Industrie minière : pour Aimé Emmanuel Yoka « la commission interministérielle permet d’assurer une bonne transparence »

Lundi 28 Juillet 2014 - 15:49

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La société Congo Iron a signé la convention d’exploitation du gisement de fer Nabemba, à Yangadou dans le département de la Sangha, récemment avec le gouvernement du Congo. Cinq jours après les sceaux, le directeur général de Congo Iron, Aimé Emmanuel Yoka, édifie sur le déroulement des négociations, dans le cadre d'une interview exclusive auprès des Dépêches de Brazzaville

Les Dépêches de Brazzaville : Vous venez d’obtenir votre ticket vous permettant de bénéficier des financements. Combien de temps a duré le processus de l’obtention du permis d’exploitation à la convention d’exploitation ?

Aimé Emmanuel Yoka : Je voudrais préciser que la convention, qui forme la base légale, fiscale, environnementale et sociale de notre projet, est l’un des documents clés pour la mise en place des financements, mais ce n’est pas le seul document. La complexité de notre projet fait que nous avons également besoin d’un accord bilatéral entre la République du Congo et celle du Cameroun ou encore nous devons prendre en considération les attentes des actionnaires minoritaires. En termes de délais, nous avons obtenu le permis d’exploitation par décret présidentiel en février 2013 et la convention en juillet 2014. Donc il s’est pratiquement écoulé 18 mois même si on peut vraiment parler du début concret des négociations avec le gouvernement en février 2014, ce qui réduit ce délai à environ 6 mois.

LDB : Quelles sont les deux phases du projet pour aboutir à une production de 35 millions de tonnes l’an ?

A.E.Y. : Le projet a terminé sa phase d’exploration et va rentrer dans sa phase de développement et exploitation. Nous estimons que nous arriverons très rapidement à notre projection de 35Mt car les mines à ciel ouvert offrent généralement peu de surprises. La distinction des deux phases n’est pas le fait du volume, puisque nous produirons 35 Mt dans les deux phases, mais se situe plutôt au niveau de la qualité du minerai où l'on passera de l’hématite à haute teneur à l’itabirite.

LDB : Quelles sont les raisons qui vous empêchent de commencer la production dès l’obtention de la convention d’exploitation ?

A.E.Y. : Comme je l’indiquais précédemment, la convention n’est que l’un des documents clés qui sert à mettre en place les financements. La production commencera une fois tous les financements mis en place, ce qui permettra la construction du chemin de fer et du port. Sans cela nous ne pouvons commencer la production car nous devons nous assurer que la voie d’évacuation du minerai existe.

LDB : Dans quel climat se sont déroulées les négociations avec la commission interministérielle ?

A.E.Y. : Les négociations ont été difficiles mais toujours courtoises. Il faut rappeler qu’au début de ce type de négociations, les parties ont des attentes différentes même si l’objectif final reste commun. Le gouvernement lui ne regarde pas seulement le profit, il s’assure qu’il y a un impact social positif en termes de création d’emplois ou de respect de l’environnement. Pour les investisseurs, l’accent est beaucoup plus placé sur l’aspect économique. La mise en place de la commission interministérielle représente un gain de temps considérable pour toutes les parties et permet d’assurer une bonne transparence.

LDB : En attendant la construction du chemin de fer dit de l’ouest, que préconisez-vous ?

A.E.Y. : La particularité de notre localité (Yangadou dans la Sangha) nous oblige à utiliser le Cameroun comme voie d’évacuation et ceci pour des raisons principalement économiques même s’il existe un aspect environnemental important. Un chemin de fer de 500km permet au projet de rester viable, alors qu’une évacuation par Pointe-Noire (1.500 km) rend notre projet non viable. Cela dit, pour la deuxième phase de notre projet qui devrait commencer après les 10 ans de la première phase, Congo Iron SA et Sundance restent ouverts à la possibilité de travailler avec le gouvernement pour la mise en place d’un chemin de fer qui permettrait l’exploitation des richesses du nord au sud du pays.

LDB : Pouvez-vous nous édifier sur la politique sociale que compte appliquer votre société ?

A.E.Y. : Nous avons une politique sociale très claire puisqu’elle est expressément décrite dans la convention d’exploitation. On y fait référence notamment à la création par Congo Iron d’un fond communautaire qui financera des projets ayant un impact positif direct sur les communautés. En termes d’emplois également, ce sont des milliers d’emplois directs et indirects qui seront créés et nous réfléchissons déjà à la possibilité de la mise en place des formations qualifiantes à cet effet, toujours en partenariat avec le gouvernement.

 

Nancy France Loutoumba