Immigration clandestine : Européens et Africains lancent le « processus de Khartoum »

Dimanche 30 Novembre 2014 - 16:45

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La capitale italienne, Rome, voit émerger la volonté commune d’analyser la réalité autrement que par la seule lorgnette de la sécurité ou de l’humanitaire.

La conférence avait été annoncée il y a quelques semaines déjà ; elle fait suite à une première rencontre tenue à Khartoum, capitale du Soudan, pour lutter contre un des traits inhumains de l’immigration clandestine : le trafic des personnes. C’était mi-octobre dernier. Européens, Africains (surtout de la Corne de l’Afrique) et institutions de l’ONU comme le Haut-Commissariat des réfugiés ou l’Organisation internationale des migrations s’étaient promis de se retrouver de nouveau pour lancer l’initiative politique née de cette volonté. C’est celle qui a vu le jour vendredi à Rome.

Le « processus de Khartoum » regroupe les pays de l'Union Européenne, ceux de la Corne d'Afrique d'où proviennent les dizaines de milliers de migrants qui chaque année tentent de traverser la Mer Méditerranée pour gagner l’Europe. Beaucoup d’entre eux y laissent la vie, ce qui a fait dire au pape François en visite au Parlement de l’Europe mardi dernier que la Méditerranée ne devait plus être le cimetière des migrants. Le « processus de Khartoum » englobe aussi une dizaine de pays africains qui servent de points de transit de ces migrants. « Fermer nos frontières n'est pas une réponse. Nous voulons affronter les problèmes en trouvant des accords avec les pays africains pour combattre avant tout les causes de ces départs en masse. Ce ne seront pas des semaines ou des mois qu'il nous faudra, mais des années » pour parvenir à un tel résultat. C’est la conviction exprimée par le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, en marge de la rencontre de Rome de vendredi.

Pour le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, l’implication de tous et une vision plus globale de l’immigration seront gage de succès si on veut assécher le phénomène à la source. « Nous ne pouvons pas répondre seulement aux urgences humanitaires, nous avons besoin d'une approche commune de toute l'Europe, d'une approche intégrée impliquant diplomatie, sécurité, développement ». Pour lui, « il y a beaucoup de pays européens qui se plaignent du nombre de réfugiés. Il y a beaucoup de personnes qui meurent, qui souffrent, c'est clairement un sujet européen ».

Mais l’Italie a été laissée seule devant la pression des flux de migrants qui choisissent son territoire pour traverser l’Europe ou s’y installer. « Le processus de Khartoum, qui naît aujourd'hui, formulera rapidement des projets pour obtenir des financements européens », a ajouté M. Gentiloni, à l'issue de sa rencontre son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier.

Mi-octobre dernier, à Khartoum, la conférence pluripartite sur le renforcement de la lutte contre le trafic des êtres humains avait impliqué les représentants de l’Union africaine, de l’Union européenne et les deux agences de l’ONU: l’Organisation internationale des migrations (OIM) et le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Lutter contre l’immigration clandestine, objectif prioritaire pour l’Europe, passe par le démantèlement des réseaux qui l’alimentent et qui sont tenus par de véritables mafias, dénoncées récemment par un officiel en Égypte.

Lucien Mpama