Insécurité au Nord-Kivu : Beni ne veut plus de la Monusco

Mardi 25 Septembre 2018 - 19:13

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Excédés par les tueries à répétition dans leur ville, les habitants exigent le départ de la mission onusienne qui assisterait impuissante à l’activisme des groupes armés dont les ADF, à l’origine de nombreux massacres ayant fait près de cent victimes depuis le début de l’année. 

Depuis le 22 septembre, la situation reste confuse dans le territoire de  Beni (province du Nord-Kivu) en proie à une insécurité grandissante entretenue par des groupes armés qui empestent cette partie de la République. Après la découverte macabre de dix-huit corps sans vie dont ceux de quatre militaires dans une attaque attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF) dans les quartiers de l’est de la ville, la psychose s’y est installée. Ce n’est pas la première fois que cette ville soit frappée de cette manière. La récurrence des attaques inquiète et laisse perplexe la population locale qui ne sait plus à quel saint se vouer puisque livrée à elle même.

Face à ces tueries qui semblent devenir leur lot quotidien, la société civile dans toutes ses composantes est montée au créneau pour  exprimer son ras-le-bol et appeler à des journées ville-morte. Jusqu'au 28 septembre,  la ville restera paralysée. Pas d’écoles, pas de marché, pas de trafic, etc. Un peu partout, les traces de l’indignation d’une population en colère sont visibles.  L’arrivée le 24 septembre à Beni du chef d'état-major général des FARDC, le lieutenant-général Célestin Mbala Munsense, en compagnie de plusieurs généraux de l'armée, n’a pas visiblement rassuré  la population qui attend un geste fort de la part de l’autorité militaire pour restaurer la paix dans ce territoire. Le 25 septembre encore, des manifestations pour réclamer la restauration de la paix ont eu lieu. Des jeunes ont improvisé une marche qui a commencé sur le boulevard Ruwenzori en passant par le rond-point du 30-juin, avant d’échouer à la mairie. Les manifestants qui ne s’expliquent pas la persistance de l’insécurité à Beni, malgré les différentes opérations militaires lancées contre les groupes armés, revendiquent, entre autres, le départ de la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo) ainsi que des ONG internationales mais aussi le changement des autorités locales réputées incompétentes.    

La Monusco qui croit mener à bien sa mission de maintien de paix, conformément à sa Charte, ne digère pas l'accusation portée contre elle. D’après le général Bernard Commins, commandant adjoint des forces de la Monusco, l’intervention des forces onusiennes dépend de l’information qu’elles reçoivent. Et de faire remarquer que la Monusco a, plus d’une fois, réagit en synergie avec ses partenaires militaires congolais pour protéger les civils. Tout en reconnaissant la difficulté d’identifier les auteurs des tueries qui, parfois, opèrent avec des tenues des forces de l’ordre, il a appelé à la collaboration de la population pour dénoncer toute personne suspecte.  

Au niveau du gouvernement, des appels à l'apaisement se multiplient. Pour Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, qui attribue ces tueries aux terroristes ADF, des dispositions militaires sont en train d’être prises afin d'empêcher une telle situation. « Notre réaction officielle, c'est quand nos militaires vont aux contacts de ces voyous de terroristes pour les chasser. Quand un pays est attaqué, on donne une réponse militaire », avait-il déclaré.   

 

Alain Diasso

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