Immigration clandestine : des passeurs érythréens arrêtés en Italie et en Allemagne

Mercredi 3 Décembre 2014 - 18:30

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En 5 mois, ils avaient assuré plus de 20 voyages de clandestins depuis les côtes libyennes : le réseau a été démantelé par la police italienne

C’est un des côtés les moins exposés à la presse dans le drame véritable de ces vagues incessantes de clandestins déterminés à gagner l’Europe à tout prix: les réseaux. Devant les flux incessants de ces infortunés arrivant dans des rafiots sans nom surtout à Lampedusa, en Sicile, ou munis de harpons pour escalader les hauts grillages de Melilla ou Ceuta (Maroc/Espagne), on voit peu la main cachée des mafias qui reçoivent argents et services divers pour « faciliter » une entreprise qui se termine parfois par la mort.

C’est cette réalité que la police italienne est venue rappeler à l’opinion mercredi, lorsqu’elle a annoncé qu’elle venait de démanteler un réseau de passeurs. De mai à septembre, celui-ci avait pu organiser … 23 voyages de clandestins depuis les côtes libyennes. Il était notamment à l’origine du « chef d’œuvre » qui a abouti, cynisme à part, à la mort de 244 clandestins dans la nuit du 27 au 28 juin dernier. Les enquêteurs s’étaient lancés à la recherche de ce réseau dès la mi-mai, à l’arrivée à Lampedusa d’un bateau en piteux état, avec 206 clandestins de plusieurs nationalités… et 17 cadavres à bord.

Les membres du réseau, majoritairement érythréens, ont été arrêtés dans diverses régions d’Italie (Sicile, où se trouve Lampedusa), Lombardie (dont Milan est le chef-lieu) et Lazio (Latium : Rome et son pourtour). L’un des cerveaux, Measho Tesfamariam, âgé de 29 ans a été appréhendé  à Munchenberg, en Allemagne, avec l’aide de la police allemande. A Catane, toujours en Sicile, les policiers ont découvert au repère de l’un des malfrats « une petite pièce située sur le toit et fermée à clé. Il y avait neuf personnes, dont huit enfants. qui ont dit être des Somaliens ».

Le réseau organisait son trafic en se faisant grassement payer, bien entendu. Mais il est certain, au vu de l’intense activité lucrative que mènent les passeurs – les flux de migrants ne s’étant jamais interrompus – que le groupe des Erythréens n’en est qu’un parmi d’autres. Et que les passeurs sont loin de ne se recruter que dans les pays de provenance. Les pays de transit (Libye, Egypte et Soudan surtout) et l’Italie, pays d’arrivée temporaire, ont vu se développer aussi des gangs locaux qui tirent profit du phénomène. Un récent rapport de l’ONG érythréenne Gandhi a mis en évidence, tout au long de la ligne de progression des clandestins, une chaîne de réseaux se « sucrant » de cette situation.

L’effet d’annonce, soulignait l’ONG, ne doit pas focaliser l’attention sur le seul sommet de l’iceberg. Pour sa part, le porte-parole du ministère égyptien de l'Intérieur, Hany Abdel Latif, a expliqué récemment que les clandestins dans son pays sont essentiellement des Syriens et des Palestiniens. Fuyant la guerre et la situation tourmentée de leur région, ils entrent avec des visas de touristes en Egypte et tentent ensuite de gagner l'Europe par la Méditerranée ; ils sont pris en main pour cela par une véritable mafia.

Lucien Mpama