Interview. Baya Ciamala : « Baziks est la première application de Streaming dédiée aux musiques congolaises »

Mercredi 4 Octobre 2017 - 16:32

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Baya Ciamala « Narsix » est le fondateur de la plate-forme musicale Baziks qui s’adresse essentiellement aux amoureux des musiques issues du bassin du fleuve Congo, principalement les musiques congolaises. L’application, téléchargeable sur Google Play, compte près de 200 titres écoutables et 4000 titres en digitalisation.

 

Le Courrier de Kinshasa : D’où vous est venue l’idée de la création de la plate-forme musicale Baziks ? Quelle est sa spécificité par rapport à d’autres célèbres plates-formes musicales où on peut déjà retrouver de la musique congolaise ?

Baya Ciamala : L’idée de créer Baziks est venue en fréquentant des artistes qui, dans leur majorité, ont eu du mal et continuent d’ailleurs à avoir du mal à émerger par manque de producteur. C’est donc à suite à un cheminement naturel et logique d’animateur producteur d’émission à operateur culturel. Nous nous sommes très rapidement rendu compte avec des amis que c’est la partie distribution qui était au centre des enjeux, vu que nos artistes disposaient déjà de homes studios. Grâce à l’évolution de la technologie, favorisant l’accès à Internet via les Smartphones et comme j’achevais ma cinquième année de formation dans le management culturel avec l’AMI Centre de Marseille en France, j’ai décidé de monter une plate-forme musicale. Après plusieurs essais d’un blog au site Internet mobile qui nous a valu un prix au Digital Lab Africa 2016, nous avons abouti en 2017 au lancement de l’application Baziks, disponible pour l’instant sur Google Play. C’est la toute première application de Streaming dédiée aux personnes souhaitant écouter les musiques congolaises. L’originalité de Baziks est avant tout de proposer la démocratisation de la musique en permettant à tout le monde d’écouter la musique qu’il veut, comme il veut et où il veut, plutôt que de se laisser imposer un choix par un média quelconque. Avec du contenu local accessible légalement. Ce qui va à terme contribuer au développement de l’industrie musicale congolaise en permettant la rémunération des artistes et une alternative novatrice au piratage.

LCK : Concrètement, comment fonctionne la plate-forme ? Quel est votre public cible, sachant que l’accès à Internet est difficile en RDC et dans d’autres pays africains ?

BC : Baziks s’adresse essentiellement aux amoureux des musiques issues du bassin du fleuve Congo, principalement les musiques congolaises. Pour un début, nous visons les 3 millions d’utilisateurs d’Internet en RDC. Pour se connecter sur Baziks, après avoir téléchargé son application, il faut se connecter via son mail ou via son compte facebook. Une fois dans l’application, on peut parcourir le store de haut en bas pour identifier les genres musicaux que l’on souhaite écouter. Nous mettons un accent particulier sur les talents de la scène urbaine afin de leur permettre de partager leurs créations et leur permettre d’être reconnus des utilisateurs de notre application. La découverte est aussi au centre de l’usage. Il est possible de sélectionner les morceaux en parcourant les pochettes d’albums de gauche à droite puis de jeter un coup d’œil sur le profil de l’artiste ou d’un groupe qu’on apprécie pour découvrir son univers musical. Le tout de façon conviviale. Et aussi profiter des réseaux sociaux pour faire découvrir des chansons et les artistes que l’on apprécie et surtout trouver directement des morceaux ou des artistes dans un moteur de recherche. Nous proposons ce que toutes les plates-formes mainstream proposent mais avec une touche congolaise.

LCK : Comment se présente le catalogue de Baziks : nombre d’artistes, de titres, les catégories, etc.

BY : Nous disposons de près de 200 titres écoutables et 4000 titres en digitalisation. En tant que toute première application de Streaming dédiée aux musiques congolaises, nous proposons bien naturellement des morceaux hip-hop/RnB, la Rumba, le Ndombolo, le Gospel, l’Afro Pop qui regroupe des morceaux aux sonorités plutôt afro beat ou afro house, etc. Les grands classiques de la rumba congolaise ont aussi une place. Dans nos choix, nous misons sur le meilleur de la scène musicale congolaise, par ce que c’est cela que le public veut. D’ailleurs, nous avons eu la chance de distribuer en premier « Tokooos », le tout dernier Fally Ipupa. Ce qui nous a permis de faire un joli succès au passage.

LCK : Comment avez-vous financé le développement de la plate-forme ?

BY : C’est à travers plusieurs sources que j’ai pu financer le développement du projet, mais en puisant essentiellement dans des réserves d’argent personnel. Cela a eu un impact sur une certaine stabilité financière personnelle mais on a tenu bon jusque-là, vu que nous croyons en ce projet parce qu’il est porteur. Nous lancerons bientôt la première phase de notre campagne de recherche de financement pour optimiser la plate-forme avant de passer à la commercialisation de notre service de musique en ligne.

LCK : De quelle manière gérez-vous la question des droits d’auteur et des droits voisins ?

BY : Nous avons finalisé la configuration de la plate-forme de façon à ce que la diffusion des œuvres puisse se faire dans la légalité. C'est-à-dire avec le consentement des producteurs et une déclaration auprès de la société nationale des droits d’auteurs. À ce stade, nous ne générons aucun chiffre. Nous finalisons les discussions pour que la diffusion de chaque œuvre sur notre application puisse donner lieu à une rémunération des auteurs, artistes, producteurs, etc.

LCK : Quel est ou quel sera votre modèle économique ? Comment comptez-vous rentabiliser le site ?

BY : Baziks est une application qui permet aux fans des musiques congolaises d’expérimenter une nouvelle façon d’écouter de la musique, tout en donnant la possibilité à ceux qui font ces musiques, d’en créer d’autres pour continuer de nourrir les émotions des ses utilisateurs. Nous accompagnons aussi les entreprises pour leur permettre de profiter de la musique afin d’améliorer leur positionnement et la croissance de leur marché B2C, comme c’est le cas avec le concours musical Vodacom Best of The Best. Les solutions de monétisation que nous sommes en train d’intégrer sur le site sont multiples, mais nous allons, dans un premier temps, faire usage du mobile money avant de déployer les autres solutions de vente de musique. Bientôt les artistes et les ayants-droit pourront vivre de leurs œuvres.

LCK : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés ?

BY : réussir le lancement quant à notre capacité de changer les habitudes de consommation. Renforcer les catalogues de musique en négociant avec les producteurs et labels pour leur exploitation. Cette démarche comporte deux logiques : celle de couvrir une demande large en termes de gouts et préférences, tout en donnant des garantis minimums aux artistes et aux ayants-droit.

LCK : quels sont vos projets pour Baziks ?

BY : Nous sommes en phase d’amorçage, nous voulons avant tout construire et consolider un modèle local tout en faisant évoluer la plate-forme vers des fonctionnalités conviviales. Raison pour laquelle nous sommes concentrés sur la réussite de la commercialisation de notre service musical avant d’envisager un déploiement en dehors du pays. Mais pour que cette deuxième étape puisse aboutir, notre ancrage sur le marché national doit être fort. J’invite tous les amoureux des musiques congolaises à télécharger notre application en se rendant sur https://tinyurl.com/yb5j8squ ou en tapant directement Baziks sur Google Play. 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo 1-Baya Ciamala Photo 2- Une vue de la plateforme Baziks Photo 3-Le créateur de Baziks en pleine écoute Photo4 Idem

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