Guy Gweth : « L’Afrique doit investir dans l’éducation »

Mardi 3 Mai 2016 - 15:46

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Le spécialiste de l’intelligence économique était l’un des deux intervenants invités au dîner de réflexion organisé, le 29 avril, à Bruxelles par le think tank « Le Cercle d’excellence » sur le thème « Apport et impact économique de la diaspora africaine en Europe ». Pour le fondateur de Knowdys Consulting Group, l’éducation est le chantier essentiel si le continent veut réellement changer la face du monde.

D’entrée de jeu, Guy Gweth a tenu à préciser qu’à l’heure actuelle et sur la base des investigations menées, il n’existe pas d’impact économique de la diaspora africaine, en comparaison des diaspora juive, chinoise ou indienne. « À l’état actuel des choses, nous sommes incapables de tirer dans la même direction », a souligné le fondateur de Knowdys Consulting Group, cabinet de conseil en intelligence économique et affaires publiques spécialisé dans les marchés subsahariens. « Si on me posait aujourd’hui la question de savoir s’il faut que la diaspora africaine survive ou pas, je répondrai : assassinez-la et laissez émerger une génération spontanée. Au vu de nos investigations, la diaspora actuelle est totalement inadaptée pour être les parents des enfants que nous mettons au monde aujourd’hui. Même si aujourd’hui nous représentons 7% de la richesse mondiale, ce qui est colossal en tant que continent, ce basculement qui a eu lieu, ce changement de paradigme qui a eu lieu au cours des quinze dernières années, ajouté au développement des technologies de l’information fait que nous sommes incapables d’orienter les enfants de 5 à 12 ans que nous avons chez nous. Le monde a tellement changé que si on voulait leur transmettre ce que nous avons reçu de nos parents en totalité, on serait de mauvais parents. Nous n’avons jamais connu le monde dans lequel ils vivent aujourd’hui. Un monde d’une vitesse inouïe, d’une capacité d’innovation exceptionnelle et qui attend des Africains totalement décomplexés », a indiqué Guy Gweth. Pour ce dernier, les fonds envoyés en Afrique par la diaspora (évalués à 35 milliards en 2015 par la Banque mondiale) n’ont aucun impact car dilués dans les préoccupations quotidiennes comme les fêtes ou encore les soins médicaux. D’où l’absence d’un impact économique de cette diaspora.

Un nouveau type d’éducation

Néanmoins, a-t-il précisé sur un ton plus optimiste, jamais auparavant, dans l’histoire de l’humanité, l’Afrique n’a eu autant de chance de changer la face du monde. À titre d’exemple, a-t-il révélé, en 2050 un terrien sur quatre sera Africain. « Le vieillissement des populations européenne, américaine et asiatique sera tel que la principale main d’œuvre mondiale viendra de l’Afrique qui sera toujours le plus jeune continent », a fait savoir le fondateur de Knowdys Consulting Group. Pour ce faire, a-t-il estimé, l’Afrique et sa diaspora doivent investir dans l’éducation si les Africains veulent avoir un impact demain sur l’avenir du continent et changer véritablement le visage du monde. « C’est le chantier dans lequel je vous exhorte d’investir de tous mes vœux et de toutes mes forces. Si l’on veut vraiment changer la face de notre continent, il faut investir dans l’éducation en tirant ensemble dans la même direction. Nous devons investir dans un nouveau type d’éducation. Celle où l’on forme tout l’homme à la fois en termes de savoir-faire et de savoir-être parce que le monde entier attend l’homme africain de type nouveau, totalement décomplexé et qui a la conscience d’être au centre du monde et au centre des préoccupations mondiales. On attend que nous devenions des Africains nouveaux conscients du fait qu’aujourd’hui, c’est nous qui avons à recréer l’histoire de l’humanité. Si vous voulez avoir un impact économique qui n’existe pas aujourd’hui mais pour demain, les chantiers sont ceux de l’éducations, spécialement l’éducation tournée vers les technologies de l’information », a conclu le spécialiste de l’intelligence économique.

Notons que le Congolais Jean Bofane était l’autre intervenant à ce dîner de réflexion organisé par le think tank « Le Cercle d’excellence ». Ce dernier célébrait également son premier anniversaire à cette occasion. Présidé par la camerounaise Pulchérie Chantal Éboko et cofondé par la Congolaise Mona Mpembele, ce think tank a pour vocation de faire des analyses et d’élaborer des propositions novatrices sur des sujets économiques, culturels et politiques liés aux minorités issues de l’immigration. 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Guy Gweth pendant sa présentation

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