Hommage : funérailles sous tension de Rossy Mukendi

Lundi 21 Mai 2018 - 15:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le corps de l’activiste des droits de l'homme, assassiné le 25 février dernier dans la foulée de la marche pacifique organisée par le comité laïc de coordination, a été porté en terre le 20 mai à Kinshasa, sur fond de heurts entre les forces de l’ordre et ses proches.    

Les funérailles de Rossy Mukendi ne se sont pas déroulées dans la sérénité. Des échauffourées, il y a en a eu entre les forces de l’ordre et la population qui accompagnait le corps du défunt au sortir de la messe de suffrage dite en la cathédrale Notre-Dame de Lingwala. La procession improvisée depuis l’église à grand renfort de cris et slogans hostiles au pouvoir s’est butée contre les éléments de la police, à la hauteur du boulevard Triomphal. Ces derniers ont empêché au corbillard ainsi qu’à la meute des activistes et autres badauds qui encadraient le cortège d’accéder au Palais du peuple. Les nombreux activistes présents sur les lieux pensaient ainsi rendre à leur manière honneur à celui qu’ils avaient élevé au rang de héros national, en faisant ce transit vers le siège des institutions, un site symbolique qui a vu défiler les dépouilles de presque toutes les icônes de la vie politique et culturelle du pays.  

Il s’en est suivi une vive altercation qui a vite dégénéré entre les policiers et les accompagnateurs du cortège. La police a été obligée d’user des gaz lacrymogènes pour disperser la masse qui s’est formée autour du Palais du peuple et dont les intentions de nuisance étaient vite détectées. « Ils nous ont obligés de déposer le corps par terre. Le corps de Rossy est resté dans son cercueil durant trente minutes sur le pavé. La police est venue avec plusieurs jeeps. Elle a mis le corps dans le corbillard », a expliqué un membre d’un mouvement citoyen. La photo montrant le cercueil couvert du drapeau national traînant à terre, sous l’œil vigilant des policiers, avait fait le tour des réseaux sociaux, suscitant colère et indignation.

La police a réfuté toutes les allégations tendant à faire croire qu’elle avait ravi le corps de Rossy à sa famille pour aller l’enterrer en catimini. «Nous avons plutôt sécurisé le corps de Rossy à la suite des troubles que voulaient provoquer ses proches, en cherchant à le faire entrer de force au Palais du peuple », a réagi le général Sylvano Kassongo, le commissaire provincial de la Police nationale congolaise/ville de Kinshasa. Et d’indiquer que la police a finalement escorté la dépouille et les membres de la famille du défunt jusqu'au cimetière où « ils ont enterré eux-mêmes leur fils ».                  

Alain Diasso

Notification: 

Non