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Hommage à Christophe de Margerie !

Mardi 21 Octobre 2014 - 20:40

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Les hasards de la vie, mais aussi les vicissitudes de l’Histoire nous avaient fait rencontrer au lendemain de la terrible guerre civile de 1997-1998. Et, depuis, nous avions gardé des relations de confiance, d’amitié que le temps n’avait pas émoussées même si les lourdeurs de sa charge l’avaient rendu moins disponible au fil du temps.

Et c’est pourquoi je tiens ici à lui rendre hommage.

Christophe de Margerie appartenait à ce petit groupe d’industriels français qui ont une vision juste, réaliste, de l’Afrique en général, et de l’Afrique centrale en particulier. Ayant mené toute sa carrière au sein du puissant groupe Total et y ayant assumé de grandes responsabilités avant d’en prendre la tête, il avait mesuré très vite l’importance que cette partie du monde prendrait dans le développement de cette puissante mécanique pétrolière et gazière. C’est donc lui qui, au lendemain de la fusion avec le groupe Elf, avait été chargé de réparer les erreurs commises par les dirigeants de ce dernier durant la dernière décennie du siècle précédent.

Venu très vite à Oyo afin de renouer des liens de confiance avec le Congo, il avait été séduit par cette région de l’Afrique centrale au point d’y venir fréquemment, puis de répondre positivement à la suggestion que lui faisait Denis Sassou N’Guesso de construire une villa près de chez lui, à Ngolodoi.  Et depuis lors, il venait se reposer là de temps à autre, passer de longues heures à parler avec le Président de la vie et du temps qui passe, évoquer aussi les problèmes de toute nature que pose l’émergence de l’Afrique.

Profondément croyant, il appartenait à cette race d’hommes qui sait que la réussite, le confort, l’argent ne sont qu’éphémères et qu’un jour ou l’autre, il leur faudra rendre des comptes devant l’Éternel. De cette conviction provenait sans doute la simplicité avec laquelle il conduisait sa vie alors même qu’il appartenait au monde des puissants et que le cynisme aurait pu le submerger.

Lors de notre dernier entretien, il y a quelques jours, à Paris, nous avions évoqué la possibilité de mettre nos efforts en commun pour édifier, au cœur de Brazzaville, le Musée qui abritera les objets anciens rassemblées depuis près de vingt ans dans  notre immeuble des Manguiers. J’avais eu alors la surprise de découvrir que cet homme pragmatique, terre-à-terre, connu pour son sens des affaires, avait en réalité consacré une partie de son temps à constituer une collection d’objets anciens à laquelle il était lui-même profondément attaché. Au-delà des affaires, donc, l’art, la tradition, l’attachement au passé, le respect de l’Histoire étaient des valeurs auxquelles il vouait le plus grand respect.

Repose en paix, cher Christophe. Mais sois convaincu que nous ne t’oublierons  pas. Et sache qu’un jour prochain nous lèverons à ta santé, à ta mémoire, un verre de ce whisky très ancien que tu aimais tant goûter avec nous sur les belles et tranquilles rives de l’Alima.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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