Ils réussissent ailleurs : Ruddy Opimbat, ingénieur informaticien

Samedi 25 Janvier 2014 - 8:45

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Nom : Ruddy Opimbat
Âge : 34 ans
Diplômes : ingénieur informatique
Situation : marié
Entreprise : OpSoft, créée en 2009
Nombre de salariés : 6

Après l’obtention de son baccalauréat scientifique en Côte d’Ivoire en 1998, Ruddy Opimbat s’envole pour le Québec, région francophone du Canada. Le jeune homme comprend rapidement comment s’intégrer dans une société : un mois après son arrivée, il s’inscrit dans un cours de taekwondo jusqu’à donner des cours. C’est là qu’il apprend les expressions québécoises et découvre un peuple chaleureux. Sa place dans ce pays du Grand Nord est toute trouvée.

Une profil professionnel précurseur des technologies mobiles
Après ses études d’ingenieur, il intègre en 2005 une compagnie canadienne qui opère au Congo dans la géomatique. Depuis son arrivée au Québec, il n’a ainsi jamais coupé les liens avec son pays, d’un point de vue professionnel mais aussi personnel. Il retourne régulièrement à Brazzaville et se marrie en 2006. En 2008, il s’établie dans la ville de Québec et intègre une société d’informatique concevant des logiciels destinés à des produits Apple, qui le fait voyager entre le Canada et les États-Unis. Avec l’avènement de l’iPhone, Ruddy part avec une belle avance dans le secteur des applications mobiles grâce à son expérience et ses compétences acquises. Parallèlement à ses activités, il se met à développer des applications et fonde sa propre société en 2009 : OpSoft.

« Le fait de ne pas avoir grandi ici m’oblige à remettre beaucoup de choses en question »
Une situation anecdotique va alors lui faire prendre un autre envol : alors qu’il stationnait à Montréal, un automobiliste est venu lui donner son ticket avec le temps de stationnement qui lui restait, pour ne pas qu’il ait à en payer un nouveau. Ainsi est né iPap (pour Is Parking already paid ?, en francais : le parking est-il déjà payé ?), une application destiné à l’iPhone informant l’usager du temps restant sur une place de stationnement : « Je l’ai créée pour le plaisir, gratuitement, et elle a eu un succès énorme car elle répondait au besoin des Montréalais (…) Je suis naturellement influencé par l’Europe, l’Afrique et les États-Unis. Le fait de ne pas avoir grandi ici m’oblige à remettre beaucoup de choses en question. Ce qui peut paraître naturel et normal pour les autres, moi je me pose la question. Cette démarche m’oblige à faire les choses différemment. J’ai repéré l’injustice mise en place par ce système de stationnement et j’ai voulu y remédier, car c’est un acte de mauvaise volonté de la part de la mairie. » Contacté par un journaliste du Journal de Montréal, Ruddy fait l’objet d’un article, et une demi-heure après publication de la première édition les radios locales se sont mises à le contacter. Le lendemain de son passage à la radio, l’application est passée de 50 téléchargements à 50 000. Loyal, Ruddy est resté dans son entreprise et a conservé la gratuité de son service. Il assure avoir été gagnant. Après un branle-bas médiatique d’une semaine, les offres d’emplois se sont accumulées, et cette reconnaissance lui a permis de gagner en assurance, en créativité et à concrétiser ses idées.

Un avenir tourné vers le Congo
En 2011, Ruddy quitte son emploi et rentre au Congo après cinq ans d’absence pour y mettre en œuvre l’expérience qu’il a développé. Il lance le projet CarTv à Brazzaville, un projet visant à doter les bus de tablettes diffusant du contenu multimédia. Il créé une succursale d'OpSoft et embauche quatre salariés.

Plus de 10 000 kilomètres le séparent du Québec, mais c’est dans sa ville d’origine qu’il voit l’avenir. Ruddy a un projet de jeux télévisé pour le Congo qui aboutira l’été prochain et affirme aujourd’hui être passé du développement à la création en observant les besoins des citoyens des villes qui lui sont chères. Le futur se passera au Congo, et il en a toujours été  ainsi : « Je suis en train de créer les conditions de retour, ce qui justifie mes fréquents voyages au Congo. Je veux que mes activités au Canada demeurent, mais je vise le Congo et d’autres pays d’Afrique. Dès mon arrivée ici, je savais que je rentrerai au Congo. »

De son expérience, il tire des conclusions. Il s’adresse aux Congolais installés à l’étranger, « peu importe leur décision de l’endroit où ils joueront leur avenir, il ne faut pas briser les liens avec le Congo, et cela pour mieux vivre là où ils sont. Nous sommes influencés par plusieurs cultures, et c’est un enrichissement par rapport aux autres. » À ceux restés au Congo, le message est positif : « Il faut réaliser les richesses qu’offrent l’Afrique, le Congo. Le continent c’est l’avenir, il faut faire partie de ce mouvement. »

 

 

Morgane de Capèle