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Impasse en RDC ?

Samedi 19 Janvier 2019 - 17:00

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Comment sortir de la situation complexe qui a pris corps en République démocratique du Congo (RDC), au lendemain de la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 30 décembre dernier ? Cette question est au cœur des prises de parole qui s’enchaînent à l’intérieur du pays même mais aussi à l’extérieur, parmi les acteurs impliqués de près ou de loin dans ce processus électoral que l’on espérait se clôturer dans la quiétude.  

Il est évident qu’à Kinshasa, la capitale du pays, le gouvernement sortant aussi bien que le candidat déclaré vainqueur, Félix Tshisekedi, attendent avec une certaine confiance le délibéré de la Cour constitutionnelle qui examine depuis quelques jours le recours introduit par le candidat Martin Fayulu, qui conteste les résultats tels qu’ils ont été proclamés, dans la nuit du 9 au 10 janvier, par la Commission électorale nationale indépendance (Céni). Il est tout aussi vrai, en raison du « doute » émis par les partenaires de la RDC sur le verdict de première instance de la Céni que, la crédibilité du processus électoral dans son ensemble est en partie entamée.

Le 21 janvier, si tout se passe comme prévu, le président rwandais, Paul Kagamé, président en exercice de l’Union africaine (UA), conduira une délégation de l’organisation continentale à Kinshasa. Pour partager aux autorités Rd-congolaises les préoccupations de la communauté africaine sur le risque que comporterait pour leur pays et la région d’Afrique centrale, le rejet de la recommandation de suspendre la publication définitive des résultats de l’élection présidentielle. En clair, l’UA demande à la Cour constitutionnelle de surseoir à ses délibérations.

Comme cela pourrait être le cas, Kinshasa invoquera sa souveraineté. Etant parvenu à financer son processus électoral sans aide extérieure, la RDC peut se prévaloir de cette autonomie que confère l’avantage de savoir résoudre ses problèmes soi-même. Mais en agissant ainsi, elle court le risque de s’aliéner le soutien de ses partenaires multilatéraux, dans le moment présent où l’alternance en cours de préparation gagnerait plutôt à bénéficier de l’appui multiforme de ces derniers. Ils n’ont, c’est vrai, pas toujours tenu parole mais, ils sont les acteurs du rapport des forces dont les scènes politiques sont souvent prisonnières.

D’après certaines préconisations répétées à qui veut les entendre, la cérémonie de prestation de serment du président entrant de RDC serait envisagée pour le 22 janvier. Une hypothèse plus que probable, si le juge du contentieux électoral, la Cour constitutionnelle, proclame le résultat final de l’élection avant cette date. Cela signifierait que les pressions exercées sur Kinshasa depuis quelques jours n’auraient produit aucun effet et qu’il faudrait s’attendre à un bras de fer en deux volets : à l’intérieur du pays, où l’opposition pourrait manifester dans la rue ; à l’extérieur où les chancelleries préconiseraient l’isolement diplomatique des nouvelles autorités sur la scène internationale. Avant que s’installe un enlisement collectif aux conséquences multiples.

A l’étape où en sont les choses, la perspective d’une impasse n’est pas une vision exagérée. A moins que la mission attendue lundi, en RDC, si elle devait s’y rendre réellement, trouve un aménagement de dernière chance qui renverrait les parties en présence à une redéfinition des termes de la sortie de crise. Celui-ci pourrait prendre la forme d’un nouveau pacte électoral; dans lequel les hommes ou les femmes choisis pour le mettre en œuvre s’engageraient à garantir à tous les acteurs une compétition équitable pour des challenges à venir.

En quête d’une première alternance pacifique, la RDC est devant un dilemme : faut-il, contre vents et marées, proclamer les résultats jugés mitigés d’un scrutin sur lequel le peuple Rd-congolais et toute la communauté internationale ont fondé leurs espoirs, ou bien, faut-il savoir raison garder en écoutant la voix des autres, même si tous, martèle Kinshasa, ne seraient pas fondés à donner des leçons au regard de leurs propres parcours. L’intérêt supérieur de la nation commande que dans un moment aussi curcial, chacun mette un peu d’eau dans son vin. A quel prix ? Cela est une autre histoire.

Gankama N'Siah

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