Insultes de Borghezio à Kyenge: la justice italienne va sévir

Jeudi 23 Octobre 2014 - 18:45

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La procureure de Milan a clos son enquête ; le procès va s’ouvrir après les insultes racistes du sénateur Mario Borghezio contre l’Italo-congolaise Cécile Kyenge

Cela devait finir ainsi, et ainsi cela finira : la justice milanaise va devoir se prononcer à propos de la série des libertés verbales que le sénateur Mario Borghezio s’était  autorisées sur Cécile Kyenge Kashetu. La procureure de Milan, Grazia Pradella, estime que le sénateur, membre du parti xénophobe de la Ligue du Nord et quelques-uns de ses pairs, ont franchi la ligne rouge. Elle va devoir se prononcer sur les politiques qui ont agoni d’insultes l’ancienne ministre de l’Intégration, première femme d’origine africaine dans un gouvernement d' Italie.

Aujourd’hui Mario Borghezio est député du parlement européen tout comme Cécile Kyenge. La procureure de Milan a formulé une accusation basée sur le délit de « propagation d’idées fondées sur la supériorité et sur la haine raciale ». Dans une émission de radio célèbre, Borghezio avait qualifié le gouvernement d’Enrico Letta dont faisait partie Mme Kyenge de « gouvernement bonga-bonga » animé de la volonté de changer (en mal) la loi sur la citoyenneté. « Kyenge veut nous imposer les traditions tribales de chez elle, le Congo ».

Avec un autre député membre de la Ligue du Nord, Erminio Boso, Borghezio s’était littéralement déchaîné. « Les Africains sont africains. Ils appartiennent à une ethnie (sic) très différente de la nôtre. Les Africains n’ont produit aucun grand génie ; il suffit de consulter l’encyclopédie de Mickey pour s’en convaincre. Moi, j’ai un préjugé favorable pour les mites européens ». Quant à Boso, il avait été encore plus loin, plus direct, revendiquant ses idées : « oui, je suis raciste, je ne m’en suis jamais caché. La place de Kyenge est chez elle, au Congo. Qu’ils la tiennent là-bas, s’ils veulent d’une ministre italienne noire » (il avait dit « de couleur »).

Tout ce torrent de boue avait été déversé sur la ministre dans le courant d’avril de l’année dernière. Il avait suscité une vague d’indignation même si plusieurs associations de la diaspora ont déploré que pour défendre Mme Kyenge seules des individualités s’étaient mises en avant, pas des partis politiques, même de gauche. A rappeler aussi que le terme bonga-bonga (bounga-bounga plus exactement) est prêté à l’ancien premier ministre de droite Silvio Berlusconi qui aurait baptisé ainsi une salle de sa résidence privée de Milan où il recevait des filles aux mœurs légères et se livrait à des séances peu recommandables.

Récemment, Borghezio s’est répandu dans les réseaux sociaux pour soutenir qu’il était victime d’un sortilège jeté sur lui par le père de Cécile Kyenge Kashetu. Sa mère décédée, un accident de la route, des admissions à l’hôpital où il a été opéré plusieurs fois et même un long serpent trouvé dans la cuisine de sa maison au nord de l’Italie : il soutenait que cette succession de déboires n’était pas normale. Il demandait au père de Mme Kyenge de le désenvoûter. Borghezio fut coopérant au Zaïre dont il est rentré avec une admiration sans bornes pour l’ancien président Mobutu.

Lucien Mpama