Interview : Alexis Lenga : « Le retour de Fidèle Babala en RDC présage le dénouement de l’affaire Bemba à la CPI »

Jeudi 23 Octobre 2014 - 18:15

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Le secrétaire général adjoint du Mouvement de libération du Congo (MLC)) réagit à la dernière décision de la CPI d’accorder la liberté provisoire à quatre proches de Jean Pierre Bemba parmi lesquels le secrétaire général adjoint Fidèle Babala.

Les Dépêches de Brazzaville : Quelles sont vos impressions après la mise en liberté provisoire du secrétaire général adjoint du MLC Fidèle Babala et de ses trois compagnons d’infortune dont Me Aimé Kilolo ? 

Alexis Lenga : Le premier sentiment, c’est la satisfaction dès l’annonce de cette mise en liberté provisoire de Babala et de ses compagnons. Nous savons que la procureure de la CPI considère le fait de détention comme étant la règle et la liberté comme l’exception. Nous nous attendions à ce que Fatou Bensouda fasse appel contre cette décision de la Cour en évoquant un effet suspensif, c’est-à-dire qu’en attendant l’examen du fond de l’appel, les détenus devaient rester en prison. Et pour la première fois, la Cour a, avec diligence et suivant une procédure d’urgence, rejeté l'effet suspensif de l'appel interjeté par le Bureau de la procureure. Ce qui a permis la libération immédiate de Fidèle Babala et de ses compagnons. Nous sommes très satisfaits de constater une évolution positive dans le fonctionnement de la Cour pénale internationale.   

L.D.B : Les quatre prévenus sont libérés sans conditions. Quelle est la particularité de cette décision et ses conséquences juridiques ?

A.L : La liberté provisoire sans condition leur a été accordée sans requérir le feu vert d’un quelconque Etat d’accueil et n’est assortie d’aucune restriction. Mais, les prévenus se sont engagés à répondre à toutes les invitations de la CPI de comparaître en hommes libres. Ils sont donc libres de vaquer à leurs occupations  comme cela est le cas avec le président kenyan Uhuru Kenyatta qui après sa comparution à la CPI, est rentré dans son pays reprendre ses fonctions de chef d’Etat.

L.D.B : Fidèle Babala a enfin bénéficié de cette liberté provisoire après de nombreuses tergiversations du gouvernement de l’accueillir. Comment expliquez-vous une telle attitude qui, manifestement, n’encourage pas la cohésion nationale ?

A.L : Le MLC a pris part aux concertations nationales pour tester la bonne foi des tenants du pouvoir, pour savoir s’ils sont respectueux de la parole donnée et s’ils sont disposés à gérer le pays dans la concorde et la cohésion. On se souvient de la manière dont Fidèle Babala avait été arrêté, sans aucun respect des règles nationales en la matière et celles du statut de Rome. La leçon à tirer de cette affaire est qu’on ne peut pas gérer un pays dans la haine en versant dans le règlement de compte contre des membres de l’opposition.

L.D.B : Les quatre prévenus libérés renouent donc avec la vie normale ?

A.L : Tout à fait. Fidèle Babala va retrouver l'hémicycle du Palais du peuple et exercer ses activités parlementaires en tant que député national élu. Quant à Aimé Kilolo, il va reprendre sa place comme avocat dans son cabinet.  Concernant particulièrement le dossier Bemba pour lequel il avait été arrêté, je doute fort qu’il revienne comme avocat-conseiller principal du leader du MLC. N’empêche qu’il soit consulté par ses pairs au regard de sa maîtrise du dossier.

L.D.B : Votre parti a-t-il prévu des manifestations pour saluer le retour de son cadre au pays ?

A.L : Fidèle Babala rentre au pays sans triomphalisme, sans démonstration de force au risque de se faire piéger par nos adversaires politiques.

L.D.B : Tout ceci ne présage-t-il pas une libération imminente de Jean Pierre Bemba ?  

A.L : Le rappel à la barre de certains témoins de l’accusation que la défense soupçonne d’avoir été subornés par le bureau du Procureur Luis Moreno nous pousse à l’optimisme. En effet, les témoins n°169 et 178 sont rappelés par la Cour  parce que, selon nos sources, des promesses de fortes sommes d’argent leur ont été faites par l’ancien procureur pour charger davantage Jean Pierre Bemba. Et ces témoins ont réclamé par écrit leurs enveloppes après avoir fait des témoignages intéressés.  Une telle situation est censée profiter à l’accusé qu’est Jean Pierre Bemba.       

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Alexis Lenga