IFC de Brazzaville : le slam s’enflamme avec Percedenoble et autres Styl’obliquarts

Samedi 26 Juillet 2014 - 0:15

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Après avoir électrisé le public lors du lancement de la première édition du slam acoustique à Brazzaville, à l’espace Mild-Vie derrière la faculté de droit, Perceddu Guistel Kassongo, dit Percedenoble, directeur artistique du groupe de slameurs Styl’X-Perceheveille et membre de Styl’oblique, offre ce samedi soir à partir de 18h30 à l’Institut français du Congo de Brazzaville un second spectacle de slam acoustique à l’occasion de Festi’couleurs, festival de la mixité culturelle et artistique organisé par l’association Kirikou Événement

Percedenoble, comme l’appellent affectueusement ses fans, n’est pas un parvenu dans le monde du slam congolais. Sa rencontre le 6 septembre 2008 à l’hôtel Saphir de Brazzaville avec le Styl’oblique Congo, association de slameurs congolais, lui a permis d’exprimer son talent en déclamant son premier texte de slam écrit sur place.

Percedenoble est membre de l’Union internationale des jeunes écrivains et artistes pour la paix, l’amour et la justice, où il s’est longtemps entraîné à écrire des vers. C’est avec moins de peine qu’il développa un répertoire sonore riche en images et thématiquement varié. La même année, il participa au Fespam au côté de Styl’oblique. Dès lors, il s’appropria l’art de Marc Kelly Smith, entrepreneur américain créateur du slam, en y apportant sa touche congolaise par l’usage des concepts envoûtants qui peignent avec lyrisme l’imaginaire africain à travers des textes comme Hitler n’est pas mort, À toutes les mères, Genèse du slam, EuropAfrique, Évasion des mots, Dans mon pays, Virus immortel, Les Bègues, Grand A, Ébène… titres qui semblent résumer la vision de l’artiste en trois mots : engagement, conscientisation, comique.

Le slam est à l’origine une poésie libre qui consiste à déclamer de belles paroles qui attisent l’envie d’écoute tout en chatouillant le cœur du public suivant le triptyque : un texte, une voix, trois minutes. Se souvenant de sa prestation avec le slameur français Rouda, Percedenoble est déterminé, avec ses pairs, à sortir le slam congolais du ghetto sur les pas des slameurs français qui leur ont généreusement donné un coup de pouce en les formant à cet art de la diction. Ainsi pour intéresser plus de gens, les Styl’obliquarts proposent chaque samedi des ateliers d’écriture de slam à l’IFC de Brazzaville. Percedenoble a le mérite d’avoir rénové le slam congolais en créant son propre style, le slam acoustique, qui s’apparente au théâtre et au hip-hop, une combinaison artistique qu’il entend nous faire déguster dans son futur album, Évasion des mots, dont quelques prémices seront dévoilées, promet-il, ce soir à l’IFC de Brazzaville en compagnie de Black Panther et Magolor. Pour paraphraser les Styl’obliquarts, le public va une fois de plus scander : « Que le slam s’enflamme ! »

« Ma voix est un stylo qui ne sera point pillé / Vos oreilles sont mes lots de feuilles de papier » ou « On dit souvent, les paroles s’envolent, les écrits restent / Mais sous le vent, les paraboles sans envol, leur mépris blesse », clamait le slameur Percedenoble devant ses fans dimanche dernier à l’espace Mild-Vie, les invitant à rejoindre les Styl’obliquarts, c’est-à-dire les membres de Styl’oblique dans cette poésie urbaine, pour étendre la culture du slam dans tous les quartiers, dans tous les départements du pays et au-delà afin de porter haut les couleurs du Congo à l’aune du Mondial du slam. Cette année, le Congo a été représenté à la Coupe du monde du slam en France par Prodige Éveillé, l’un des précurseurs du slam congolais, cofondateur du Styl’X-Perceheveille, groupe créé en 2010 dans le but de vulgariser la pratique du slam et conscientiser la jeunesse.

Pour atteindre leurs ambitions, les styl’obliquarts – tous groupes confondus – organisent chaque année une compétition de slam interécoles qui connaît la participation des élèves des collèges et lycées de Pointe-Noire et de Brazzaville. Cette année, le prix de la prestation scolaire de slam a été décerné aux enfants de troupe de l’école militaire préparatoire Général-Leclerc. L’unique souhait des slameurs du Congo est d’être soutenus par les autorités publiques et autres mécènes dans leurs activités culturelles qui contribuent aussi à l’émancipation des jeunes du Congo.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Photo : Perceddu Guistel Kassongo, dit Percedenoble. (© DR)