Koro, les mamans qui s'efforcent de protéger leurs filles ou Grégoire, le « Parisien », qui flambe son magot au fameux Hôtel Ivoire.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : L’affiche des projections kinoises d’Aya de Yopougon