Infrastructures routières : des progrès notoires en dépit de l'impatience des populations

Mardi 29 Juillet 2014 - 14:26

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L’aménagement des infrastructures routières inscrit dans le Plan national de transport approuvé pour la décennie 2005-2014 constitue une préoccupation majeure pour le gouvernement engagé à doter le Congo d’un système de réseau de communication viable. Dans une entretien exclusif avec Les Dépêches de Brazzaville, le ministre de l’Équipement et des Travaux publics, Émile Ouosso, évoque les atouts de ce plan, mais aussi  des réformes structurelles du Bureau de contrôle du bâtiment et des travaux publics (BCBTP) dont le rôle d’ingénieur public est crucial dans une période de réalisation de grands travaux

Les Dépêches de Brazzaville : Monsieur le ministre, votre département met en œuvre le Plan national des transports et d’aménagement du réseau routier congolais. Êtes–vous satisfait des résultats obtenus ?
Émile Ouosso : Effectivement, le Plan national des transports (PNT) était initié par le gouvernement. C’est un document qui met en cohérence tous les modes de transport (fluvial, ferroviaire, maritime, aérien et routier). Le PNT approuvé pour la décennie 2005-2014 a été  la principale référence pour le cadrage des actions publiques dans le secteur des transports afin de permettre au Congo de disposer d’un système de transport fiable. Il sied de noter que, ces cinq dernières années, le gouvernement a engagé un vaste programme d’aménagement et de construction d'infrastructures de transport. En témoignent les routes aménagées et en cours d’aménagement : plus de 7 500 kilomètres depuis 2010 ; les routes bitumées et en cours de bitumage : 3 010 kilomètres environ, alors que nous sommes partis d’un linéaire de 761 kilomètres après le premier plan quinquennal ; les ouvrages de franchissement et d’assainissement de type pont ou dalot en remplacement d'ouvrages précaires ou semi-définitifs : plus de 1 690 unités. De ce qui précède, on constate des progrès notoires au vu de la situation qui prévalait. Cependant, nous ne pouvons évidemment pas nous satisfaire de ces résultats, car beaucoup reste à faire pour parvenir aux attentes des populations.

Ce programme se déroule sur l’ensemble du territoire national. Quels sont les critères de sélection des axes routiers à construire ?
Les critères sont le désenclavement de toutes les localités du pays, l’interconnexion routière nationale, les relations terrestres avec les pays voisins. Le PNT a classé les routes selon des critères techniques et socioéconomiques en trois catégories. Il s’agit des routes dites nationales, au nombre de quinze, pour un linéaire total de 5 445 kilomètres. La vocation de celles-ci est  d’assurer la principale liaison routière entre la capitale économique ou politique et les chefs-lieux de départements, les  principales connexions avec  les pays limitrophes. Quant aux routes dites départementales, elles sont au nombre de 33, pour un linéaire total de 2 333 kilomètres. Elles constituent les principales passerelles entre les chefs-lieux de districts et les routes nationales, les interconnexions complémentaires avec les pays limitrophes, le complément du maillage du réseau et les accès aux bassins de production et sites touristiques.

Enfin, nous avons 9 523 kilomètres de routes dites d’intérêt local ou de desserte rurale. Sur la base de cette classification et des objectifs visés par le gouvernement, il s’opère un choix annuel des axes routiers à  construire ou à bitumer, à réhabiliter ou entretenir.

L’attribution des marchés aux sociétés désignées pour la réhabilitation ou la construction de ces routes obéit-elle aux critères de passation des marchés ?
Le nouveau code qui régit les modalités et procédures d’attribution des marchés publics et autres prestations de services aux opérateurs est entré en vigueur au Congo en 2010. Ainsi, on peut noter le rattachement des cellules de gestion des marchés publics à tous les ministères et collectivités décentralisées. Les  différents organes de l’État, tels que la direction générale de contrôle des marchés publics rattachée au ministère des Dinances et l’Agence de régulation des marchés publics rattachée à la présidence de la République ont été mis en place pour veiller scrupuleusement au respect des conditions et modalités d’attribution des marchés publics aux sociétés soumissionnaires en toute équité. Cependant, les marchés attribués sur le fonds extérieur (Union européenne, Banque mondiale, BAD, etc.) respectent strictement les procédures d’attribution des marchés de chaque institution financière internationale.

Depuis quelque temps, votre ministère a engagé des reformes structurelles du BCBTP. Où en êtes-vous ?
Dans ses lettres de mission 2013 et 2014 au ministre de l’Équipement et des Travaux publics que je suis, et dans sa volonté d’optimiser et de pérenniser les importants investissements en infrastructures au bénéfice de l’économie congolaise, le président de la République, Denis Sassou-N’Guesso, m’avait instruit de procéder à  la restructuration du BCBTP. Dans cette optique, les diligences ont été confiées à deux cabinets, notamment Rainbow Finance pour la mise à jour des états comptables et financiers des années 2010, 2011 et 2012 afin d’asseoir la gouvernance et d’améliorer ; et Vizeum Management Consulting, pour le diagnostic opérationnel et stratégique en vue de l’élaboration d’un plan stratégique 2014–2018 et d’un contrat d’engagements et d’objectifs. Cette volonté a été accompagnée par l’octroi au BCBTP par l’État  d’un important matériel d’auscultation et de géotechnique routières de dernière génération afin de réaliser  des contrôles techniques pointus en amont (études) pendant les travaux, à la réception des infrastructures réalisées et pendant la vie de celles-ci. Cela garantit le caractère cumulatif des investissements lourds consentis. Notre ambition est donc de confier au BCBTP le rôle d’ingénieur public dont tout État a besoin surtout en période de réalisation de grands travaux. De même, il s’agit de faire que le BCBTP devienne non seulement un organisme de référence en matière de contrôle du bâtiment et des travaux publics en Afrique centrale, mais aussi une structure capable d’apporter son expertise à l’État en matière d’ingénierie publique. À ce jour, nous sommes dans la  mise en œuvre du plan stratégique.

Quelles sont les priorités de cette restructuration–réhabilitation ?
Le plan stratégique prévoit le réaménagement du cadre organique et  la signature du contrat d’engagements et d’objectifs, la sécurisation des marchés ou de la production vendue, et la mise à niveau de l’organisation.

Propos recueillis par G. N'Siah et G.-G. Kitina

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Le ministre de l’Équipement et des Travaux publics, Émile Ouosso. (© DR) ; Photos 2 et 3 : La construction de routes en terre et bitumées s'est consolidée ces cinq dernières années. (© DR)